Selon le Ministère Public, le député Jair Bolsonaro,
s’insurgeant de ne pas avoir le droit de pêcher dans une zone de
préservation écologique, réclame « un véritable blanc-seing en
Justice ». Une demande « impensable » du point de vue juridique et qui
montre que la conscience écologique de certains députés brésiliens
manque de maturité.
Bras de fer avec la justice
Le député du Parti Populaire a entamé un véritable bras de fer avec
les entités de protection de l’environnement, sous le prétexte de
soutenir les pêcheurs de la région de la Costa Verde. Le parlementaire a
sollicité un mandat de sécurité auprès de la Justice Fédérale, afin
d’autoriser la pêche dans la zone écologique préservée de Tamoios, à Angra dos Reis. Or, dans cette zone, toute
intervention humaine a été interdite. Une enquête a par ailleurs été
ouverte à l’encontre du député pour crime environnemental.
« Ce mandat de sécurité est personnel, destiné uniquement à lui.
S’il avait voulu aider d’autres personnes, il aurait choisi une action
populaire, par exemple, ou une action civile publique au nom d’une
association. Les pêcheurs ont des associations, mais aucune n’a fait de
demande », affirme le procureur de la République, Mauricio Manso.
C’est suite à une amende de 10 000 R$ (4000 euros) de l’Institut
Brésilien de l’Environnement (Ibama) pour pêche illégale, que le député a
initié son bras de fer en justice. « Nous étions en patrouille
lorsque nous avons croisé l’embarcation du député, qui a refusé de
s’identifier. Mais nous l’avons reconnu immédiatement. Il s’est montré
arrogant et prétentieux », rappelle le chef du bureau de l’Ibama à Angra, José Augusto Morelli.
La communauté des pêcheurs nie tout soutien
Le député affirme avoir été humilié par les surveillants, et souligne qu’il n’y a pas de signalisation sur l’Ile de Samambaia :
« Ces gens de l’Ibama sont arbitraires. J’avais juste une canne à
pêche, pas de harpon, je n’étais pas à bord d’un chalutier. Ce qu’ils
font est absurde. Il y a près de 15 000 humbles pêcheurs que l’on
empêche de travailler dans la zone. J’attrapais juste quelques gorettes
blanches. J’aurais pu en acheter à la poissonnerie, mais je voulais
exercer ma passion. J’ai une maison là-bas, simple, pas comme celle
d’autres collègues. Même si je sais que la pêche n’est pas autorisée
là-bas, car j’ai fait une demande auprès du Ministère de la Pêche, je
trouve cette interdiction absurde ».
Alors qu’il prétend défendre les pêcheurs, le président de la
Communauté des Pêcheurs Z18 de Paraty, Márcio de Alvarenga Oliveira, nie
tout soutien de la part du parlementaire : « Nous luttons pour les
droits des pêcheurs nés dans la région, qui font vivre leur famille
grâce à la pêche artisanale. Nous avons 1 100 associés. Nous sommes des
professionnels et, grâce à un accord avec l’Esec Tamoios, nous pouvons
pêcher à certains endroits précis, sans porter atteinte à
l’environnement. Ce Mr Bolsonaro, dont je n’aime pas citer le nom,
s’insurge parce qu’il a été pris en flagrant délit de dégradation. Mais
il ne nous représente pas », affirme Márcio.
Deux projets de loi dans la région
Deux projets de loi ont été déposés par des députés locaux, afin
d’autoriser la pêche artisanale et amateure dans la réserve de Tamoios.
Pour Monique Cheker, procureur de la République, ces deux projets sont
inconstitutionnels et représentent un retour en arrière. « Il y a d’autres îles où la pêche est autorisée, pourquoi le faire dans une unité de protection intégrale ? » soutient-elle.
Régis Pinto de Lima, chef de l’Esec Tamoios, rappelle l’origine de cette réserve et son rôle:
« Elle a été créée comme une sorte de compensation au programme
nucléaire brésilien. Si un accident devait se produire dans l’usine
nucléaire d’Angra, c’est dans la réserve que les chercheurs viendront
étudier les impacts environnementaux et inverser le processus. »
[Photo : ©Wilson Dias/ABr - source : www.greenetvert.fr]
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