Dans sa conquête méthodique du monde, Amazon poursuit le développement de Crossing, filiale de la branche éditoriale Amazon Publishing, avec un segment jeunesse. Crossing est dédié à la traduction, ce qui laisse comprendre quel sera le déroulé.
Hamid Najafi, CC BY ND 2.0 (photo d'illustration)
Écrit par Clément Solym
Jusqu’à présent, la diffusion de littérature jeunesse se concentrait dans les publications opérées via Two Lions, branche que dirige Kelsey Skea. Maintenant qu’elle a également en charge la branche Crossing Kids, ce sont de nouvelles parutions qu’il faudra attendre.
Trois titres, pour conquérir la jeunesse anglosaxonne
Pour certains, c’est l’opportunité de nouveaux contrats de traduction, mais avant tout, Crossing Kids représente une ouverture vers le marché de langue anglaise. En fusionnant Crossing Kids avec Two Lions, Milkyla Bruder, le patron d’Amazon Publishing se frotte les mains.
« Que ce soit un titre avec une thématique universelle, une orientation artistique spécifique ou une approche culturelle locale, notre catalogue englobera un large éventail de perspectives, de styles et de personnages, qui célébreront ce qui nous rend uniques autant que ce qui nous réunit », explique-t-il dans un communiqué.
Trois ouvrages inaugurent immédiatement la nouvelle collection : un titre traduit par Daniel Hahn du portugais (brésilien), de Fernando Vilela, illustrateur et auteur. Le deuxième est de Michael Engler, illustré par Joëlle Tourlonias, une traduction du néerlandais par Laura Watkison. Le dernier, écrit et illustré par Ilaria Guarducci, également traduit par Laura Watkinson, vient d’Italie.
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Chose notable : Crossing Kids accepte désormais les propositions de manuscrits venant de toutes les langues qu’il sera possible de traduire en anglais. Et ce, que l'on soit une maison d'édition ou auteur indépendant.
10 millions $ sur cinq ans, la jeunesse, dernier pré-carré
Selon les données de l’Association of American Publishers, le marché de la jeunesse (intégrant toutefois le Young Adult), a connu une croissance de 3,7 % sur la période janvier / novembre 2018, en regard de 2017. Soit un chiffre d’affaires de 1,960 milliard $. Suffisant pour convaincre Amazon que la jeunesse est l’avenir du commerce.
La firme avait déjà ouvertement démontré son intérêt pour la traduction, annonçant en décembre 2015 son projet d’investissement massif. Pas moins de 10 millions $ allaient être injectés dans le Crossing – ce qui allait, par conséquent, conforter sa place de premier traducteur de fiction aux États-Unis.
Sur l’année 2015, 75 titres avaient été traduits – un paradoxe alors qu’à l’époque, les chiffres indiquaient une radicale diminution du nombre de livres traduits. Les 10 millions $ allaient servir à rémunérer les traducteurs, sur un programme de 5 années, qui touche progressivement à sa fin. L’apparition de Crossing Kids devenant la dernière extension de cette stratégie.
Lancé en 2010, Crossing avait toutefois fait vivement réagir les organisations de traducteurs.
Le 8 décembre dernier, le CEATL (Conseil Européen des Associations de Traducteurs Littéraires), mettait en garde le Commissariat européen à la Culture sur la façon dont la précarisation des auteurs et traducteurs pouvait également encourager à leur proposer des traitements abusifs, en prenant l'exemple d'Amazon. « Amazon ou Harper Collins Nordic, par exemple, pratiquent le dumping en termes de tarifs, et proposent des contrats d'inspiration anglo-saxonne », confiait sa vice-présidente, Cécile Deniard.
[Source : www.actualitte.com]
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