Jean-Philippe Teboul, fondateur du cabinet de
recrutement Orientation Durable, livre quelques conseils pour se lancer
dans ce secteur.
Par Elodie Vialle
Youphil : Le développement durable séduit, mais reste parfois difficile à cerner. Quels métiers peut-on exercer si l’on souhaite travailler dans ce secteur?
Jean-Philippe Teboul : Il existe une bonne dizaine, voire une vingtaine de métiers très différents qui touchent au secteur du développement durable. [Voir la liste de ces métiers].
Un candidat qui voudrait travailler dans ce secteur doit d’abord se
demander quel métier il veut faire: auditeur, vendeur, commercial, etc.
Il doit réfléchir ensuite à la manière dont il va intégrer le
développement durable dans ce métier-là. Par exemple, si vous faites de
l’audit environnemental, vous devez avant tout aimer l’audit!
Le souci aujourd’hui, c’est que l’on a d’un côté des gens qui se
positionnent en experts généralistes du développement durable, et de
l’autre des recruteurs qui privilégient ceux qui maîtrisent avant tout
un métier précis.
Sur ce point, l’évolution est plutôt positive du côté des écoles, car
elles cessent peu à peu de proposer des masters développement durable
généralisés et se spécialisent.
Nous avons fait une photographie du marché à une date donnée, le 15
octobre 2012. On a recensé 1293 offres d’emplois dans les énergies
renouvelables à ce moment là, ce qui fait de ce secteur, avec celui de
l’efficacité énergétique, l’un des plus gros pourvoyeurs d’emplois dans
le domaine du développement durable.
Concernant les énergies renouvelables, les commerciaux sont les plus
recherchés, ce qui montre que pour l’instant, le secteur est en train de
chercher des marchés.
Quant au secteur de l’efficacité énergétique, il bénéficie d’une législation favorable et permet de faire des économies sur le court terme.
En revanche, l’Investissement socialement responsable (ISR),
dont l’encours n’a cessé de progresser ces dernières années, ne propose
paradoxalement que très peu d’offres d’emploi, une dizaine. Dans ce
domaine là, on recherche principalement des analystes financiers.
Quels sont les profils qui seront recherchés demain dans le développement durable?
Il est fort probable que les jeunes travaillent beaucoup plus dans
les énergies renouvelables à l’avenir, car on sort peu à peu des
énergies fossiles... même si on ne sait pas encore combien de temps cela
prendra.
Il y a de faibles chances qu’ils travaillent dans la RSE
(responsabilité sociale des entreprises), en revanche il y a de fortes
chances qu’une partie de leur poste soit en lien avec le développement
durable.
Ils pourront être aussi amenés à rejoindre le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) et celui des ONG. Aujourd’hui, de nombreux candidats postulent au sein de ces organisations, mais ils n’ont pas toujours le bon profil.
Ce sont soit des cadres qui viennent du privé et ne maîtrisent pas
les spécificités de l’ESS, comme par exemple le fait de gérer des
salariés militants, ou d’intégrer l’intérêt général dans leur modèle
économique... Ou bien des personnes qui n’ont fait que de l’associatif
et qui n’ont pas de culture économique, de management, et sont même
parfois dans le rejet de la culture du résultat.
Le profil intéressant - et rare ! - est donc celui qui mêle les deux,
sait prendre des décisions pour une entreprise tout en intégrant
l’objectif social.
> Lire l'étude : Comprendre le marché de l’emploi du développement durable et de la croissance verte [pdf]
[Photo: Manel/FlickR - source : www.youphil.com]
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