Autrefois très populaires, aujourd'hui les festivals sont en perte de vitesse
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| Le festival Jazz May. |
Écrit par guest contributor - traduit par Rodrigue Macao
La Journée internationale du jazz, fixée au 30 avril, a été initiée par l'UNESCO en 2011 pour « mettre en avant le jazz et son rôle diplomatique d'unification des peuples partout dans le monde ». Le média indépendant Novaya Vkladka a étudié différents festivals de jazz en Russie et ce qu'ils étaient devenus.
Certains ont cessé d'exister après le début de la guerre avec l'Ukraine, tandis que d'autres continuent leurs activités, bien souvent dépendant des subventions locales. Global Voices a traduit l'article, l'a édité pour plus de clarté et l'a republié avec la permission de « Novaya Vkladka ».
Le festival Jazz May
Tenu à Penza tous les ans depuis 2011, le festival reçoit de grands noms de la musique internationale, venant des États-Unis, d'Europe, ou encore de Russie.
Depuis 2022, Jazz May est organisé par le ministère régional de la Culture, Penzakoncert, et les fondateurs ne font plus partie du comité d'organisation. Après le début de la guerre, le festival a perdu son statut international, et les artistes étrangers furent remplacés par des musiciens venant de la République populaire de Lougansk, un territoire ukrainien occupé par la Russie. En 2023, les fondateurs du Jazz May ont créé le festival Koshkin Jazz, un festival qu'ils qualifient « déstressant ». Le festival s'est déroulé en juillet à Oulianovsk, Samara et Penza, grâce au soutien d'un programme de financement du gouvernement, la « Bourse présidentielle de Soutien à la Culture ».
Les organisateurs pensent que ce nouveau festival pourrait apporter « une bouffée d'air frais ». Et d'après les messages postés sur les réseaux sociaux, les avis sont plutôt positifs. Malgré le manque global de musiciens, les organisateurs pensent avoir assez bien introduit le public à différents groupes russes.
Oleg Rubtsov, organisateur, explique :
Cependant, le Koshkin Jazz n'aura pas lieu en 2024. En effet, les organisateurs n'ont pas fait de demande de renouvellement, à cause « de la fatigue ressentie » : l'équipe dit ne pas avoir terminé le compte-rendu demandé par le programme de financement. Olga Pripisantseva, coorganisatrice, explique :
Le festival Kaliningrad City Jazz
Tenu à Kaliningrad tous les ans depuis 2006, ce festival sollicite la venue de différents artistes russes, européens, ou encore des américains. La célèbre chanteuse Zaz était, par exemple, à l'affiche du festival en 2015.
Mais bien que le festival Kaliningrad City Jazz se qualifie toujours d'international, le programme n'est plus aussi attrayant depuis la pandémie de la COVID-19, et presque plus aucun artiste étranger n'y participe.
Ceci dit, plusieurs musiciens d'Europe, de Géorgie ou encore de la République du Congo s'y sont produits lors de l'édition 2023. Lors d'une interview, Andrey Levchenko, le producteur du festival, avait tenté d'expliquer pourquoi la pandémie avait fait fuir les artistes internationaux. Il a ensuite fait connaître la joie des organisateurs de revoir ces artistes.
Le Festival Usadba Jazz
L'un des plus grands festivals de Russie. Débuté en 2004 dans le domaine d’Arkhangelskoïe, dans la région de Moscou, le festival s'étend en 2017. Il sera alors simultanément tenu à Voronej, Iekaterinbourg, Sotchi, Saint-Pétersbourg et Moscou. Le festival est pensé pour profiter de la musique en plein air, et les organisateurs ont toujours fait un effort sur la programmation, en invitant des artistes du monde entier. Parmi les têtes d'affiche figuraient non seulement des artistes de jazz célèbres, mais aussi, par exemple, le groupe de hip-hop Black Eyed Peas et le chanteur Ivan Dorn. La dernière édition du Usadba Jazz remonte à juin 2019, dans le village de Kolomenskoïe. Le festival n'avait pas pu être tenu en 2020 et 2021 en raison de la pandémie, et le groupe VK (réseau social populaire en Russie) du festival n'affiche toujours qu'un post reportant l'édition 2021 à l'année 2022. Bien que ces messages soient les derniers postés par le festival, nous pouvons tout de même retracer le parcours de la présidente et créatrice du festival Maria Syomushkina via ses réseaux sociaux. Après le début de la guerre en Ukraine, cette dernière aurait créé Music Saves the World, un projet regroupant divers artistes et ayant pour but de défendre la paix par le biais de la musique. Ce marathon musical a pris place en Arménie, au Monténégro, en Géorgie et au Royaume-Uni. Une partie des ventes de tickets fut reversée à des artistes réfugiés.
Le festival SibJazz
Novossibirsk est souvent considéré comme la capitale du jazz de la Sibérie, et la ville possède également son propre festival qui faisait autrefois appel à des artistes internationaux. Le festival fait partie du soi-disant « Projet National Culturel », sponsorisé par l'État. En 2021, Yuri Zimnyakov, le député régional du ministère de la Culture de Novossibirsk, a affirmé que si le gouvernement soutenait autant le festival, c'était pour « faire découvrir au public des artistes de Russie et du monde entier ». En 2023, l’affiche du festival n'était cependant presque faite que d'artistes russes.
Bien d'autres festivals, qui pourtant représentaient l'union d'artistes russes et étrangers, ont connu ce tragique destin. C'est le cas du festival Jazz on Baikal de la ville d’Irkoutsk. Tenu depuis 2006 grâce au soutien de la « Bourse présidentielle de Soutien à la Culture », le festival avait pour habitude d'inviter des artistes venant des États-Unis, du Brésil, du Japon et d'Europe. Le festival n'invite aujourd'hui plus que des artistes locaux ou venant d'autres régions de Russie. Jusqu'en 2021, des musiciens originaires de New-York pouvait se représenter aux côtés d'artistes russes au festival Jazz over the Volga à Iaroslavl. D'autres festivals de la région continuent de se faire appeler « internationaux » malgré le fait que seuls des artistes russes ne s'y représentent. C'est le cas du festival Jazz Fever à Perm et du Sochi Jazz Festival qui ne font plus appel à des artistes internationaux depuis 2022.
[Photo : Donatas Dapkus. CC BY-SA 3.0 - source : www.globalvoices.org]
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