Invitée ce matin sur France inter,
la ministre de la Culture n'a pas pu échappe à la polémique qu'elle a
déclenchée, après avoir refusé de se rendre à l'inauguration de
l'Institut culturel de Google. La firme est pourtant « un partenaire » qui « fait partie des grands défis que doivent relever les gouvernements des différents pays », dans cette époque de questionnements numériques.
La ministre se défend d'avoir boudé cette inauguration. « Ce n'est pas un caprice ni une saute d'humeur »,
mais bien une décision politique prise en fonction des dernières
déclarations de Vint Cerf, chef évangéliste de l'internet pour la
société américaine. Celui-ci avait déclaré que « la vie privée pouvait être considérée comme une anomalie ».
Or, les Big datas, ces informations personnelles que
rassemblent les grandes sociétés, méritent d'être protégées, de même que
la vie privée ou les droits d'auteurs, sont autant de chevaux de
bataille de la ministre.
Elle y ajoute également les questions de fiscalité, ou de financement de la culture, par les acteurs de l'internet. « Des enjeux majeurs
», que la ministre a souhaité dénoncer en prenant fermement position.
Ministre... de la Culture - et si Fleur Pellerin s'est rendue à
l'inauguration, c'est que sa position de déléguée au numérique était
plus à sa place. C'est l'exception culturelle qu'il fallait défendre, et
pas combattre l'installation du géant américain au coeur de Paris.
C'est vrai qu'avec le chèque de 100 millions € réalisé par
Google pour l'achat de l'hôtel particulier dans lequel s'est installée
la firme, un pareil comportement serait suicidaire.
Un message de fermeté, donc, de la part du ministère de la Culture, adressé à Google. « Et le meilleur moyen de faire passer Fleur Pellerin pour une plante verte ? », commentait un acteur de la BD hier...
L'anomalie de la vie privée ? Petite rectification
À l'occasion d'une keynote organisée par la Federal Trade
Commission, Vint s'était en effet prononcé, estimant que l'invention du
concept de vie privée était particulièrement nouvelle. Lui-même
originaire d'un petit village sans téléphone, où le postier délivrait à
chacun son courrier, il se souvient qu'il n'y avait aucune intimité et
que tout le monde savait tout sur son voisin.
Or, bien loin de la citation extraite de son contexte,
cette réflexion s'inscrivait dans l'idée que la préservation de cette
vie privée était de plus en plus compliquée. « Notre comportement social est particulièrement dommageable à l'égard de notre vie privée
», soulignait-il, en évoquant le recours à Facebook. Il estime que la
concentration urbaine a provoqué un sentiment d'anonymat, que les
réseaux sociaux parviennent à compenser, puisque l'on se déverse
abondamment, racontant tout, ou presque, de ce que l'on peut vivre.
Et conclure qu'il faudrait instaurer des conventions de
confidentialité, respectueuses de ces notions, à mesure que nous
avancerons dans le temps. Certes, il exprimait un certain pessimisme,
considérant que la protection de cette vie privée serait de plus en plus
difficile, et qu'il faudrait traverser cela, plutôt en endurant une
certaine situation - et qu'il ne sera pas simple de le supporter. (via The Verge)
La ministre aurait cherché une branche pour tenter
habilement de retomber sur ses pieds, qu'elle n'aurait pas trouvé
d'assise plus vermoulue...
[Écrit par Nicolas Gary - source : www.actualitte.com]
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