La manifestation Paris en toutes lettres n'avait été que
suspendue et non pas "supprimée" nous précise-t-on. Une nouvelle édition
va donc voir le jour, après l'interruption de 2012, et c'est à Olivier
Chaudenson, nommé récemment à la direction de la Maison de la poésie
qu'elle a été confiée. L'établissement sera d'ailleurs le centre
névralgique de cette manifestation, avec des ramifications dans les
environs - jusqu'au Point éphémère, dans le Xe arrondissement.
Olivier Chaudenson |
« Au terme de la troisième édition de Paris en toutes lettres, la
mairie a eu un moment d'hésitation. Des problèmes de budget menaçaient
d'amputer la manifestation, et finalement, c'est la rigueur budgétaire
qui l'a emporté. Le paradoxe positif, c'est que suite à la nomination à
la Maison de la poésie, Bertrand Delanoë a décidé de relancer la
manifestation dès cette année. Nous redémarrons donc sur une
nouvelle configuration : Paris en toutes lettres devient le festival de
la Maison de la poésie et de son quartier, avec différentes
programmations hors les murs à proximité. »
Ainsi, la Gaîté lyrique, la galerie Agnès b., le Centre
Wallonie-Bruxelles, le Musée de la Chasse et d'autres accueilleront des
programmations entre le 9 et le 17 novembre. « C'est un changement
d'échelle (le budget est moindre qu'auparavant) et un repositionnement
géographique : le quartier de la Maison de la poésie (avec, en
perspective, des liens à développer avec Les Halles dont le chantier
s'achèvera en 2014). »
Mais l'état d'esprit du festival reste le même : « Nous gardons l'envie de faire découvrir une littérature vivante, en privilégiant les croisements et les hybridations. » C'est ce qui sera de nouveau exprimé dans cette édition avec une liberté totale de programmation : «
Ici, la Maison a pour coeur la poésie, même si j'ouvre notre registre
et l'assume pleinement ; pour Paris en toutes lettres, ce sont vraiment
toutes les littératures qui sont conviées. »
Circonstances éditoriales obligent, la programmation profitera des
auteurs de la rentrée littéraire de septembre (Jean-Philippe Toussaint,
Chantal Thomas, Philippe Djian, Céline Minard, Marie Darrieussecq,
Emmanuelle Pagano…), mais portera également l'accent sur la musique. « Je
crois beaucoup à cette idée de "concerts littéraires", pour créer des
objets artistiques inédits. Et attirer aussi un public qui pourrait se
sentir intimidé ou insuffisamment légitime pour assister à une
proposition uniquement littéraire. Lorsqu'un musicien dialogue avec un
auteur ou explore un champ littéraire, un autre public peut-être touché. »
"Les
croisements musique et littérature constituent un élément fort de Paris
en toutes lettres avec cette année des créations de Bertrand Belin,
Tété, Jeanne Cherhal, Camélia Jordana, Jacques Higelin…"
Paris en toutes lettres a toujours mis en avant ce désir d'ouverture
(certains se souviennent peut-être du mémorable concert littéraire de
Stromae en 2011). Cette année nous ferons une place au rap, avec
notamment la présence de Kacem Wapalek ou celle de Veence Hanao, rappeur
et poète belge.
Pour la soirée d'ouverture, la Gaîté Lyrique accueillera d'ailleurs un bal littéraire :
Cinq auteurs se réunissent à l'aube autour d'un litre de café et d'un stock de leurs tubes préférés pour constituer une playlist de chansons (très connues). Ils élaborent ensuite une fable commune et se répartissent les épisodes, textes courts dont chaque fin doit énoncer le titre de l'un des morceaux choisis. Le soir les spectateurs sont en piste et les auteurs livrent à plusieurs voix cette histoire unique, écrite à dix mains dans un temps record pour ce Bal Littéraire, qui dure environ une heure trente. Les spectateurs-danseurs sont invités à écouter sagement chaque texte et à danser follement sur chaque morceau – et pas le contraire !
« Les croisements musique et littérature constituent donc un
élément fort de Paris en toutes lettres, avec également cette année des
créations de Bertrand Belin, Tété, Jeanne Cherhal, Camélia Jordana,
Jacques Higelin… Mais il y aussi d'autres formes de croisements, parfois
insolites. Le Musée de la chasse accueillera une lecture intégrale d'un
texte d'Olivia Rosenthal avec trois comédiennes et un taxidermiste qui
naturalisera un lapin blanc. « Nous proposerons aussi quelques approches
thématiques, par exemple au Point éphémère, autour du sport et de la
littérature. »
L'identité de Paris en toutes lettres demeure donc conforme à celle
des éditions précédentes, reconnaît Olivier Chaudenson : montrer que la
littérature est un art vivant et peut s'adresser à un public large et
divers.
Pour l'instant, le positionnement de Paris en toutes lettres en novembre n'est pas forcément définitif. « J'attends
de passer cette édition pour voir quel est le meilleur choix : soit
maintenir l'événement à l'automne comme cette année, soit reprendre une
date au printemps, comme à l'origine. » Il faudra également savoir quel budget la Ville va consacrer à la manifestation pour l'année prochaine.
Le nouveau projet de la Maison de la poésie - qui se définit comme
une "scène littéraire" - est encore en phase de lancement et de
consolidation. En prenant sous son aile le festival Paris en toutes
lettres, elle bénéficie ainsi d'un temps fort qui complète et éclaire
une nouvelle programmation centrée sur les auteurs et la lecture sous
toutes ses formes.
« Nous aurons besoin de partenaires pour nous accompagner tout au
long de l'année. Nous sommes le seul lieu public permanent dédié aux
écrivains, à leurs projets et à la transmission de la littérature. Que
ce soit en termes de diversité des formes (toutes les façons de donner
la parole aux auteurs), d'intensité de programmation (près de 200
événements pas an) ou de présence continue d'un public que l'on souhaite
le plus divers possible. »
Le programme complet de Paris en toutes lettres est à retrouver ci-dessous.
Écrit par Nicolas Gary
[Source : www.actualitte.com]
Écrit par Nicolas Gary
[Source : www.actualitte.com]
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