À Montreuil, près de Paris, l’Espace Albatros a succédé aux anciens studios cinématographiques Pathé ouverts en 1900 et dont l’âge d’or date des années 1920 et 1930 avec des artistes russes blancs (Yvan Mosjoukine) et de jeunes talents français (René Clair). Histoire d’un lieu du patrimoine français dont la vocation artistique a perduré jusqu’en ce début du XXIe siècle. La chaîne Histoire diffusera le 4 septembre 2020 « Albatros, les Russes blancs à Paris » d'Alexandre Moix.
Publié par Véronique Chemla
Située dans la proche banlieue est de Paris, la ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis) a aussi abrité des studios cinématographiques, dont l’un est toujours en activité.
Méliès et Pathé
Georges Méliès y a construit un premier studio dans sa propriété en 1897, puis un deuxième en 1907.
Et au début du XXe siècle, Charles Pathé y a édifié les Studios Pathé-Albatros.
Flashback. En 1904, Charles Pathé « a déjà bien affirmé son influence dans l’industrie du cinéma, notamment grâce à sa réussite dans l’industrialisation d’appareil de prises de vues et de pellicules. Le cinéaste et directeur de production Ferdinand Zecca lui conseille de fonder un nouveau studio à Montreuil, pour concurrencer la Star Film de la société de Georges Méliès ».
Et au début du XXe siècle, Charles Pathé y a édifié les Studios Pathé-Albatros.
Flashback. En 1904, Charles Pathé « a déjà bien affirmé son influence dans l’industrie du cinéma, notamment grâce à sa réussite dans l’industrialisation d’appareil de prises de vues et de pellicules. Le cinéaste et directeur de production Ferdinand Zecca lui conseille de fonder un nouveau studio à Montreuil, pour concurrencer la Star Film de la société de Georges Méliès ».
Pathé « trouve une ancienne écurie située au 52, rue du Sergent Bobillot. Les boxes à chevaux sont transformés en loges, et il construit une grande verrière pour profiter de la lumière naturelle pendant le tournage des films ».
Max Linder y réalise des films de 1910 à 1914.
Artistes russes
La « Révolution Russe de 1917 pousse nombre d’artistes à quitter leur pays natal. Le producteur Joseph Ermolieff, responsable de l’antenne Pathé de Russie, déménage en France, avec toute son équipe. Des comédiens prestigieux comme Yvan Mosjoukine et Nathalie Lissenko, le cinéaste Alexandre Volkoff, le producteur Alexandre Kamenka, s’installent donc dans le studio de Montreuil, loué par Pathé Frères. Ces nouveaux collaborateurs créent la maison de production Ermolieff-Cinéma, qui devient la Société des Films Albatros en 1922. Quatre ans plus tard, c’est Alexandre Kamenka qui en assume la direction ».
« L’âme de ce mouvement, c’est Alexandre Kamenka, mélange étonnant d’artiste et d’organisateur, de dilettante et de businessman, qui entretient ardemment parmi ses collaborateurs cette mystique de l’effort collectif ». (Ciné Magazine, 1926)
Le Studio Albatros « a sous contrat les différents artistes, comme le font les studios américains. Toutes les étapes de la conception d’un film y sont accomplies, partagées entre tous les artistes ».
De 1905 à 1920, le Studio de Montreuil connaît une prospérité certaine. Plus de 1200 films et actualités y sont tournés, et la presse est unanime sur leur réussite. « On peut lire dans un journal de cinéma qu’il n’est nul besoin d’aller à Los Angeles pour produire des somptuosités ; on fait tout aussi bien à Montreuil ! » (Ciné Magazine, 1926)
« L’âme de ce mouvement, c’est Alexandre Kamenka, mélange étonnant d’artiste et d’organisateur, de dilettante et de businessman, qui entretient ardemment parmi ses collaborateurs cette mystique de l’effort collectif ». (Ciné Magazine, 1926)Le Studio Albatros « a sous contrat les différents artistes, comme le font les studios américains. Toutes les étapes de la conception d’un film y sont accomplies, partagées entre tous les artistes ».
De 1905 à 1920, le Studio de Montreuil connaît une prospérité certaine. Plus de 1200 films et actualités y sont tournés, et la presse est unanime sur leur réussite. « On peut lire dans un journal de cinéma qu’il n’est nul besoin d’aller à Los Angeles pour produire des somptuosités ; on fait tout aussi bien à Montreuil ! » (Ciné Magazine, 1926)
Parmi les productions des Films Albatros, citons « Le Brasier Ardent » d’Ivan Mosjoukine et Alexandre Volkoff (1923), « Kean ou Désordre et Génie », d’Alexandre Volkoff (1923), « L’Affiche » de Jean Epstein (1924), « Le Lion des Mogols » de Jean Epstein (1924), « Casanova » d’Alexandre Volkoff (1927), « Napoléon » d’Abel Gance (1927), « Feu Mathias Pascal » de Marcel Lherbier (1924), « Carmen » de Jacques Feyder (1926), « Un Chapeau de Paille d’Italie » de René Clair (1927).« Albatros, les Russes blancs à Paris »
En 2017, Alexandre Moix réalise le documentaire « Albatros, les Russes blancs à Paris » (52 min), avec Lenny Borger, Patrick Kamenka, Françoise Navailh, Andrei Korliakov, Alexandre Jevakhoff et la voix de Macha Meril. Un film sera diffusé par la chaîne Histoire le 4 septembre 2020.
"Dans
la nuit du 8 février 1920, à Yalta, au sud de la Russie, un groupe de
cinéastes russes embarque clandestinement sur un cargo en partance pour
la France. Ce sont des Russes blancs qui fuient la terreur bolchevique.
Ils sont producteurs de cinéma, réalisateurs, acteurs, actrices,
scénaristes, cameramen, décorateurs, costumiers... À leur arrivée, ils
s’installent à Montreuil près de Paris, dans un studio désaffecté
appartenant à la société Pathé. Chassés de leur pays, ces hommes et ces
femmes se regroupent et se réconfortent dans la chaleur de leurs âmes
russes. Pour se reconstruire, ils vont devoir s’affranchir de leur
identité d’origine, trouver la force de s’ouvrir à une nouvelle culture,
l’embrasser et se faire adopter par un autre pays : la France."Reconversions
La société « Les Films Albatros, comme de trop nombreuses maisons de productions, ne survit pas au passage à l’ère du cinéma parlant, et ferme ses portes à l’aube des années 30 ».
« Reconverti en usine de métallurgie, puis laissé à l’abandon », le lieu « est classé à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1997 ».
« Reconverti en usine de métallurgie, puis laissé à l’abandon », le lieu « est classé à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1997 ».
Espace Albatros
« C’est en 2001 que les anciens studios de Charles Pathé reprennent vie. Lucien et Lily Chemla y relancent des activités artistiques. Pour que perdure le souvenir de leur fils, Michaël, comédien, metteur en scène et directeur de la Compagnie du Chameau ». Parallèlement à son activité de chef de troupe, Michaël, ingénieur, enseignait les mathématiques.
« Plasticiens, cinéastes, danseurs, musiciens, comédiens, metteurs en scène peuvent entretenir le second souffle de la vocation artistique de ce site. Et depuis, l’équipe du l’Albatros met tout en œuvre pour développer une action culturelle d’envergure égale à celle des beaux jours de la direction de Charles Pathé ».
Résidence d'artistes, Radio Albatros 93, web TV, galerie d’expositions d’artistes de tous genres et styles, cours, spectacles… Doté d’une équipe dynamique et curieuse, l’Espace Albatros propose à un large public toute une gamme d’activités et de prestations intéressantes.
Il a aussi coproduit "Mumu" écrit et réalisé par Joël Séria (2010), avec Sylvie Testud, Balthazar Dejean de la Bâtie, Jean-François Balmer, Bruno Lochet, Dominique Pinon ry Michel Galabru.
L'Histoire du cinéma racontée par L'Albatros. Production de Lucien Chemla. Textes de Philippe Hivert. Couleurs de Justyna Chomicka. Dessins de Jef Martinez. Éditions Studio Albatros Productions, 2011. 48 pages. ISBN : 978-2-9539588-0-5
52, rue du Sergent Bobillot – 93100 Montreuil
Métro ligne 9 : Croix de Chavaux – RER A : Vincennes
Tel. : 01.42.87.01.00
« Albatros, les Russes blancs à Paris » d'Alexandre Moix
France, AR Production et Histoire, 52 minAvec Lenny Borger, Patrick Kamenka, Françoise Navailh, Andrei Korliakov, Alexandre Jevakhoff.
Voix off de Macha Meril
Sur la chaîne Histoire le 4 septembre 2020 à 12 h 20
Visuel : © A.R. Production
Cet article a été publié le 6 septembre 2019.
[Source : www.veroniquechemla.info ]
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