Un rapport du ministère des Affaires étrangères expose les liens entre coopération scientifique et présence dans le monde, et les approches de la France dans ce domaine.
Par Thierry Noisette
La coopération scientifique est un élément clé de la politique étrangère de la France, expose le ministère des Affaires étrangères:
« Avec la mondialisation et la montée de nouveaux enjeux économiques et sociétaux tels que le changement climatique, l’émergence ou la réémergence de maladies liées souvent à la pauvreté, la pénurie d’énergie, l’accroissement des besoins en eau, la sécurité alimentaire, les crises économiques, les États ont de plus en plus souvent recours à la ressource scientifique.Principal facteur de développement économique et social, la recherche permet également d’éclairer les débats internationaux sur ces questions au sein des grandes instances multilatérales. »
Pour présenter les objectifs et moyens de cette action, le Quai d’Orsay publie (PDF) un rapport intitulé « Une diplomatie scientifique pour la France » (PDF).
L’utilisation de la science est un moyen d’influence, parmi ceux que l’on range dans le « soft power », expose l’introduction du rapport, citant l’exemple américain (voir aussi cet exposé de l’Adit en 2010).
Cependant, la coopération scientifique internationale « trouve avant tout sa justification dans l’accroissement de la connaissance qu’elle permet. En outre, un récent rapport (PDF) de la Banque mondiale sur ‘la construction de sociétés de la connaissance’, tend à montrer que le principal facteur de développement économique et social est, aujourd’hui, la promotion et l’application des savoirs. »
Le rapport souligne un contexte de forte compétition mondiale:
« La recherche française, 5e au monde en 2009 en termes de dépenses (42,7 milliards d’euros, soit 2,26% du PIB) et 6e en termes de publications (avec 4,1% des publications mondiales), doit faire face à une compétition internationale intensifiée.Si les pays développés représentaient 83% des dépenses de R&D au sein du G20 en 2002, cette part n’était plus que de 76% en 2005. La percée spectaculaire des pays émergents, notamment les BRICS (Brésil–Russie–Inde–Chine–Afrique du Sud) mais aussi les CIVETs (Colombie–Indonésie–Vietnam–Égypte–Turquie), redistribue les cartes sur la scène scientifique mondiale.Les capacités scientifiques de ces pays, qui mettent d’importants moyens au service de politiques publiques de promotion de la recherche et de l’innovation, ont nettement progressé: entre 2002 et 2008, la part de la seule Chine dans les publications scientifiques mondiales a doublé, passant de 5,2% à 10,6%. Ce pays occupe désormais la 3e place au monde (2e en parité de pouvoir d’achat) en termes de dépenses de recherche (102 milliards de dollars) après les États-Unis et le Japon.
Parmi les actions mises en avant, le rapport mentionne entre autres l’aide à la mobilité des chercheurs français, ainsi que la coopération avec les pays de l’OCDE ainsi qu’avec les pays émergents. Il cite la mise en place de fonds conjoints de financement avec les plus grandes institutions de recherche américaines (Stanford, Massachussets Institute of Technology, Berkeley Université de Chicago).
Parallèlement, la mise en place d’un titre de séjour scientifique rénové en 2008 « a visé à simplifier l’accueil de chercheurs étrangers en France. Au total, plus de 48.000 chercheurs étrangers sont annuellement employés en France, tandis dont environ 25.000 doctorants » (NB: à lire la fin de ce billet d’un chercheur du CNRS, qui précisément relève l’accueil déplorable d’étudiants étrangers, la France pourrait faire mieux… les pages 14 et 15 du rapport en conviennent d’ailleurs).
Autre axe souligné par ce rapport:
la place donnée « au développement des grands instruments de recherche en physique et en astronomie, et depuis peu, aux bases de données, aux bibliothèques et aux réseaux partagés de calcul, tant français comme le Grand accélérateur national d’ions lourds (GANIL), qu’européens comme le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) ou l’Observatoire austral européen (European Southern Observatory – ESO), ou mondiaux comme le programme international de réacteur thermonucléaire expérimental (International Thermonuclear Experimental Reactor – ITER) ou de super télescope ALMA (Atacama Large Milllimetre Array), est un atout essentiel pour le maintien de la qualité et de la compétitivité de notre recherche et de notre économie. »
L’archéologie, une science qui permet de maintenir des échanges
Le rapport relève que la recherche peut être un moyen de dialogue « quand la diplomatie traditionnelle trouve ses limites ».
Il met en exergue l’exemple de la recherche en archéologie: « Moins sensible que d’autres secteurs de la recherche, cette discipline, qui témoigne par nature d’un intérêt très apprécié par les pays hôtes pour leur patrimoine et leur histoire et permet la mise en place de véritables projets de valorisation et d’attractivité des territoires, s’avère particulièrement propice à la reprise ou au maintien de la communication dans le cadre de relations bilatérales délicates. »
Sont cités comme exemples des travaux d’archéologie en Libye, en Iran, en Ouzbékistan et en Afghanistan.
Le rapport mentionne aussi l’émergence de groupes de travail à l’échelle mondiale:
« Partant du constat de la nécessité de mutualiser des moyens scientifiques importants sur des problématiques mondiales nouvelles et complexes, la création de groupes internationaux tels que le GIEC sur le climat ou bientôt l’IPBES (Intergovernmental science / policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) sur la biodiversité, chargés de résumer les débats et de formaliser le consensus scientifique mondial afin d’éclairer les discussions des politiques, crée une relation inédite entre science et diplomatie. »
[Source : www.smartplanet.fr]
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