Stephen Parker, professeur d'allemand à l'université de Manchester, est formel : les poèmes 1813 et 1913
ont bien été couchés sur le papier par la plume de Bertolt Brecht.
Difficile d'y croire, pourtant, tant ces textes écrits par le dramaturge
alors âgé de 15 ans transpirent le patriotisme et la volonté d'une
victoire de l'Allemagne contre « un monde impitoyablement dressé face à nous ».
Statue de Brecht, à Berlin (ho visto nina volare) |
L'attribution des poèmes ne tombait pas sous le sens, au
regard de l'oeuvre de Brecht : farouchement antimilitariste, l'écrivain
et dramaturge avait publié ces deux textes empreints de patriotisme au
cours de son adolescence, alors que la Première Guerre mondiale
s'annonçait. C'est dans un journal publié par Brecht lui-même et ses
camarades, que les deux textes apparaissent, en 1913.
Le professeur Stephen Parker a fait le lien entre ses
textes et quelques lignes du journal intime de Brecht, au cours du mois
d'août 1913 : « Hier j'ai envoyé le poème « Il y a cent ans » que j'ai écrit dans la nuit. Après coup, j'ai remarqué que plusieurs éléments manquaient, et que le titre était faux. »
1913 est un texte patriote, plein de fougue guerrière : « Donne-nous,
Seigneur, dans les guerres et périls, de vrais Allemands, de fer et de
cuivre, comme ceux de la bataille, il y a un siècle. » Qui ne va pas sans son pendant épique, 1813, qui fait référence à la bataille de Leipzig, où Napoléon fut vaincu par l'armée germanique.
« Je ne veux pas du tout jeter des soupçons sur les
engagements antimilitaristes de Bertolt Brecht. Comme des millions
d'autres personnes à travers l'Europe, il a grandi dans une ambiance
patriotique. Cette théologie protestante et militariste était enseignée à
l'église, et Brecht était un fervent protestant. Je trouve son parcours
très intéressant », explique Stephen Parker. Les convictions antimilitaristes de Brecht se seraient fortifiées, évidemment, au moment de Weimar.
Les poèmes seront publiés dans la biographie de Brecht -
la première en langue anglaise - que publiera le mois prochain
Bloomsbury, signée par Stephen Parker.
(via The Guardian)
Écrit par Antoine Oury
[Photo : CC BY-SA 2.0 - source : www.actualitte.com]
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