De retour d'un mois de vacances hispanophones
(il n'y a pas que l'anglais dans la vie) à Buenos Aires, je vous propose
une liste non-exhaustive de mots nouveaux (ou d'acceptions nouvelles)
glanés là-bas (pour cause de clavier français il y manquera les accents)
et pas encore répertoriés dans le dictionnaire en ligne de l'Académie
Royale Espagnole
(bien plus riche et ouvert que celui de nos quarante vieux débris).
"el aporte": euphémisme désignant les paiements à effectuer
régulièrement au commissariat du quartier pour éviter divers
désagréments: un ami argentin m'a expliqué que son frère se faisait
régulièrement piquer/déplacer sa voiture dans Palermo (quartier
résidentiel tendance bobo) jusqu'au jour où il a compris qu'en allant
faire un "aporte" de 50 pesos par semaine au commissariat du coin, son
problème serait résolu... Hé oui, à Buenos Aires le racket policier est
une vieille tradition...
"un arbolito": un changeur d'argent opérant illégalement (mais de
manière tolérée) dans la rue ; ils sont ainsi nommés parce qu'ils ont
des feuilles vertes (des dollars) qui leur poussent au bout des doigts.
Depuis quelques mois, ces "petits arbres" ont réapparu en masse dans les
rues piétonnières du "microcentro" (Lavalle et surtout Florida) criant
inlassablement: "Cambio... Cambio... Dolares... Euros... Reales...". Les
"arbolitos" repeuplent les rues à chaque période de tension financière
(je les avais découverts lors de mon tout premier séjour à Buenos Aires, il y a déjà presque un quart de siècle; c'était au temps de
l'hyperinflation: le jour de mon arrivée le dollar était à 1500
australes; le lendemain il était passé d'un coup à 4500 australes, mais
les banques avait fermé et il fallait donc s'adresser aux "arbolitos".)
"las botineras": les groupies des joueurs de football (avec peut-être
un jeu de mot sur les deux sens de "botin", "chaussure" et "butin").
"un cristinista": un partisan (généralement inconditionnel) de l'actuelle présidente Cristina Fernandez de Kirchner.
"una cueva": un bureau de change clandestin gérant les "dolares blue" et "euros blue".
"el dolar blue": les dollars sont verts comme chacun sait, les
dollars bleus sont donc des dollars bien réels (tout aussi verts que les
autres) mais échangés sur le marché noir (avec une surcote de 50 à 60%
par rapport au taux officiel).
"una entradera": une agression à main armée d'une personne en train de rentrer chez elle.
"el farandulismo": la frivolité médiatique; "la farandula"
(corruption de "farandola") désigne collectivement les milieux du
spectacle et des médias (ce que l'on appelle en franglais bien de chez
nous les "pipeules").
"un gorila": un réac (plus précisément un anti-péroniste de droite;
ce qualificatif péjoratif date des années 50 et provient des paroles
d'une chanson de l'époque; le "gorila" le plus célèbre de l'époque était
J-L Borges) ; en ces temps de fort clivage entre kirchneristes et
anti-kirchneristes, ce qualificatif fait un retour en force.
"un marcador": délinquant traînant à l'intérieur d'une banque et
chargé par ses complices de marquer à la craie le vêtement ou le sac de
personnes venant retirer une grosse somme en liquide.
"un motochorro": un voleur à l'arraché opérant en moto.
"una salidera": agression d'une cible désignée par un "marcador".
"un seisieteochero": un partisan du gouvernement actuel (à cause de
l'émission pro-gouvernementale 6-7-8, diffusée chaque soir sur la chaîne
publique Canal 7).
L'expression à la mode en ce moment dans les médias et les commerces est: "Es lo que hay".
Ce sera donc tout pour aujourd'hui comme disaient les Shadoks
[Source : blogs.mediapart.fr/blog/michel-delarche]
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