Nir Bergman traite d’un sujet universel : la difficulté pour un parent de se séparer de son enfant.
Écrit par Hubert Heyrendt
La vingtaine, Uri (Noah Imber) est autiste. Il vit avec son père Aharon (Shai Avivi), ancien graphiste à succès qui a tout quitté pour s'occuper à temps plein de son grand garçon. L'un et l'autre aiment leurs routines : manger des petites pâtes en étoiles, nourrir les poissons rouges, faire du vélo, prendre le train. Mais ce qu'Uri aime par dessus tout, c'est de regarder sur son petit lecteur de DVD portable les films de Chaplin, surtout Le Kid !
Cette vie bien rangée va bientôt être bousculée. Tamara (Smadi Wolfman), la mère d’Uri, lui a en effet trouvé une place dans une institution spécialisée. Mais, en chemin pour sa nouvelle maison, Uri fait une crise sur le quai d’une gare, refusant d’y aller. Désemparé, son père lui promet qu’il n’ira pas. Presque malgré eux, voilà le duo en fuite…
Au revoir mon fils
En 2008, l'Israélien Nir Bergman s'est fait un nom comme cocréateur de la série BeTipul, déclinée, depuis, dans de nombreux pays, notamment sur HBO aux États-Unis (In Treatment, avec Gabriel Byrne), mais aussi en France avec En thérapie, l'excellente première série d'Éric Toledano et Olivier Nakache, située au lendemain des attaques terroristes de janvier 2015 à Paris.
Sur un scénario de Dana Idsis, Bergman signe ici un joli film qui parle à tout le monde. Car si Uri n’est pas tout à fait comme les autres enfants, le sujet est universel : le film évoque la difficulté d’un parent de dire au revoir à son enfant devenu adulte…
Nommé à neuf reprises aux Ophirs du cinéma (les oscars israéliens), Here We Are en a décroché quatre : réalisation, scénario, acteur et second rôle masculin. Deux prix d'interprétation totalement mérités tant Shai Avivi et Noah Imber (jeune acteur autiste) forment un duo attachant dans ce charmant road-movie à vélo, en train ou en bus dans différentes petites villes d'Israël. Comme une parenthèse enchantée lors de laquelle le père et le fils pourront encore vivre ensemble.
Si l'on affleure toujours le sentimentalisme, Nir Bergman tient sa barque avec dignité pour éviter de tomber dans les écueils du genre. Et ce notamment grâce à l'humour. En hommage revendiqué à Chaplin (et ce dès le titre du film, apparaissant sur un carton de film muet), il lorgne souvent du côté du burlesque pour décrire ses deux personnages en rupture avec la société dans laquelle ils évoluent. Comme l'étaient Charlot et son inoubliable Kid en 1921… Preuve de l'universalité et de l'intemporalité du thème des relations père-fils.
Here We Are
Road-movie familial
De Nir Bergman
Scénario : Dana Idisis
Photographie : Shai Goldman
Montage : Ayala Bengad
Avec Shai Avivi, Noah Imber, Smadi Wolfman…
Durée 1h34
[Source : www.lalibre.be]
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