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quarta-feira, 6 de novembro de 2024

George Orwell et les femmes invisibles

Les femmes chez George Orwell ? Des invisibles, aussi bien dans ses livres que dans sa vie. Deux écrivaines les sortent de l’ombre. Et éclairent aussi une certaine misogynie intégrée chez l’auteur de « 1984 ».

George Orwell à Londres, en 1945. VERNON RICHARDS/THE ORWELL ARCHIVE, UCL LIBRARY SERVICES, SPECIAL COLLECTIONS
 

Écrit par Amandine Schmitt

Soixante-quinze ans après la publication de « 1984 », le spectre de George Orwell plane toujours. Cet automne, plusieurs auteurs revisitent l’œuvre prophétique de l’écrivain britannique, mais aussi sa trajectoire, qui renferme encore quelques mystères. Dans « Julia », la romancière américaine Sandra Newman change la focale sur la machine Big Brother en passant par le prisme d’un personnage féminin du roman culte d’Orwell. L’Australienne Anna Funder, elle, s’intéresse à la méconnue Eileen O’Shaughnessy, première épouse d’Orwell à qui il doit probablement plus qu’on ne l’imagine. Et la tendance se confirme au rayon BD, où Xavier Coste prolonge son adaptation de « 1984 » (Sarbacane, 2022) avec « Journal de 1985 ». 

« Combler les blancs laissés par Orwell »

Aussi périlleux qu’il puisse paraître, « Julia », réécriture de « 1984 », s’avère un exercice réussi. En érigeant en héroïne celle qui se limitait à incarner l’intérêt amoureux du narrateur Winston Smith chez Orwell, Sandra Newman ne dénature ni le matériau de base ni sa portée, mais enrichit la dystopie originelle de nouvelles perspectives. Elle se fond avec aisance dans l’univers de son illustre prédécesseur si bien qu’on croirait ne jamais avoir quitté les télécrans, la novlangue et la Police de la Pensée (l’excellente traduction d’Hélène Cohen mêle les versions françaises d’Amélie Audiberti et de Josée Kamoun). Mécanicienne au ministère de la Vérité, membre des Jeunesses anti-sexe, Julia apparaît comme une citoyenne modèle. Mais cette jeune femme cynique et terre à terre cache une révolutionnaire, bien plus que Winston Smith dont les simagrées l’agacent. Elle n’a aucun problème à fréquenter les « prolétaires » et à vaquer au marché noir. Par ce simple changement de point de vue, Sandra Newman montre qu’un régime totalitaire coûte plus aux femmes : quid de la contraception ? Du contrôle des naissances ? Des relations entre membres féminines du Parti, qu’Orwell résumait au partage d’un dortoir ?

« Quand j’ai relu “1984” à la vingtaine, j’avais un vrai problème avec le traitement de Julia et je sais que c’est le cas de beaucoup de lectrices », retrace Sandra Newman. Cette critique, récurrente, est prise au sérieux par la Fondation Orwell. Présidée par le fils de l’auteur, l’organisation propose une réécriture à Sandra Newman, remarquée pour ses utopies féministes comme « The Men » (non traduit). « Mon agente m’a contactée à l’aube alors que j’étais encore au lit, raconte l’écrivaine. J’ai accepté immédiatement mais une fois plus réveillée, j’ai eu des doutes. Ils ont été dissipés quand j’ai relu “1984” pour la troisième fois de ma vie. J’ai tout de suite eu envie de réfléchir à ce que Julia pense et ressent. » L’écriture a suivi, Newman avouant « combler les blancs laissés par Orwell ». Par exemple : « Pourquoi Julia et Winston, qui ont des relations sexuelles pendant des semaines, ne s’inquiètent pas d’une grossesse ? J’ai résolu le problème en me disant que Julia ne confiait pas tout à son amant. » « Je découvre une femme pleine d’esprit, dont il est si peu question dans les biographies »

En 2017, quand l’écrivaine et ex-avocate Anna Funder, mère de trois enfants, croule sous la charge domestique, elle cherche du réconfort dans les écrits d’Orwell dont elle a toujours adoré l’« autodérision » et sa « vision au scalpel du pouvoir, la façon dont il opère et sur qui il s’exerce ». Puis elle engloutit six biographies de l’auteur. « Je n’étais toujours pas guérie », plaisante-t-elle auprès du « Nouvel Obs ». C’est alors qu’elle tombe sur six lettres « fantastiques » d’Eileen O’Shaughnessy, compagne pendant près de dix ans de celui qui est né Eric Blair. « Je découvre une femme pleine d’esprit, qui a étudié la littérature sous l’égide de Tolkien à Oxford et dont il est si peu question dans les biographies. Qui était-elle ? »

 Dans un éclairant livre hybride (à la fois biographie, autobiographie et fiction), Anna Funder lève donc le voile sur cette fascinante inconnue. Dans le cottage-épicerie décrépi des Orwell, Eileen s’occupait du ménage, du jardinage, des animaux et des clients. Le soir venu, cette lettrée révisait les pages de son tuberculeux de mari. Quand, en 1936, celui-ci part combattre les fascistes en Espagne, elle le suit. Son travail à la logistique et propagande du Poum (Parti ouvrier d’Unification marxiste) lui vaut d’être étroitement espionnée − mais à peine mentionnée dans « Hommage à la Catalogne », récit engagé de son époux. Elle serait aussi celle qui a suggéré la forme de la fable pour « la Ferme des animaux ». Quant à l’influence précise de son poème dystopique de jeunesse titré « Fin d’une époque, 1984 » et de ses fonctions au service de la Censure du ministère de l’Information britannique… 

Pendant la guerre d’Espagne vers le 13 mars 1937, Eric et Eileen Blair sur le front d’Aragon, Huesca. Eric Arthur Blair – connu sous le nom de George Orwell – est au centre de la photo, visiblement l’homme le plus grand du groupe, avec Eileen agenouillée à côté de lui. THE ORWELL ARCHIVE, UCL LIBRARY SERVICES, SPECIAL COLLECTIONS

« Enterrée par l’Histoire »

Anna Funder démontre habilement « comment une épouse se fait d’abord enterrer sous les corvées domestiques, puis par l’Histoire ». Parmi les techniques d’« omissions méthodiques », l’utilisation de la voix passive. « Les biographes écrivent : “le manuscrit a été dactylographié”. “Les visas pour quitter l’Espagne ont été obtenus”. “Le bébé a été récupéré”. Plutôt ça que d’admettre qu’Orwell ne s’est pas déplacé pour son fils adoptif », décrypte l’écrivaine. Plus largement, Funder réfléchit à l’apport immense et « non rémunéré, non remercié, invisibilisé » des femmes d’artiste. Fait révélateur : après la mort prématurée d’Eileen, George Orwell distribua les demandes en mariage, qui tenaient plus de l’offre d’emploi, « afin de recréer les conditions nécessaires à sa productivité », note Funder.

Écrivain des masses laborieuses, Orwell n’a pas su (voulu ?) voir que les femmes constituaient un peuple opprimé − quand bien même sa mère et sa tante militaient avec les suffragettes. « Il y gagnait, analyse Anna Funder. Il vivait dans un système où il bénéficiait du travail énorme et protéiforme de sa femme. Ce n’est pas possible de considérer l’autre comme un égal sous peine de se sentir coupable de l’exploiter. C’est là le cœur sombre du “doublepenser”, pour reprendre un terme orwellien, patriarcal. » Pour autant, il ne s’agit pas d’« effacer » Orwell, que Newman et Funder n’ont cessé d’admirer et dont elles reconnaissent l’importance fondamentale de son œuvre. Juste de rappeler à qui il doit (aussi) sa postérité.

« Julia », par Sandra Newman, traduit par Hélène Cohen, Robert Laffont, 416 p., 22,50 euros. « L’Invisible Madame Orwell », par Anna Funder, traduit par Carine Chichereau, Héloïse d’Ormesson, 496 p., 23 euros.

 

[Source : www.nouvelobs.com]

quinta-feira, 26 de setembro de 2024

Hipercapitalismo y Semiocapital

 

La formación de plataformas digitales ha puesto en marcha sujetos productivos que no existían antes de la década de 1980 

 

Interior del Centro Logístico de Amazon España en San Fernando de Henares (Madrid). 2013

Escrito por Franco 'Bifo' Berardi 

 

“Calibán: Me enseñaste el lenguaje y mi provecho
es que sé maldecir. La peste roja te lleve
por enseñarme tu lengua”

Shakespeare: La tempestad

 

Colonialismo histórico: extractivismo de los recursos físicos

La historia del colonialismo es una historia de depredación sistemática del territorio. El objeto de la colonización son los lugares físicos ricos en recursos que el Occidente colonialista necesitaba para su acumulación. El otro objeto de la colonización son las vidas de millones de hombres y mujeres explotados en condiciones de esclavitud en el territorio sometido al dominio colonial, o deportados al territorio de la potencia colonizadora.

No es posible describir la formación del sistema capitalista industrial en Europa sin tener en cuenta el hecho de que este proceso fue precedido y acompañado por la subyugación violenta de territorios no europeos y la explotación en condiciones de esclavitud de la mano de obra doblegada en los países colonizados o deportada a los países dominantes. El modo de producción capitalista nunca habría podido establecerse sin exterminio, deportación y esclavitud.

No habría habido desarrollo capitalista en la Inglaterra de la era industrial si la Compañía de las Indias Orientales no hubiera explotado los recursos y la mano de obra de los pueblos del continente indio y del sur de Asia, como relata William Dalrymple en The Anarchy, The relentless rise of the East India Company (2019).

No habría habido desarrollo industrial en Francia sin la explotación violenta del África Occidental y del Magreb, por no hablar de los demás territorios sometidos al colonialismo francés entre los siglos XIX y XX. No habría habido desarrollo industrial del capitalismo estadounidense sin el genocidio de los pueblos nativos y sin la explotación esclava de diez millones de africanos deportados entre los siglos XVII y XIX.

También Bélgica construyó su desarrollo sobre la colonización del territorio congoleño, acompañada de un genocidio de una brutalidad inimaginable. Martin Meredit escribe a este respecto:

“La fortuna de Leopoldo procedía del caucho en bruto. Con la invención de los neumáticos, para las bicicletas y luego para los automóviles, alrededor de 1890, la demanda de caucho creció enormemente. Utilizando un sistema de mano de obra esclava, las compañías que tenían concesiones y compartían sus beneficios con Leopoldo saquearon los bosques ecuatoriales del Congo de todo el caucho que pudieron encontrar, imponiendo cuotas de producción a los aldeanos y tomando rehenes cuando era necesario. Los que no cumplían sus cuotas eran azotados, encarcelados e incluso mutilados cortándoles las manos. Miles de personas murieron por resistirse al régimen del caucho de Leopoldo. Muchos más tuvieron que abandonar sus pueblos....” (Martin Meredit: The State of Africa, Simon & Schuster, 2005, p. 96).

Muchos autores contemporáneos insisten en esta prioridad lógica y cronológica del colonialismo sobre el capitalismo. 

“La era de las conquistas militares precedió en siglos a la aparición del capitalismo. Fueron precisamente estas conquistas y los sistemas imperiales que se derivaron de ellas los que promovieron el ascenso imparable del capitalismo” (Amitav Gosh: La maldición de la nuez moscada, p. 129).

Y según Cedric Robinson: “La relación entre el trabajo esclavo, la trata de esclavos y la formación de las primeras economías capitalistas es evidente” (Marxismo negro).

Pocos, sin embargo, han observado cómo las técnicas utilizadas por los países liberales para subyugar a los pueblos del Sur global son exactamente las mismas que las utilizadas por el nazismo de Hitler en las décadas de 1930 y 1940, con la única diferencia de que Hitler practicó las técnicas de exterminio contra la población europea, y contra los judíos que eran parte integrante de la población europea.

Uno de estos pocos es, sorprendentemente, Zbigniew Brzeziński quien, en un artículo de 2016 titulado Hacia un realineamiento global, tuvo la honestidad intelectual de escribir: “Las masacres periódicas han dado lugar en los últimos siglos a exterminios comparables a los de los nazis durante la Segunda Guerra Mundial”. El artículo de Brzezinski concluye con estas palabras: “Tan impresionante como la escala de estas atrocidades es la rapidez con la que Occidente se olvida de ellas”.

De hecho, la memoria histórica es muy selectiva cuando se trata de los crímenes de la civilización blanca. En particular, el recuerdo del exterminio de las poblaciones no europeas no recibe una atención especial y no forma parte de la memoria colectiva, mientras que a la Shoah se le dedica un culto obligatorio en todos los países occidentales.

La civilización blanca considera a Hitler como el Mal Absoluto, mientras que los británicos Warren Hastings y Cecil Rhodes, el alemán Lothar von Trotha, exterminador del pueblo herrero, o Leopoldo II de Bélgica son olvidados, cuando no perdonados por la memoria blanca. 

Como el general Rodolfo Graziani, torturador de Libia y Etiopía, que fue gravemente herido en un atentado en Addis Abeba, pero desgraciadamente salvó la vida, y que después de la guerra fue indultado por el gobierno italiano para que pudiera convertirse en presidente honorario del Movimiento Social Italiano, el partido de los asesinos que ahora gobierna de nuevo en Roma. 

Exterminaron a poblaciones enteras para imponer el dominio económico de Gran Bretaña, Bélgica, Alemania o Francia, por no hablar de Italia. Sin embargo, no se les recuerda, porque solo Hitler merece ser execrado para siempre, ya que sus víctimas no tenían la piel negra.

En cuanto a los exterminadores de los pueblos de las praderas norteamericanas, son incluso objeto de un culto heroico que Hollywood decide celebrar.

El principal legado del colonialismo es la pobreza endémica de zonas geográficas que han sido saqueadas y devastadas

La colonización ha actuado de forma irreversible no solo a nivel material, sino también social y psicológico. Sin embargo, el principal legado del colonialismo es la pobreza endémica de zonas geográficas que han sido saqueadas y devastadas hasta tal punto que son incapaces de salir de su condición de dependencia. La devastación ecológica de muchas zonas africanas o asiáticas empuja hoy a millones de personas a buscar refugio mediante la emigración, entonces se encuentran con la nueva cara del racismo blanco: el rechazo, o una nueva esclavitud, como ocurre en la producción agrícola o en el sector de la construcción y la logística en los países europeos.

Dado que el proceso de descolonización no consiguió transformar la soberanía política en autonomía económica, cultural y militar, el colonialismo se presenta en el nuevo siglo con nuevas técnicas y modalidades, esencialmente desterritorializadas, aunque las formas territoriales del colonialismo no quedan anuladas por la soberanía formal de la que gozan (por así decirlo) los países del Sur global. 

Con el término hipercolonialismo me refiero precisamente a estas nuevas técnicas, que no suprimen las viejas basadas en el extractivismo y el robo (de petróleo o de materiales indispensables para la industria electrónica, como el coltán), sino que dan lugar a una nueva forma de extractivismo que tiene como medio la red digital y como objeto tanto los recursos laborales físicos de la mano de obra captada digitalmente como los recursos mentales de los trabajadores que permanecen en el Sur global pero producen valor de forma desterritorializada, fragmentada y técnicamente coordinada.

Hipercolonialismo: extractivismo de los recursos mentales

Desde que el capitalismo global se ha desterritorializado a través de las redes digitales y la financiarización, la relación entre el Norte y el Sur globales ha entrado en una fase de hipercolonización.

La extracción de valor del Sur global tiene lugar en parte en la esfera semiótica: captura digital de mano de obra muy barata, esclavitud digital y creación de un circuito de mano de obra esclava en sectores como la logística y la agricultura. Estos son algunos de los modos de explotación hipercolonial integrados en el circuito del Semiocapital.

La esclavitud reaparece hoy de forma extendida y omnipresente gracias a la penetración del mando digital y a la coordinación desterritorializada.

La esclavitud –que durante mucho tiempo hemos considerado un fenómeno precapitalista, y que era una función indispensable de la acumulación originaria de capital– reaparece hoy de forma extendida y omnipresente gracias a la penetración del mando digital y a la coordinación desterritorializada. La cadena de montaje del trabajo se ha reestructurado en una forma geográficamente deslocalizada: los trabajadores que dirigen la red mundial viven en lugares situados a miles de kilómetros de distancia, por lo que son incapaces de poner en marcha un proceso de organización y autonomía. 

La formación de plataformas digitales ha puesto en marcha sujetos productivos que no existían antes de la década de 1980: una mano de obra digital que no puede reconocerse a sí misma como sujeto social debido a su composición interna. 

Este capitalismo de plataforma funciona a dos niveles: una minoría de la mano de obra se dedica al diseño y comercialización de productos inmateriales. Cobran salarios elevados y se identifican con la empresa y los valores liberales. Por otro lado, un gran número de trabajadores dispersos geográficamente se dedican a tareas de mantenimiento, control, etiquetado, limpieza, etcétera. Trabajan en línea por salarios muy bajos y no tienen ningún tipo de representación sindical o política. Como mínimo, ni siquiera pueden considerarse trabajadores, porque esas modalidades de explotación no están reconocidas de ninguna manera y sus escasos salarios se pagan de forma invisible, a través de la red celular. Sin embargo, las condiciones de trabajo son, por lo general, brutales, sin horarios ni derechos de ningún tipo. 

La película The Cleaners (2018), de Hans Block y Moritz Riesewick, relata las condiciones de explotación y desgaste físico y psicológico a las que se somete a esta masa de semitrabajadores precarios, reclutados en línea según el principio de Mechanical Turk, creado y gestionado por Amazon.

Entre los años noventa y la primera década del nuevo siglo se formó esta nueva mano de obra digital, que opera en condiciones que hacen casi imposible la autonomía y la solidaridad. 

Ha habido intentos aislados de trabajadores digitales de organizarse en sindicatos o de desafiar las decisiones de sus empresas: pienso, por ejemplo, en la revuelta de ocho mil trabajadores de Google contra la subordinación al sistema militar.

Estas primeras manifestaciones de solidaridad se produjeron, sin embargo, allí donde la mano de obra digital está unida en gran número y percibe salarios elevados. Pero, en general, el trabajo en red se antoja irregulable, por ser precario, descentralizado y porque, en gran medida, se desarrolla en condiciones de esclavitud.

En el libro Los ahogados y los salvados, Primo Levi escribe que cuando estuvo internado en el campo de exterminio “había esperado al menos la solidaridad entre compañeros de infortunio”, pero luego tuvo que reconocer que los internados eran “mil mónadas selladas, entre las que hay una lucha desesperada, oculta y continua”. Esta es la “zona gris” donde la red de relaciones humanas no se reduce a víctimas y perseguidores, porque el enemigo estaba alrededor, pero también dentro.

En condiciones de extrema violencia y terror permanente, cada individuo se ve obligado a pensar constantemente en su propia supervivencia, y es incapaz de crear lazos de solidaridad con otros explotados. Como en los campos de exterminio, como en las plantaciones de algodón de los estados esclavistas del País de la Libertad, también en el circuito esclavista inmaterial y material que la globalización digital ha contribuido a crear, las condiciones para la solidaridad parecen estar vedadas.

Es lo que yo llamaría Hipercolonialismo, una función dependiente del Semiocapitalismo: extracción violenta de recursos mentales y tiempo de atención en condiciones de desterritorialización.

Hipercolonialismo y migración. El genocidio que viene

Pero el Hipercolonialismo no es solo extracción de tiempo mental, sino también control violento de los flujos migratorios resultantes de la circulación ilimitada de los flujos de información. 

Puesto que el Semiocapitalismo ha creado las condiciones para la circulación mundial de la información, en territorios alejados de las metrópolis se puede recibir toda la información necesaria para sentirse parte del ciclo de consumo y del propio ciclo de producción. 

Primero se recibe la publicidad, luego un cúmulo ingente de imágenes y palabras que pretenden convencer a todo ser humano de la superioridad de la civilización blanca, de la extraordinaria experiencia que representa la libertad de consumo y de la facilidad con que todo ser humano puede acceder al universo de bienes y oportunidades.

Por supuesto, todo esto es falso, pero miles de millones de jóvenes que no tienen acceso al paraíso publicitario aspiran a alcanzar sus frutos. Al mismo tiempo, las condiciones de vida en los territorios del Sur global se han vuelto cada vez más intolerables, porque efectivamente empeoran con el cambio climático, pero también porque se enfrentan inevitablemente a las oportunidades ilusorias que el ciclo imaginario proyecta en la mente colectiva.

De ahí que, por necesidad y por deseo, una masa creciente de personas, sobre todo jóvenes, se desplace físicamente hacia Occidente, que reacciona a este asedio con miedo, agresiones y racismo. Por un lado, la infomáquina envía mensajes seductores, y llama hacia el centro, del que emanan flujos de atracción. Por otro lado, sin embargo, quienes creen en ella y se acercan a la fuente de la ilusión acaban en un proceso masacrante.

La población del Norte global, cada vez más vieja, poco prolífica, económicamente en declive y culturalmente deprimida, ve en las masas migrantes un peligro. Temen que los pobres de la tierra lleven su miseria a las metrópolis ricas. Se les presenta como la causa de las desgracias que sufre la minoría privilegiada: una clase de políticos especializados en sembrar el odio racial ilusiona a los viejos blancos haciéndoles creer que si alguien pudiera acabar con esa inquietante masa de jóvenes que presiona a las puertas de la fortaleza, si alguien pudiera eliminarlos, destruirlos, aniquilarlos, entonces volverían los buenos tiempos, Estados Unidos volvería a ser grande y la moribunda patria blanca recuperaría su juventud. 

En la última década, la línea que divide el Norte del Sur se ha convertido en una zona donde se libra una guerra infame: el corazón negro de la guerra civil mundial

En la última década, la línea que divide el Norte del Sur, la línea que va desde la frontera entre México y Texas hasta el mar Mediterráneo y los bosques de Europa central y oriental, se ha convertido en una zona donde se libra una guerra infame: el corazón negro de la guerra civil mundial. Una guerra contra personas desarmadas, agotadas por el hambre y la fatiga, atacadas por policías armados, perros rastreadores, fascistas sádicos y, sobre todo, por las fuerzas de la naturaleza.

A pesar de los brillantes anuncios de mercancías que animan a los idiotas consumistas, y a pesar de la propaganda de los cerdos neoliberales, la lógica del Semiocapital funciona de una única manera: el Norte global se infiltra en el Sur a través de los innumerables tentáculos de la red: una herramienta para captar fragmentos del trabajo desterritorializado

Pero la penetración física del Sur, que presiona para acceder a territorios donde el clima aún es tolerable, donde hay agua, donde la guerra aún no ha llegado con toda su fuerza destructiva, es repelida por la fuerza y el genocidio. Una parte significativa, si no mayoritaria, de la población blanca ha decidido atrincherarse en la fortaleza y utilizar cualquier medio para repeler la oleada migratoria. Los colonialistas de ayer –los que en siglos pasados llegaron a través de los mares para invadir los territorios-presa– claman ahora por la invasión porque millones de personas están presionando las fronteras de la fortaleza.

Este es el principal frente de guerra que se desarrolla desde principios de siglo, y que se amplía, adoptando por doquier los contornos del exterminio. No es el único frente de guerra: otro frente de la caótica guerra mundial es el interblanco que enfrenta a la democracia liberal imperialista con el soberanismo autoritario fascista. 

La desintegración de Occidente, y en particular de la Unión Europea, como resultado de la guerra interblanca, corre paralela a la guerra genocida en la frontera: dos procesos distintos entrelazados en la escena de los años veinte.

¿Cómo salir vivo? Esta es la pregunta que se hacen todos los desertores.

Hay que organizarse para desertar juntos.

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Traducción de Ángela Molina Climent

 

 

[Foto: Álvaro Ibáñez - fuente: www.ctxt.es]

sexta-feira, 28 de junho de 2024

Les bruixes de la nit

Prou desconegudes, foren les úniques aviadores de combat durant la Segona Guerra Mundial. Hitler les odià tant que ordenà imposar la Creu de Ferro a cada soldat que en matés una.

Escrit per Miquel Payeras

Per fer front a la invasió nazi, el 1941, la Unió de Repúbliques Socialistes Soviètiques (URSS) mobilitzà tots els homes en edat de poder emprar una arma. I, a més, aproximadament un milió de dones. Al contrari del que passà a altres països combatents, les dones de l’URSS no serviren només com a personal auxiliar, de rereguarda o d’infermeria, sinó que foren franctiradores, conductores de camions, de tancs i, també, aviadores de combat.

A partir de juny de 1942, molts campaments alemanys situats en tot el front oriental començaren a rebre atacs aeris nocturns que tenien per objectiu evitar que els soldats poguessin descansar. Cada nit passava dos quarts del mateix: poc després d’anar-se’n a dormir començaven a sentir un estrany soroll que provenia d’avions amb el motor aturat —i que el provocaven les ales en tallar l’aire— i, tot seguit, s’iniciava el bombardeig. Una onada rere l’altra durant hores i hores, algunes vegades durant tota la nit.

Les tropes nazis al principi no s’ho acabaven de creure, però ben aviat no tingueren altre remei que acceptar la realitat. Qui els bombardejava cada nit no eren pilots, sinó aviadores de combat soviètiques. Aquelles incursions nocturnes eren tan arriscades i valentes com efectives: impedien que les tropes alemanyes dormissin. Així una nit i una altra i una altra... L’Estat Major nazi s’ho va prendre tan seriosament fins al punt que creà un regiment de combat nocturn especialitzat per fer front a aquelles dones. El soroll que feien les ales dels avions que els atacaven —amb el motor aturat— en tallar l’aire semblava com el d’una granera fent net; per això els soldats alemanys començaren a referir-se amb ràbia a aquelles dones amb granera que volaven en l’obscuritat com a Nachthexen, ‘les bruixes de la nit’.

Bruixes de la nit. Eren molt joves, de 17 a 23 anys. Totes voluntàries i bona part d’elles universitàries que havien accedit als estudis superiors gràcies al fet que les autoritats comunistes, amb reticències masclistes, havien imposat la igualtat entre sexes en l’accés a l’educació.

Durant els anys trenta, en algunes de les escoles soviètiques s’imposaren activitats extraescolars que ajudaven a la formació. Entre altres disciplines, hi havia la de futurs pilots. Un bon grapat de jovenetes s’hi apuntaren amb la idea de posar-se algun dia als comandaments d’un avió.

Quan el 1941 l’Alemanya nazi envaí l’URSS, ja hi havia prou dotzenes de joves dones que tenien el títol de pilot. La més famosa i veterana era Marina Raskova, la primera a haver obtingut el diploma de pilot. Quan les autoritats decretaren la mobilització general per fer front a les tropes nazis que envaïen el país, limitaren l’aportació de les dones a feines auxiliars, de logística i infermeria. Tanmateix, més d’un centenar d’aquelles joves amb el títol per volar van escriure cartes a Raskova demanant-li que intercedís davant del dictador, Ióssif Stalin, perquè les acceptés com a pilots de combat. L’aviadora era una Heroïna de l’URSS —un títol oficial que atorgava una situació de privilegi— i Stalin la idolatrava. Quan li va plantejar la idea, l’acceptà tot d’una i li encarregà la formació d’un grup femení d’aviadores.

Raskova contestà les cartes de les joves pilots i ràpidament tingué suficients voluntàries per formar tres unitats de combat: el 586è Regiment de Combat Aeri, el 587è Regiment Aeri de Bombardejos i el més famós, el 588è Regiment de Bombardeig Nocturn, que convertiria en honor l’insult nazi que les titllava de bruixes de la nit.

D’aquesta manera, l’URSS es convertí en el primer país a autoritzar que les dones fossin aviadores de combat. El 588è llançà més de 23.000 tones de bombes sobre posicions enemigues. Segons els historiadors militars russos, la seva intervenció bèl·lica tingué destacada rellevància en l’estratègia general de la contraofensiva de l’URSS contra els nazis.

«Al principi els homes se’n reien de nosaltres», recordava la matemàtica i física Irina Rakobólskaia, que fou una de les comandants del regiment de vol nocturn. «Però, a poc a poc, així com volàvem, ens anaren dient “germanes” i alguns dels soldats d’infanteria ens deien “les criatures celestials”, mentre que els alemanys ens titllaven de “bruixes de la nit”», publicava la BBC el 6 d’abril passat.

El mèrit bèl·lic de les dones aviadores soviètiques és encara més rellevant si es té en compte que les autoritats les posaren a volar en uns aparells antiquats i que no havien estat dissenyats per al combat. De fet, funcionaven des de feia prop d’una vintena d’anys com a avions d’entrenament per a nous pilots i per fumigar camps agrícoles. Es tractava del Polikàrpov Po-2, dissenyat de forma molt senzilla: estava fet de fusta contraxapada i lona, sense cap tipus de blindatge ni protecció especial, la cabina era oberta —la qual suposava haver de volar amb temperatures nocturnes gèlides—, no portava cap metralladora ni tenia ràdio, i si bé era prou maniobrable, en realitat no tenia cap oportunitat si es topava amb un caça nazi.

El grup femení de combat nocturn va ser format per 115 dones i feu la seva primera missió el 12 de juny de 1942. La tàctica que usava era tan simple com l’avió. Se’ls equipava amb dues bombes, al límit del pes que podien portar. Atacaven en grups de tres. Quan l’aviadora de la nau de referència s’acostava a l’objectiu —volaven a uns 3.000 metres i a 120 km/h— apagava el motor i començava a planejar, perdent elevació a poc a poc, encenia una balisa per guiar les altres navegadores i un avió rere l’altre descarregava les bombes quan arribaven a la vertical de l’objectiu. A vegades una nau anava desarmada i només servia per fer de guia a les que bombardejaven. 

Era una tàctica simple, però gens fàcil de portar a la pràctica, perquè la pilot havia de mantenir l’avió en línia recta cap a l’objectiu mentre rebia dels alemanys des de terra tant els canons de llum —potentíssims focus que enlluernaven les aviadores— com el foc de les metralladores i canons antiaeris nazis

No pocs dels Polikàrpov mai tornaren a la seva base: 32 de les 115 pilots moriren en acció. Però, a pesar de les baixes, dels menyspreus de molts dels seus companys —inclòs l’assetjament sexual, segons testimonis directes de les pilots que recollí el 2016 la investigadora, especialitzada en història contemporània russa, Lyuba Vinogradova— i d’una indissimulada actitud de les autoritats de no reconèixer els seus mèrits bèl·lics, cada nit un destacament de les bruixes volava contra l’enemic. La seva missió no era destruir objectius militars amb les bombes, sinó «pertorbar els alemanys, no deixar-los dormir i que l’endemà, esgotats, s’haguessin d’enfrontar a les forces de terra», recordava la ràdio i televisió britànica. 

Ben aviat, aquestes dones pilot destacaren per una tàctica innovadora que els permeté portar a terme més missions en menys poc temps que qualsevol altre grup de combat aeri. Organitzaren un circuit sense aturall: enlairament, bombardeig, retorn, rearmament, proveïment de combustible i tornar a sortir. I així fins a 15 vegades en una nit. Uns registres increïbles que les aviadores i les altres dones de suport de terra convertiren en possibles gràcies a una innovadora organització que ideà una de les comandants del regiment, Ievdokia Berxànskaia. En la tradició de les altres unitats aèries cada nau tenia un grup de suport de terra que s’encarregava de proveir-la de tot el necessari. Però ella creà grups especialitzats en cada acció —rearmament, combustible...—, que s’ocupaven de totes les naus i que se servien de tot el material necessari a través de cintes transportadores que no s’aturaven en tota la nit. Cada avió estava llest per tornar a volar uns 10 minuts després d’haver aterrat.

Vint-i-tres de les pilots reberen la màxima condecoració del país, la d’Heroïna de l’URSS, però en acabar la guerra aquella unitat de combat aeri format exclusivament per dones no va tenir els homenatges que varen merèixer altres unitats d’homes. Durant dècades, el record de les bruixes de la nit s’anà diluint. En els últims vint anys, s’ha recuperat la seva memòria a partir de llibres —sobretot d’historiadores i investigadores del paper femení durant la guerra— que han posat en relleu l’aportació d’aquelles aviadores a les quals Adolf Hitler odià tan intensament fins al punt que ordenà que es condecoràs amb la Creu de Ferro —el més alt honor per a un militar alemany— qualsevol soldat que matàs una bruixa de la nit.

 

[Font: www.eltemps.cat]