Écrit par Pascale F.
Jeudi 14 novembre 2013, sur France 5, durant l’émission « Les grandes questions »(*) consacrée à la pensée unique, Claude Hagège,
linguiste éminent, a fait une intervention érudite, instructive et
édifiante. Il était question de la langue globale comme arme de
banalisation massive. L’anglais, ce parler de l’économie néo-libérale,
tend à polluer, écraser, pervertir l’expression du français.
Ce globish, anglais d’aéroport, dixit Hagège,
devient notre langue véhiculaire, un outil de communication entre deux
personnes qui n’ont pas le même baragouin, au point qu’il risque de
faire disparaître, à terme, ce qui devient peu à peu un idiome
vernaculaire, à savoir le français. « Vernaculaire », pour une langue,
désigne ce qui est parlé au niveau d’une communauté.
Les langues régionales sont des langues vernaculaires, en opposition au français qui est la langue véhiculaire dans notre pays.
(*) - à partir d’environ la quarantième minute de l’émission.
Ce qu’enseigne Hagège
On
apprend (pour ceux qui l’ignoraient tout du moins) que c’est
Mitterrand, pourtant vilipendé depuis quelques années, qui, au retour de
Maastricht, a inscrit, dans l’article 2 de la constitution le Français
comme langue officielle du pays. C’est récent.
Et je cite : « Pourquoi
a-t-il fait cela ? Et bien parce qu’il avait parfaitement compris que
ces accords, qui ont donné à l’Europe sa configuration actuelle, étaient
en train de consacrer quelque chose d’absolument redoutable qui est la
loi du profit sous la forme néo-libérale. Le vecteur de tout cela, c’est
l’anglais ».
La charge contre ce qu’il appelle «
l’idéologie néolibérale » a ravi mon petit cœur confit de craintes. Et
sur la langue, et sur notre fonctionnement économique. Son postulat,
c’est que cette normalisation galopante
représente un grave danger pour notre espèce puisque, jusque-là, elle a
évolué par différentiation. Il a appelé cette tendance,
l’homogénéisation du langage, un cul de sac évolutif.
Au cours des discussions, Claude Hagège montre la manière dont a
disparu le gaulois, tout simplement parce que la langue du romain s’est
introduite dans l’intimité du foyer. Alors que nous étions « gaulois »,
notre parler originel n’a laissé qu’une centaine de mots.
Autre citation, que j’ai pour ma part trouvé délicieuse : «… le
culte de la politique, capital ! Activité humaine essentielle. Il y a
des imbéciles qui disent : je ne fais pas de politique. Qui n’en fait
pas ! Je réponds à ces gens-là : abruti, c’est notre activité de tous
les jours ».
Hagège évoque également l’OIF,
l’Organisation internationale de la Francophonie, qui ne reste pas
circonscrite à ce que des fâcheux pourraient assimiler à des relents de
colonialisme, mais regroupe également des pays d’Europe centrale ou
d’Asie du Sud-Est qui n’ont jamais été mis à notre botte féodale. Il
signale que la francophonie, par l’un des paradoxes de l’histoire contemporaine, est tout, sauf une affaire française.
Et
ma pensée papillonne : est-ce pour cela que Madame Taubira, notre
meilleure oratrice, dont la langue est une merveille d’intelligence et
de finesse, subit cette dénégation de son humanité ? Parce que les
allumés de l’insulte raciste manquent de vocabulaire et bavent d’envie ?
Quand Sarkozy jouait « massacre à la poinçonneuse »
Vouloir
faire « peuple », tout en se vautrant dans le luxe que permet la
fortune, voilà qui n’a pas rebuté Sarkozy. Je me suis toujours demandé
s’il parlait aussi mal, dans la vraie vie, ou si son relâchement verbal
n’était qu’un artifice pour les ondes. J’ai relevé, durant le règne de
ce lamentable président quelques phrases assez typique de son style,
quand il n’était pas accompagné par la plume de Guaino.
-« ils y ont le droit, ils y ont le droit »
-«
Vincent Bolloré m'a dit : “Viens passer trois jours sur mon bateau”, et
comme il est gentil et qu'il savait que ma famille battait de l'aile,
il m'a dit : “Peut-être que ça va arranger les choses.” [...] Comme une
partie de mon cerveau était consacrée à sauver autre chose, je n'ai pas
impacté le poids du symbole. »
-« Je n'avais d'ailleurs pas
l'intention de le toucher, son physique n'était pas tellement agréable
que j'avais l'intention d'aller au contact »
-« Si y en a que ça les démange d'augmenter les impôts, [...]. »
-« On se demande c'est à quoi ça leur a servi toutes ces années pour avoir autant de mauvais sens ! »
Que
vouliez-vous que cet inculte aille faire dans la galère d’un pays
d’art, d’idées, de créativité ? Sinon le vendre à l’unique de la pensée
néo-libérale.
Pour en terminer…
Si je veux raconter un souvenir ancien où je tenais un espace dédié aux métiers d’art, et que ça prenne cet aspect…
I’m
petting un câble… Because I’m standing sur un stand in a big
exposition. And the public is des personnes, pas des pipoles, qui are
releving bien plus de “radio ale soccer” que de Château Of Versailles.
Encore que… And I’m very tired, pas tirée, ni les traits, ni le reste.
I’m chauffing sous le sun and I can pas aller drink a coup tranquillou.
I’m alone sur mon stand. And I have très chaud. I’m debout on my feet
all the day depuis plusieurs days.
It is the crisis. The persons
pinaillent. Elles s’exclament : “Oh ! Il’s beautiful ! Zehr schön !
Mziane ! etc… !”. But the porte-monnaie are closed. Very closed. People
are preferring buy dix merdes chez O’Champ plutôt qu’une nice chose in
the exposition. For the same price. Problem de pédagogie ? de Society ? I
don’t know. I think in my little tête : “Problem de publicity – Society
de crazy consummation”.
Bon. Now, tout de suite, d’abord, I have
taking five minutes to eat un bout. Et comme I’m alone, I’m ecouting my
voisins. Pauvre word ! Poor monde !
-“ Moi j’ai travaillé avec André Putmann…”
-« Moi, je connais Christian Lacroix… »
I’m
going to penser : « Vas-y bonhomme ! Pérore ! Tu vas, peut-être,
arriver à jumper in the bed with the dame… ». I’m rigoling. For me,
French bonne femme inadaptée, je trouve the commun of mortels very
strange. I’m dising to me, about the saumon qui is dragging the dame :
“Et la gentillesse… la simplicité… As-tu try ?”. I know, ich bin
incohérente. Mâ liche. And I don’t like the veau farci. But c’est the
only menu possible.
Et alors ?
Franchement ?
Peut-on imaginer qu’un jour il nous naisse un nouveau Camus, ou un
nouveau Proust ? Avec un tel globish ? Il faut sauver la langue
française ! Parce que la pensée unique ET anglo-saxonne est extrêmement
pauvre. Sans, évidemment, nier les grands auteurs anglais qui doivent,
les malheureux, faire les ventilateurs au fond de leur tombe. Où l’on
tire la langue vers le bas pour tirer les bénéfices vers le haut…
[Source : www.lekiosqueauxcanards.fr]
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