terça-feira, 13 de maio de 2025

Ce qu’un « sommet pour la paix » nous révèle sur l’état de la gauche israélienne

Des ateliers de dialogue bien intentionnés, des tables rondes sur des solutions politiques lointaines, mais aucune mention du génocide : ce sont là des distractions de privilégiés, que nous ne pouvons plus nous permettre.

Une conférence pour la paix à la Yad Eliyahu Arena de Tel Aviv, le 1er juillet 2024.

Écrit par Orly Noy

Ce week-end, une coalition de 50 organisations israéliennes pour la paix et le vivre ensemble se réunira à Jérusalem pour le « Sommet populaire pour la paix », un rassemblement de deux jours qui, selon son site web, vise à « [travailler] ensemble avec détermination et courage pour mettre fin au conflit israélo-palestinien par un accord politique qui garantira le droit à l’autodétermination et à une vie sûre pour les deux peuples ».

Ici, en Israël-Palestine, nous vivons une période sombre et amère, comme nous n’en avons jamais connue auparavant. Dans ces circonstances, une telle démonstration de force de la part d’une gauche réveillée est sans aucun doute importante et significative, et je tire mon chapeau à tous ceux qui œuvrent pour un changement vers un avenir meilleur.

Il faut toutefois reconnaître que la conférence se tiendra dans un contexte de génocide qui a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de Palestiniens à Gaza et qui risque de s’intensifier encore davantage dans un avenir proche. Après avoir examiné attentivement le programme très chargé de la conférence, le mot « Gaza » n’apparaît qu’une seule fois, dans le titre d’un événement intitulé « La paix après le 7 octobre – Voix de la zone tampon de Gaza et de Gaza », qui mettra en vedette « des habitants [israéliens] de la zone frontalière de Gaza et des survivants du massacre, ainsi que des messages vidéo de militants pour la paix à Gaza ».

Plus d’un an et demi après le début de l’anéantissement systématique de la bande de Gaza par Israël, les seules victimes que les organisateurs de l’événement semblent prêts à reconnaître pleinement sont les victimes israéliennes du massacre du 7 octobre. Les Gazaouis, qui sont confrontés à un génocide, doivent être qualifiés de « militants pour la paix » afin d’être légitimés à exprimer leur point de vue devant les participants.

Cela soulève des questions troublantes : comment le « camp de la paix » conçoit-il son rôle en cette période sans précédent ? Et plus fondamentalement encore, comprend-il seulement l’ampleur du génocide auquel nous assistons actuellement ?

Face à une nouvelle réalité

C’est peut-être la tendance à se vouloir « proche du peuple » qui a conduit les organisateurs à choisir des titres aussi stériles et rassurants pour tant d’événements de la conférence : « Woodstock pour la paix », avec « une journée entière consacrée à la connexion avec la terre, la nature, la paix et l’espoir » ; « Les jeunes Israéliens et Palestiniens présentent leur point de vue sur le mot « paix » » ; « Il y a un chemin » ; « L’espoir vient de Jérusalem » ; etc.

Le désir d’offrir de l’espoir, à un moment où il fait cruellement défaut, est compréhensible. Mais lorsque pas un seul événement du programme de la conférence n’est consacré au génocide en cours à Gaza, cet espoir devient, au mieux, détaché de la réalité et, au pire, un échappatoire dépolitisé visant à endormir et à anesthésier les consciences.

Parallèlement, la conférence comprend plusieurs tables rondes traitant des solutions politiques et des cadres potentiels pour « mettre fin au conflit ». Cela suggère que, malgré ce qui se déroule sous nos yeux, les organisateurs estiment que le rôle principal de la gauche israélienne reste inchangé : insister sur le fait que le conflit israélo-palestinien n’est pas inévitable et qu’il existe des solutions qui profitent à tous ceux qui vivent entre le fleuve et la mer. À mon avis, nous avons aujourd’hui le devoir de réexaminer non seulement la réalité, mais aussi notre rôle dans celle-ci.

Cette forte insistance sur les « solutions politiques » implique que ce qui nous manque le plus actuellement, c’est « l’imagination politique », un concept fréquemment invoqué lors de la conférence. Cette hypothèse mérite d’être remise en question. Ce qui se passe à Gaza n’est pas le résultat d’un manque d’imagination de la part des Israéliens et des Palestiniens, ni du fait qu’aucun plan de paix suffisamment clair ne leur ait été présenté au cours des dernières décennies. Le fascisme meurtrier n’a pas pris le contrôle du gouvernement israélien parce que le public n’a pas eu suffisamment d’alternatives.

En effet, nous ne pouvons pas tenir pour acquis que la rupture profonde et sanglante que nous vivons conduira naturellement le public israélien à prendre conscience qu’une autre voie doit être trouvée. Si une certaine partie des Israéliens a peut-être tiré cette leçon depuis le 7 octobre, l’idée la plus répandue est qu’Israël peut et doit « mettre fin à la question palestinienne » par la force, et si nécessaire, par l’anéantissement, le nettoyage ethnique et l’expulsion. Le fait que les sondages ne montrent pas de hausse spectaculaire de la popularité des partis de gauche n’est pas dû à une méconnaissance de leurs programmes politiques, mais au fait que la population n’en veut pas. C’est la réalité à laquelle la gauche doit faire face.

En ce sens, la conférence de paix se replie dans la zone de confort de la gauche israélienne, évitant les questions existentielles auxquelles ce moment historique nous oblige à faire face. Et cela avant même d’envisager les obstacles pratiques aux solutions proposées, comme le démantèlement délibéré par Israël du leadership palestinien et le dépouillement de l’Autorité palestinienne.

Des vérités douloureuses

Je pense que cette conférence est une réponse au sentiment profond et accablant d’impuissance que nous ressentons tous alors que des fleuves de sang continuent de couler sous nos yeux. Il est certes tentant d’offrir de l’optimisme, de la paix et des solutions – après tout, ce sont des choses dont nous avons tous désespérément besoin – l’espoir n’est jamais un luxe ; c’est un moteur indispensable au changement.

Mais pour que l’espoir passe d’un vœu pieux à un plan d’action, il doit être ancré dans la réalité, et non détaché de celle-ci. Je suggère à la gauche de s’attarder un instant dans cette situation de rupture totale et d’impuissance, de reconnaître nos limites dans cette réalité génocidaire et, à partir de là, de réexaminer notre rôle.

La répression institutionnalisée qui vise désormais ouvertement toutes les organisations de gauche en Israël fait également partie de la réalité à laquelle nous devons faire face, et elle exige des choix tactiques et stratégiques radicalement différents de ceux sur lesquels nous nous sommes appuyés jusqu’à présent. Nous devons affronter la dure réalité : aucune des solutions politiques actuellement proposées n’est viable sous ce régime d’apartheid. Le temps des illusions est révolu.

Notre tâche consiste désormais à repenser notre organisation en tant que camp d’opposition dédié au démantèlement de ce système. Cela exigera une bonne dose d’humilité et la reconnaissance lucide qu’avant que des solutions puissent émerger, nous devons d’abord endurer une période douloureuse de lutte prolongée. C’est là que nous devons concentrer notre énergie.

Que les choses soient claires, ces mots ne sont pas écrits par cynisme ; j’ai une profonde admiration pour les organisateurs de la conférence et ses nombreux participants. Je ne doute pas de leurs bonnes intentions et de leur engagement sincère à changer notre horrible réalité. Mais alors qu’Israël affame systématiquement la population dans le camp d’extermination de Gaza, la gauche israélienne ne peut plus rester dans sa zone de confort.

À quoi servent les ateliers de dialogue, les discussions sur le caractère sacré de Jérusalem, les prières interconfessionnelles ou les tables rondes sur les solutions politiques alors qu’un génocide fait rage ? Ce sont des distractions de privilégiés que nous ne pouvons plus nous permettre. Pour transformer la réalité, nous devons d’abord regarder ses horreurs en face et les nommer sans fléchir. Si cette conférence ne peut même pas réunir une seule table ronde sur le génocide à Gaza, et encore moins exiger la fin de la complicité dans ce génocide, comment peut-elle espérer susciter le changement qu’elle prétend poursuivre ?

Une version de cet article a été publiée pour la première fois en hébreu sur Local Call. Vous pouvez le lire ici.

Orly Noy est rédactrice chez Local Call, militante politique et traductrice de poésie et de prose persane. Elle est présidente du conseil d’administration de B’Tselem et militante du parti politique Balad. Ses écrits traitent des lignes qui se croisent et définissent son identité en tant que Mizrahi, femme de gauche, femme, migrante temporaire vivant au sein d’une communauté d’immigrants permanents, et du dialogue constant entre ces différentes identités.


Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : +972 Magazine

[Photo : Tomer Neuberg/Flash90) - reproduit sur www.agencemediapalestine.fr]

La ultraderecha europea y el pasado sin sosiego

En Alemania, bajo el disfraz del rechazo a otras minorías, sigue latente el odio antisemita de algunos grupos

Entrada al campo de exterminio en Auschwitz

Escrito por Sergio Ramírez

“Desde el fondo del abismo de la historia alemana y bajo el peso de millones de muertos, hice lo que los seres humanos hacen cuando las palabras fallan”, escribió Willy Brandt para explicar su gesto de arrodillarse frente al monumento a las víctimas del nazismo en el gueto judío de Varsovia en 1970, siendo entonces canciller federal.

Lo que había hecho Brandt era descubrir un sentimiento de culpa soterrado que agobiaba no sólo a la nación alemana, sino también a aquellos países de Europa donde la represión antisemita había encontrado cómplices y colaboradores para que millones de seres humanos fueran a dar a los campos de concentración, y muchos se cubrían aún con el velo de “yo no sabía lo que estaba pasando”.

En Berlín yo era asiduo del cine Arsenal, adonde iba religiosamente cada noche, aun bajo la lluvia helada y las tormentas de nieve, a ver las películas clásicas que presentaban por ciclos, del cine expresionista alemán de entreguerras al neorrealismo italiano, al cine francés de posguerra, al cine japonés. En una de esas sesiones, en 1974, pasaron Noche y niebla de Alain Resnais, un documental de 1956 armado en base a diversos archivos que muestra el horror del genocidio en los campos de concentración, titulado así en alusión a un decreto nazi de 1941 que ordenaba el exterminio.

En la oscuridad de la sala, a medida que la proyección avanzaba, veía siluetas de espectadores que se levantaban y buscaban silenciosamente la salida, y cuando las escenas mostraron a aquellos prisioneros de cabezas rapadas y uniformes a rayas hacinados en los camastros, como espectros, las vistas de las cámaras de gas disfrazadas como baños, y las excavadoras empujando con sus palas frontales los haces de cadáveres hacia las fosas comunes, estallaron aquí y allá en la sala los sollozos.

El sentimiento de culpa salta en las páginas de la novela de Günter Grass El tambor de hojalata, aparecida en 1959. Oskar, el niño capaz de verlo saberlo todo, y que voluntariamente deja de crecer a los tres años, y va y viene por todas partes tocando el tambor regalo de su madre, irrumpe en las reuniones del partido haciendo repicar los palillos sobre el parche metálico, un redoble capaz de romper los cristales, como en La noche de los cristales rotos, un toque incesante que no deja dormir a la historia y atraviesa los años perturbando las conciencias dormidas que no quieren saber y los oídos que no quieren oír.

Memoria contra olvido. En Berlín viví con mi familia en Wilmersdorf, uno de los antiguos barrios judíos, y mi calle, la Helmstedterstrasse, era una de esas calles tranquilas con tilos sembrados en las veredas, que en verano reverdecían relucientes de sol; un modesto desfiladero de edificios grises, bloques de cemento adornados por alguno que otro cantero de flores en los balcones. En el umbral del número 27, el correspondiente a mi edificio, había grabada en el cemento una estrella de David.

En uno de sus costados podía verse todavía un viejo anuncio comercial de antes de la guerra, de colores ya indefinibles, quizás un anuncio de polvos dentífricos, o de crema para la piel donde figuraba una muchacha rubia; sólo recuerdo aquel rostro de muchacha ya apagándose para siempre, como un fantasma del pasado que se oculta en sí mismo, se borra y se esfuma en la nada.

En 2012, cuando yo hacía tiempo me había ido de allí, y tantas cosas habían pasado en mi vida, fueron colocadas en la vereda delante de la puerta, como se estaba haciendo en todo Alemania y en otros países de Europa, unos adoquines conmemorativos, Stolpersteine, con los nombres y los datos de los habitantes del edificio que habían sido sacados de sus viviendas para ser llevados al campo de concentración de Auschwitz, en 1942 y 1943. Son diez los adoquines. Lotte Hofmann, por ejemplo, tenía 16 años; Hermann Isler, 71 años.

Ese sentimiento de culpa ante la aniquilación ha venido siendo arrastrado a través de las décadas hasta traspasar el siglo XXI y marcar a la Europa moderna, al grado de que para Alemania y tantos otros países se vuelva un tabú condenar al régimen de Netanyahu por las repetidas masacres, también de aniquilación, contra el pueblo palestino en Gaza, como repuesta a las operaciones terroristas perpetradas por Hamás en octubre de 2023.

Cuando Brandt se arrodilla frente al monumento a las víctimas del nazismo en 1970, la Europa entonces en construcción quiere partir de sólidos supuestos democráticos, que sustentados en instituciones duraderas eviten en el futuro cualquier regreso a formas autoritarias, o totalitarias de gobierno. El espejo del pasado es el nazismo. El del presente, al otro lado del muro de Berlín, el mundo soviético que empieza en la República Democrática Alemana, dominado aún por el férreo estalinismo, como lo demostró la represión brutal de los tanques rusos para acabar con la Primavera de Praga en 1968.

Por eso es una anomalía la aparición en aquel mismo año de 1970 en Alemania de la organización terrorista de extrema izquierda Fracción del Ejército Rojo, conocida como banda Baader-Meinhof, y cuyas acciones, asesinatos, asaltos bancarios, secuestros, habrían de prolongarse, aunque de manera muy debilitada, hasta 1998; tal como es una anomalía hoy, 80 años después del fin del nazismo, la manera en que prosperan no sólo en Alemania, sino en otros países de la Unión Europea, partidos de extrema derecha que levantan banderas parecidas a las del fascismo: proclamas de superioridad racial, intolerancia frente a los emigrantes, nacionalismos exacerbados.

La banda Baader-Meinhof era un grupo clandestino que no apelaba a los votantes, sino al terror. Hoy, el partido Alternativa por Alemania (AfD), ha quedado en segundo lugar en las recién pasadas elecciones parlamentarias, con el 21% de los votos, no obstante que la Oficina Federal para la Protección de la Constitución, el servicio de inteligencia del Estado, lo califica como una organización extremista, contraria al Estado de derecho, porque “su concepción étnico-racial del pueblo no es compatible con el orden fundamental democrático y liberal”, y porque “devalúa grupos de población enteros en Alemania y viola su dignidad humana”, excluyéndolos de su participación en la sociedad. “Esta idea del pueblo se concreta en una actitud del partido contraria a los migrantes y a los musulmanes”.

Las organizaciones ultras de derecha obtuvieron en las elecciones para el Parlamento Europeo del año pasado un 27% de los escaños, un porcentaje que hace 40 años no alcanzaba el 4%. Y en esas elecciones han sido la primera fuerza en Francia, Italia, Hungría, Austria, Bélgica y Eslovenia, y la segunda en otros seis países, según un análisis de Stefen Forti en la revista Nueva Sociedad.

El desprecio racial antisemita queda soterrado en su discurso oficial ante el odio discriminatorio contra los musulmanes y demás inmigrantes de diferente color de piel, religión y cultura. Pero no se trata sino de un disfraz. En el fondo, sigue viva la concepción que llevó a millones a terminar en los hornos crematorios, como los habitantes del edificio donde llegué a vivir en Berlín. El horror que hizo a Willy Brandt caer de rodillas para pedir perdón en el gueto de Varsovia.

 

[Foto: Markus Schreiber (AP) - fuente: www.elpais.com]

domingo, 11 de maio de 2025

Cuando las medidas contra el antisemitismo reprimen a los judíos disidentes

¿Es antisemita la Ley de Concienciación sobre el Antisemitismo?


Peter Beinart 

Se está debatiendo actualmente en el Senado de los Estados Unidos la Ley de Concienciación sobre el Antisemitismo. Ya se ha aprobado en la Cámara de Representantes. Y ahora está en comisión en el Senado. Si se aprueba en el comité, pasará al pleno del Senado. Y esto supondría una especie de instrucción del Congreso al Departamento de Educación para utilizar esta definición particular cuando se valore el presunto antisemitismo en los campus universitarios.

Por esta razón, creo que merece la pena decir algo sobre un elemento concreto de la definición de antisemitismo de la Alianza Internacional de Memoria del Holocausto (IHRA), para mostrar lo perversa que me parece y lo extraña que resulta. Esta definición de antisemitismo deshumaniza a los judíos. Deshumaniza a los judíos, pues sugiere que es antisemita imaginar que los judíos puedan actuar como actúan otros seres humanos, ¿no?

Y así, en particular, uno de los ejemplos de la definición de antisemitismo de la IHRA es que podría ser un ejemplo de antisemitismo establecer comparaciones de la política israelí contemporánea con la de los nazis. Pues bien, evidentemente, hay muchas analogías entre Israel y los nazis que serán analogías muy, muy estúpidas e incorrectas, y potencialmente incluso ofensivas, ¿verdad? Benjamin Netanyahu, pese a todos sus pecados, no es Adolf Hitler. Israel, a despecho de los horrores que está llevando a cabo en Gaza y Cisjordania, no ha instalado campos de exterminio en Cisjordania. Así que, evidentemente, esas analogías serían muy incorrectas, y creo que problemáticas.

Pero los nazis hicieron muchas, muchas otras cosas además de crear campos de exterminio, ¿verdad? Los nazis tomaron el poder en 1933. Hubo todo un sistema de discursos y procesos que los nazis pusieron en marcha -algunos de los cuales eran coherentes con otros movimientos fascistas- los cuales erosionaron la democracia liberal, erosionaron en última instancia el Estado de Derecho y los derechos de diversas personas. Y lo entendemos implícitamente, cierto, porque los medios de comunicación de los Estados Unidos están llenos de comparaciones de la administración Trump con los nazis, ¿verdad? Y la gran mayoría de estas comparaciones no están sugiriendo que Donald Trump haya establecido campos de exterminio en los Estados Unidos, pero están buscando este paralelismo histórico para tratar de entender y analizar los peligros y también las formulaciones retóricas, la relación entre un movimiento fascista y las grandes corporaciones, el lenguaje de la deshumanización, muchas, muchas, muchas cosas, que son algo así como la clase de cosas naturales que la gente hace cuando se observa un sistema de opresión y eso que Donald Trump está tratando de crear en los Estados Unidos, y el autoritarismo, y lo que Israel ha estado haciendo también, ¿cierto?

Recordemos, solo por decir algo evidente, que Israel es el país que controla a millones y millones de personas que viven bajo control del Estado israelí, pero que no pueden convertirse en ciudadanos de ese Estado. Y ahora está comprometido en Gaza en un ataque militar que ha sido calificado de genocidio por Human Rights Watch y por gente como Omer Bartov, ¿no es así?

Entonces, ¿qué significa sugerir que se puede hablar de Donald Trump y el Partido Republicano refiriéndose al lenguaje de los nazis o hablar de Marine Le Pen, o hablar de la AFD, o hablar de Viktor Orban, o Narendra Modi, o Jair Bolsonaro, o muchos, muchos, muchos tipos de movimientos autoritarios de derecha en todo el mundo? Pero es antisemita utilizar cualquiera de estas analogías cuando se trata del Estado de Israel. Lo que eso hace es sugerir -esto es lo que quiero decir con deshumanización- que, de alguna extraña manera, si estás en un Estado judío, ya no eres plenamente humano, porque no puedes disponer de todo el abanico de capacidades humanas, cierto, algunas de las cuales son muy buenas, y algunas de las cuales son muy terribles. Y si la gente sugiere que hay algo que haces que pudiera tener reminiscencias de este horrible régimen nazi, eso es antisemita, pues es intolerante en contra de los judíos sugerir que los judíos en un Estado judío podrían estar actuando de una manera que reconocemos claramente, algo que tienen la capacidad de hacer gente de todo el mundo y movimientos políticos de todo el mundo.

Creo que ya he mencionado alguna vez este vídeo realmente extraordinario de una conversación en la televisión israelí entre Tommy Lapid, padre de Yair Lapid -el Tommy Lapid era un político israelí, superviviente también del Holocausto- y uno de mis héroes, Yeshayahu Leibowitz, crítico social ortodoxo israelí. Tommy Lapid estaba furioso porque Yeshayahu Leibowitz utilizaba el término “judeo-nazis” para describir ciertas cosas que estaba viendo que sucedían en el Estado de Israel. Yeshayahu Leibowitz, por el hecho de utilizar ese término, podría muy bien violar la definición de antisemitismo de la IHRA, a pesar de ser un eminente erudito judío y crítico social, ¿verdad que sí?

Pero Tommy Lapid se enfurecía por esa analogía y le gritaba a Leibowitz. Una y otra vez le espeta: "¿Los hemos metido en campos de exterminio? ¿Los hemos metido en campos de exterminio? ¿Los hemos puesto en campos de exterminio?” Hay una larga pausa. Y entonces le dice Leibowitz al final: 'Esa es tu profecía'. Esa es tu profecía. Y lo que yo interpreto que Leibowitz está afirmando no es, por supuesto, que Israel haya metido a los palestinos en campos de exterminio. No lo hizo entonces. Sigue sin hacerlo, aun a pesar de lo que está haciendo en Gaza. Lo que quiere decir es que no hay que excluir la posibilidad de que los judíos puedan ser capaces de cualquier cosa que sea capaz de hacer cualquier otro ser humano, pues, al fin y al cabo, los judíos no son más que otro grupo de seres humanos que no están dotados de ninguna cualidad especial.

Y lo que me resulta tan inquietante de esta definición francamente insensata de antisemitismo que ha surgido en los Estados Unidos es que está teniendo el efecto de sugerir que hoy constituye un acto de intolerancia tratar y analizar a los judíos como si fueran otros seres humanos. Y eso, de un modo extraño, supone también una forma de desvalorizar a los judíos. De un modo también muy extraño, el lenguaje de protección de los judíos tiene el efecto de sugerir que los judíos son algo distinto de los demás seres humanos corrientes. Y eso es lo que me asusta de la Ley de Concienciación sobre el Antisemitismo y de la forma en que se ha desarrollado este discurso en los Estados Unidos, especialmente en la era de Trump.  

Trump no quiere proteger a todos los estudiantes judíos, solo a los de su cuerda  

Peter Beinart

El 29 de abril de 2024, Tess Segal, una estudiante de 20 años de segundo curso de la Universidad de Florida, se sumó a sus compañeros activistas en una conocida plaza del campus para pedir a la universidad que desinvirtiera en los fabricantes de armas de Israel y boicoteara sus instituciones académicas. Algunos manifestantes estudiaban o jugaban a las cartas. Luego leyeron necrológicas de palestinos muertos en la Franja de Gaza.

Entonces entraron en acción las fuerzas del orden. Y aunque Segal afirma que no se resistió a la detención, la esposaron y la llevaron a la cárcel, donde pasó la noche.

Segal fue acusada de resistencia no violenta a la autoridad. Posteriormente, el estado [de Florida] desestimó el caso. Sin embargo, la Universidad de Florida ya le había prohibido la entrada al campus. Los responsables de la universidad habían advertido a los manifestantes de que se les podría sancionar si infringían las nuevas y estrictas restricciones impuestas a las protestas. Los administradores afirmaron también que los agentes habían ordenado a los manifestantes que se dispersaran. Segal dijo que había demasiado ruido para oír esas instrucciones.

Segal me contó que le prohibieron hacer el último examen del semestre y participar en un programa de verano patrocinado por la universidad en el que había sido admitida. Un comité disciplinario de la universidad dictaminó que no había actuado de modo alborotador, pero la consideró responsable de infringir la política de la universidad, entre otras cosas. Propuso una suspensión de un año. Más lejos fue el decano, recién nombrado, de estudiantes de la universidad. En una carta que difundió la Fundación por los Derechos y la Expresión Individuales, declaró que la conducta de Segal «perturbó gravemente las funciones normales de la universidad e impidió a los agentes de la ley realizar sus tareas con prontitud», y elevó su suspensión a tres años (la universidad no quiso confirmar oficialmente ni comentar los acontecimientos que rodearon la suspensión de Segal, señalando que se trata de información protegida por las leyes de privacidad).

La Universidad de Florida exige a cualquier estudiante que se ausente durante más de tres semestres que vuelva a solicitar su admisión. Segal comentó que había disfrutado de una beca completa. Ahora trabaja en el servicio de comidas y no sabe ni cómo ni cuándo volverá a la universidad.

En una época en la que a los estudiantes sin ciudadanía norteamericana se los llevan de las calles agentes federales, el castigo de Segal puede parecer relativamente leve. Pero su caso contiene una ironía especial. Segal es judía.

Desde el 7 de octubre de 2023, varias destacadas organizaciones judías, junto a sus aliados políticos, han exigido repetidamente que las universidades protejan a los estudiantes judíos, castigando las violaciones de conducta y las protestas en el campus, con la suspensión o la expulsión incluso. Segal es nieta de un superviviente del Holocausto. Es exalumna de un campamento de verano judío. ¿Por qué no se preocuparon por ella las organizaciones judías? Porque en los últimos años, los principales dirigentes judíos norteamericanos -en colaboración con políticos simpatizantes- han hecho algo extraordinario: han redefinido lo que significa ser judío. Para silenciar la condena de Israel, han equiparado el apoyo al Estado con el propio judaísmo. 

Pocos hay que hayan formulado esa redefinición con más rotundidad que el presidente Trump. El mes pasado, en una aparente referencia al apoyo supuestamente insuficiente a Israel por parte del líder de la minoría del Senado, Chuck Schumer, Trump proclamó: «Ya no es judío». Trump solo está haciendo explícito lo que los líderes judíos levan insinuando durante años. En 2023, el director ejecutivo de la Liga Antidifamación (ADL), Jonathan Greenblatt, declaró que «el sionismo es fundamental para el judaísmo». En 2021, el influyente Natan Sharansky, ex disidente soviético y ministro del gabinete israelí, coescribió un ensayo en el que calificaba de «no judíos» a los judíos que se oponen al sionismo.  

Esta redefinición del judaísmo se está produciendo al mismo tiempo que una de las oleadas de represión más contundentes de la historia contra el activismo judío norteamericano. Muchos judíos norteamericanos, en particular los jóvenes, tienen opiniones críticas sobre Israel. Una encuesta realizada en 2021 por el centrista Jewish Electoral Institute, que supervisa la participación de los judíos en las elecciones, reveló que el 38% de los adultos judíos norteamericanos menores de 40 años consideraba que Israel era un Estado de apartheid, frente al 47% que no lo consideraba así. Cuando en una encuesta realizada el año pasado se les interrogó acerca de la acusación de que Israel estaba cometiendo un genocidio en Gaza, el 38% de los adultos judíos norteamericanos menores de 44 años se mostró de acuerdo.

Teniendo en cuenta estas cifras, no es de extrañar que los judíos hayan asumido un papel protagonista en las protestas contrarias al ataque de Israel contra Gaza. Once días después del 7 de octubre de 2023, grupos judíos progresistas y antisionistas, entre ellos Jewish Voice for Peace, reunieron a unos 400 manifestantes, muchos de ellos con camisetas que declaraban «En nuestro nombre, no», y ocuparon un edificio del Congreso. Ese mismo mes, Jewish Voice for Peace y sus aliados tomaron la Grand Central Terminal de Nueva York. En la Universidad de Brown, la primera sentada exigiendo la desinversión en empresas afiliadas a Israel estaba formada únicamente por estudiantes judíos.

Por lo general, los estudiantes judíos no son tan vulnerables como sus homólogos palestinos, árabes, musulmanes, negros y no ciudadanos, pero es precisamente esta suposición de mayor seguridad lo que podría haber hecho, para empezar, que estuvieran más dispuestos a protestar. Y muchos han pagado el precio por ello. Es imposible saber qué porcentaje de judíos es el de los estudiantes sancionados por activismo propalestino, ya que los procedimientos disciplinarios universitarios suelen ser secretos. Pero los datos anecdóticos sugieren que se trata de una cifra significativa. E independientemente de la opinión de cada uno sobre cómo deben tratar las universidades el activismo en el campus, hay algo extraño en reprimirlo en nombre de la seguridad judía, cuando varios de los estudiantes objetos de la represión son judíos.

Desde el 7 de octubre, al menos cuatro universidades han suspendido o puesto bajo vigilancia a sus secciones de Jewish Voice for Peace. En 2023, se detuvo en las protestas de BrownU Jews for Ceasefire Now [Judios de la Universidad de Brown por el Alto el Fuego Ya], a 20 miembros (se retiraron los cargos). En un acto proisraelí en el Rockland Community College de la Universidad del estado de Nueva York el 12 de octubre de 2023, un estudiante judío que gritó un momento «Desde el río hasta el mar, Palestina será libre» y «Judíos por Palestina», fue suspendido, según se informa, para el resto del curso académico. En mayo de 2024, una profesora judía, titular de Antropología del Muhlenberg College, fue despedida tras publicar un post en Instagram que afirmaba en una parte: «No os acobardéis ante los sionistas. Avergonzadlos. No los acojáis en vuestros espacios. No les hagáis sentirse cómodos». En septiembre, el fiscal general de Michigan  presentó cargos por delito grave por resistirse u obstruir a un agente de policía, así como cargos de delito menor por allanamiento, contra tres activistas judíos -así como contra otras cuatro personas- por delitos relacionados con una acampada de solidaridad con Gaza en la Universidad de Michigan en el campus de Ann Arbor (todos ellos se declararon no culpables).

Hasta cuando la protesta ha adoptado la forma de observancia religiosa judía, se ha visto a menudo clausurada. El otoño pasado, cuando los estudiantes judíos que se oponían a la guerra durante la festividad de Sucot construyeron sucás solidarias en Gaza, estructuras temporales semejantes a pequeñas cabañas en las que los judíos comen, estudian y duermen durante la festividad, al menos ocho universidades las desmantelaron a la fuerza, exigieron a los estudiantes que lo hicieran o cancelaron la aprobación de su construcción (las universidades dijeron que los grupos no estaban autorizados a erigir estructuras en el campus).

A pesar de ello, las organizaciones judías proisraelíes han aplaudido a las universidades que han reprimido las manifestaciones propalestinas. Cuando Columbia suspendió a su sección de Jewish Voice for Peace junto a Students for Justice in Palestine, la ADL felicitó a la universidad por cumplir con sus «obligaciones legales y morales de proteger a los estudiantes judíos». Después de que la policía de Nueva Hampshire disolviera el campamento de solidaridad con Gaza de Dartmouth College, la ADL le dio las gracias al presidente de la universidad por «proteger el derecho de todos los estudiantes a estudiar en un entorno seguro». Sin embargo, la experiencia no resultó nada segura para Annelise Orleck, exdirectora del programa de estudios judíos de la universidad, que afirmó que la ataron con una cremallera, la golpearon y la arrastraron a la fuerza los agentes de policía cuando llegaron al lugar. Después de que la fiscal general del estado anunciara que presentaría cargos contra los manifestantes del campamento de la Universidad de Michigan que supuestamente habían violado la ley, un funcionario de la Federación Judía del Gran Ann Arbor la elogió por actuar con «valentía». Desde entonces, la ADL ha dado marcha atrás en su anterior apoyo a la detención de activistas propalestinos por parte de la administración Trump. Pero sigue queriendo que las universidades impongan duras restricciones a las protestas en los campus. Cuando me puse en contacto con la organización para preguntarle si tenía una postura concreta respecto a los estudiantes judíos que se ven afectados por las medidas represivas en los campus, los representantes me remitieron a los recientes artículos de opinión de Greenblatt. En cada uno de ellos reiteraba la necesidad de luchar contra lo que considera antisemitismo universitario, pero también abogaba por el debido proceso para todos los implicados.

No obstante, los judíos siguen protestando. A principios de abril, algunos estudiantes judíos se encadenaron a las puertas de Columbia para protestar por la detención de Mahmoud Khalil, exestudiante de posgrado y titular de una tarjeta de residencia que se encuentra en un centro de detención del Servicio de Inmigración y Control de Aduanas en Luisiana por su participación en las protestas del campus. Y justo antes de la festividad de Pascua, más de 130 estudiantes, profesores y antiguos alumnos judíos de la Universidad de Georgetown firmaron una carta en protesta por la detención y el arresto de Badar Khan Suri, becario postdoctoral acusado de difundir propaganda de Hamás y promover el antisemitismo.

Hay una profunda ironía en el aparente cuestionamiento de la judeidad de estos jóvenes disidentes por parte de la clase dirigente judía estadounidense. Porque lo que distingue a los activistas estudiantiles judíos de hoy de las generaciones anteriores de izquierdistas judíos estadounidenses es precisamente su interés por incorporar el propio ritual judío a sus protestas. Solo en Nueva York han surgido en los últimos años al menos 10 minyanim, o comunidades de oración, no sionistas o antisionistas. Se componen en su inmensa mayoría de judíos no mucho mayores que Segal.

BrownU Jews for Ceasefire Now levantó una sucá de solidaridad con Gaza el pasado otoño. Una estudiante judía, temerosa de que destrozaran o desmantelaran la sucá, empezó a vigilarla por la noche. Se unió incluso a otros estudiantes que dormían en la desvencijada estructura, que simboliza la fragilidad humana y la protección divina, tal como han hecho los judíos durante miles de años, a pesar de la prohibición de la administración. Escapó del procedimiento disciplinario sin ser castigada, pero pronto urdió otro plan que entrelazaba su judaísmo con su apoyo a la causa palestina: convertirse tardíamente en bat mitzvah, una mujer que acepta las obligaciones de la ley judía. Este mes de febrero fue llamada a la Torá por primera vez, en una ceremonia dirigida íntegramente por miembros de BrownU Jews for Ceasefire Now, que ahora se llama Brown Jews for Palestinian Liberation [Judíos de Brown por la Liberación Palestina].

Para Trump y los líderes del estamento dirigente judío norteamericano, puede que esta estudiante no sea una judía de verdad. Pero, como muchos de su generación, está demostrando rabiosa y gozosamente que están equivocados.

Fuente: The New York Times, 28 de abril de 2025.

Soy una profesora israelí. ¿Por qué aparece mi trabajo en el informe sobre antisemitismo de Harvard?

Atalia Omer 

Cuando vi por primera vez el informe de Harvard sobre antisemitismo y prejuicios contra Israel, no esperaba encontrarme en él. Pero allí estaba, aunque sin que se reconociera mi nombre, mi saber académico o incluso mi identidad como profesora universitaria judía israelí.

El informe se elaboró y publicó en respuesta a la presión generalizada de donantes y grupos de defensa proisraelíes. Pretende documentar una crisis de antisemitismo en el campus. Pero lo que en realidad revela es la voluntad de Harvard de redefinir la identidad judía en términos estrechos e ideológicos: excluir y borrar a los judíos que disienten del sionismo.

Lo sé porque yo soy una de ellos. A lo largo de varios años, he enseñado en la Iniciativa, Religión, Conflicto y Paz (RCPI) de la Harvard Divinity School. Nuestro programa abordaba la construcción de la paz a través de un profundo compromiso con las historias de violencia estructural y poder, con Palestina/Israel como caso de estudio central. Nuestros estudiantes leían mucho, viajaban a la región y se reunían con voces diversas, como veteranos judíos israelíes de Breaking the Silence [Romper el Silencio, organización de soldados israelíes que se niegan a servir en los Territorios Ocupados], artistas palestinos que se resisten a verse culturalmente borrados y activistas judíos mizrahíes y etíopes que ponen en tela de juicio el racismo en la sociedad israelí. 

Era, en virtud de su diseño, un reto intelectual y político. Exponía a los estudiantes a la complejidad de la región y a las diversas formas, a menudo conflictivas, en que judíos y palestinos relatan su pasado e imaginan su futuro.

Pero, según los autores del informe de Harvard, no se trataba de un saber legítimo ni de pedagogía responsable; era, esencialmente, simple adoctrinamiento ideológico antisemita.

La manera en que el informe llega supuestamente a tales caracterizaciones de nuestro programa y las justifica ilustra cómo se utilizan habitualmente las distorsiones calumniosas para suprimir los argumentos y las identidades de «la clase equivocada» de judíos. El informe cita actos públicos que organizamos como parte del RCPI, incluido un seminario digital sobre mi libro acerca de activistas judíos norteamericanos que participan en labores de solidaridad con Palestina debido a su identidad judía, no a pesar de ella. El rabino Brant Rosen, rabino reconstruccionista y fundador de Tzedek Chicago, y la doctora Sara Roy, distinguida estudiosa de Palestina e hija de supervivientes del Holocausto, ofrecieron respuestas reflexivas.

Sin embargo, el informe redujo ese acto a una vaga descripción de «una oradora» que elogiaba a los «activistas judíos propalestinos», ignorando que la oradora era yo -una profesora israelí judía- y que mis interlocutores también eran judíos. Las reflexiones de Rosen sobre su desilusión con el sionismo fueron tachadas de «relato de conversión», como si la evolución espiritual o ética fuera prueba de antisemitismo.

En otro seminario digital que moderé yo, Rosen y Daniel Boyarin, especialista académico judío, debatieron sobre el lugar del sionismo en la liturgia de las sinagogas. Boyarin no estaba de acuerdo con las revisiones litúrgicas de Rosen, pero afirmó que compartían compromisos éticos. El informe seleccionó el comentario de Boyarin - «simpatizo profundamente con sus posiciones políticas y éticas»- para sugerir que el acto carecía de «diversidad de puntos de vista». Es difícil pasar por alto la ironía: un diálogo entre tres judíos, de tradiciones muy diferentes, se convierte en prueba no de diversidad, sino de carencia de la misma.

Este encuadre selectivo no es accidental ni un acto aislado de malicia. Refleja un patrón más amplio: la decisión de Harvard en enero de este año de adoptar la definición de antisemitismo de la Alianza Internacional para la Memoria del Holocausto (IHRA), que confunde la crítica de las políticas israelíes con el antisemitismo en sí. Al obrar de este modo, la universidad no solo ha tomado medidas para suprimir más si cabe el discurso político y ético importante que se enfrenta a la realidad de la violencia israelí contra los palestinos, sino que también ha adoptado de modo efectivo una prueba política decisiva para determinar quién cuenta como judío legítimo en el campus.

Está claro que soy del «tipo equivocado de judía» en Harvard. En cada coyuntura, mis compromisos académicos y políticos me han situado fuera de los límites de lo aceptable. He sido demasiado crítica, he estado demasiado comprometida, demasiado dispuesta a desafiar los relatos dominantes. Y no soy ni mucho menos la única.

El informe va aún más lejos. Desestima no solo el trabajo, las identidades y las experiencias del profesorado y los especialistas académicos, sino también las experiencias de nuestros estudiantes judíos, incluidos aquellos que participaron en el viaje de estudios de nuestro curso a Palestina/Israel. Un estudiante judío describió la experiencia como «formativa, dolorosa y potente», relatando las formas en que el apartheid israelí socava no solo la política sino la posibilidad misma de vida cultural para los palestinos. El informe presenta esta reflexión no como prueba de aprendizaje, sino de adoctrinamiento.

La implicación es clara: los estudiantes judíos que llegan a conclusiones críticas sobre Israel no piensan de modo independiente. Han sido engañados. Manipulados. Infantilizados.

Irónicamente, esto es en sí mismo un tropo antisemita: que los judíos no pueden pensar por sí mismos, a menos que se ajusten a una ideología sancionada.

El informe también borra la rica diversidad de voces judías que trajimos a nuestras aulas. Afirma que nuestro programa se centró en «perspectivas judías no mayoritarias», desestimando a personas como Noam Shuster Eliassi, un cómico israelí judío mizrahí cuya labor recibió el apoyo de nuestro programa de becas y se presenta ahora en el Festival de Cine de Sundance. Ignora actos que tienen mucho que ver con las experiencias de los judíos mizrahi y etíopes, como nuestra conmemoración de la Hagadá de Pascua de los Panteras Negras israelíes, un poderoso símbolo de la lucha antirracista en la historia de Israel. 

Y omite por completo nuestra programación sobre el antisemitismo mismo, incluido un debate sobre definiciones alternativas del antisemitismo como la Declaración de Jerusalén, que, a diferencia de la IHRA, distingue cuidadosamente entre la crítica a Israel y el odio a los judíos. 

En resumen, el informe de Harvard no se limita a caracterizar erróneamente un programa. Intenta redibujar los límites de la legitimidad judía.

Envía un mensaje escalofriante a estudiantes y profesores: si eres judío y cuestionas el sionismo, eres sospechoso. Si te solidarizas con los palestinos, no perteneces a la comunidad judía. Si tu saber académico complica la ordenada narrativa moral de un Israel asediado, no solo no eres bienvenido, sino que eres peligroso.

Esto no constituye una defensa de la seguridad judía. Constituye un esfuerzo por vigilar la disidencia judía. 

Pero yo me niego a que me vigilen. Seguiré enseñando, escribiendo y organizándome junto a judíos y palestinos que luchan por la libertad, la justicia y la dignidad. Seguiré desafiando aquellas instituciones que dicen defenderse del antisemitismo mientras perpetúan otras formas de racismo y represión.

Y no lo haré a pesar de ser judía, sino porque lo soy.

Fuente: The Guardian, 9 de mayo de 2025

 

 
periodista colaborador de The New York Times, The New York Review of Books, The Daily Beast, Haaretz o CNN, fue director de la revista The New Republic. Profesor de la Escuela de Periodismo Craig Newmark de la City University de Nueva York y director de la revista digital Jewish Currents, ha pasado de comentarista liberal judío a manifestarse como agudo crítico de Israel y el credo sionista.
 
profesora de religión, conflictos y estudios sobre la paz en la Keough School of Global Affairs de la Universidad de Notre Dame, de cuyo Instituto Kroc de Estudios Internacionales forma parte destacadamente.

[Traducción: Lucas Antón - reproducido en www.sinpermiso.info]