Brian Eno accuse Microsoft d’être “complice d’Israël dans le nettoyage ethnique de Gaza”

Auteur du célèbre son de démarrage de Windows 95, le producteur appelle Microsoft, dans une lettre ouverte, à cesser toute fourniture de logiciels et de services d’IA à l’État hébreu. Et annonce reverser ses royalties aux victimes gazaouies.

Brian Eno lors d’une manifestation en faveur de la fin du conflit Israël-Hamas, en décembre 2023, à Londres. 

Écrit par Rachel Rousseau

« Not in my name », soit « Pas en mon nom. » C’est par ces mots que Brian Eno, éminent musicien et producteur britannique, a interpellé frontalement Microsoft. Dans une lettre ouverte postée sur ses réseaux sociaux mercredi 21 mai, il accuse l’entreprise d’être impliquée dans les opérations de l’armée israélienne en Palestine en fournissant des services utilisés dans le conflit. Et lui demande de mettre fin à leur accès par Israël. Pionnier de l’ambient, genre musical notable de l’histoire de l’électro, Brian Eno est l’auteur du fameux son de démarrage de Windows 95, symbole des premières ères de l’informatique moderne connu de tous. « J’avais accepté avec plaisir ce projet comme un défi créatif et j’ai apprécié l’interaction avec mes contacts au sein de l’entreprise. Je n’aurais jamais cru que la même entreprise pourrait un jour être impliquée dans la machine de l’oppression et de la guerre. » Face à ce constat, il a annoncé que les royalties qu’il perçoit grâce à ce « slogan » musical seront désormais reversées pour « aider les victimes des attaques à Gaza ». 

Dans sa lettre, Brian Eno explique s’être notamment appuyé sur un article du blog interne de Microsoft daté du 15 mai 2025, dans lequel l’entreprise « reconn[aît] fournir au ministère israélien de la Défense des “logiciels, des services professionnels, des services cloud Azure et des services d’IA Azure” ». Cet article fait suite à une enquête engagée par l’entreprise pour établir sa responsabilité dans la situation à Gaza. Elle explique n’avoir « trouvé aucune preuve à ce jour que les technologies IA et Azure de Microsoft [aient] été utilisées pour cibler ou nuire aux personnes dans le conflit », au sein de l’enclave palestinienne. À l’inverse, Brian Eno dénonce l’utilisation de ces logiciels par Israël « dans des technologies mortelles », accusant Microsoft de « complicité » avec un « gouvernement engagé dans un nettoyage ethnique systématique ». 

Avant lui, des employés de Microsoft, membres du groupe de salariés No Azure for Apartheid, s’étaient déjà opposés, lors de divers événements internes, aux relations commerciales qu’entretient l’entreprise avec Israël. Dans sa lettre, Brian Eno appelle à les soutenir avant d’inviter « les artistes, les technologues, les musiciens et toutes les personnes de conscience » à le rejoindre dans cette prise de position. Ce n’est pas la première fois que le producteur s’engage en faveur de la cause palestinienne. Fin avril, il signait avec plus de soixante artistes une lettre ouverte demandant au festival londonien Field Day de se détacher du fonds d’investissement KKR, racheté en 2024 par Superstruct Entertainment, une société dont les signataires dénonçaient notamment la participation dans des entreprises liées au gouvernement israélien et aux opérations de celui-ci en Palestine et en Cisjordanie.

 

[Photo : Denise Baker/Story Picture Agency/Shutterstock/Sipa - source : www.telerama.fr]