segunda-feira, 6 de agosto de 2018

Ni rejet, ni fausse tolérance !

Écrit par Rav Elie Kling
Les Homos.

Comment peut-on en parler ? Ce n’est pas simple. Surtout si, comme moi, tu es barbu, kipoté et tu travailles dans l’éducation juive.

Mais comment ne pas en parler lorsque régulièrement, et surtout en ce moment, ils sont au cœur de l’actualité (même si tu es bien conscient que la place qu’ils occupent au centre de la scène médiatique est disproportionnée eu égard aux autres problèmes auxquels notre cher pays est confronté. Et que cette disproportion est sans doute voulue et encouragée…)

Alors, parlons-en et commençons par rappeler l’évidence.

L’espèce humaine, comme le genre animal, ne peut se reproduire que si le mâle et la femelle se rencontrent. Aucune percée technologique ne pourra changer cette vérité inscrite dans les lois de la nature : “c’est mâle et femelle qu’il les a créés” (Béréchit 1,27) et c’est de cet accouplement dont dépend le développement du monde. Si le monde était universellement homosexuel, il s’éteindrait en une seule génération. On ne peut donc pas considérer l’homosexualité et l’hétérosexualité de la même manière. La seconde participe au développement de l’univers. La première non. Rajoutons que pour le Rav Ouri Cherki par exemple, il y aurait à la base de l’interdit thoranique la perception que dans la relation homosexuelle se manifeste l’attirance vers son semblable et donc le refus de l’Altérite. Or c’est précisément cette recherche de l’Autre qui fait toute la grandeur de la rencontre Homme/Femme. Quoiqu’il en soit, une certaine dictature de la pensée unique fait qu’énoncer cette évidence ou exposer cette analyse est parfois déjà perçu comme de l’homophobie. C’est regrettable et ne s’inscrit certes pas dans l’esprit de tolérance dans lequel les homosexuels militants aiment à se présenter. De la même façon, lorsque le grand rabbin de Jérusalem, Rav Arié Stern, en choisissant ses mots avec beaucoup de tact, ose émettre des doutes sur les effets que la Gestation par autrui pourrait produire chez les enfants nés de parents homosexuels (et il y aurait en effet beaucoup à dire sur la légalisation de la GPA et ses conséquences, mais ce n’est pas le sujet de cet article), il a droit à un lynchage politique et médiatique en règle de la part de ces mêmes champions autoproclamés de la tolérance: “un Rav extrémiste qui a dû surement parler des méfaits de la haine gratuite à ses élèves le jour de ticha beav avant de s’y complaire à l’issue du jeûne”, s’indigna ainsi la chef du parti Merets.

250 rabbanim ont cru bien faire en prenant publiquement la défense du Rav Stern et ils ont eu raison : le défendre, c’était défendre le droit d’exprimer une opinion qui ne va pas dans le sens de la pensée unique que voudraient nous imposer les “tolérants”. Le problème est qu’à un moment le texte a dérapé. Au lieu de se contenter de défendre Rav Stern, il a fini par traiter les homosexuels en général de “sotim”. Le terme, en hébreu, ne signifie pas seulement “déviants”, mais aussi dévoyés et même pervers. Est-il si difficile de condamner l’offense sans offenser soi-même ? (Pour en avoir discuté directement avec quelques signataires, je dois d’ailleurs vous dire que certains d’entre eux se désolidarisent de ce terme, d’autres affirment ne pas l’avoir remarqué au moment où on leur a demandé de signer… Tout celui qui sait comment on organise une pétition, peut comprendre aisément que de tels incidents ont en effet pu se produire). Ce ne sont pas des “sotim”. Certes pendant longtemps, on l’a cru. Et pas seulement chez les rabbins. Voltaire y voyait “un vice destructeur du genre humain et un attentat infâme contre la nature”Kant le rangeait lui aussi dans la série des actes contre-nature au même titre, ajoutait-il, que la zoophilie. Ne serait-ce que parce que la pratique homosexuelle contredit son fameux impératif catégorique de la Morale. Mais l’homosexualité est-elle innée ou acquise ? Cette question fait encore l’objet de vifs débats entre scientifiques et psychanalystes. Pourtant lorsqu’un jeune homosexuel vous raconte qu’aussi loin qu’il puisse se souvenir, il n’a jamais ressenti de tendance pour le sexe opposé, il parait difficile de prétendre qu’il n’est pas né ainsi. Il est vrai que pour la Thora, le fait que la tendance soit innée ne “cachérise” pas la pratique homosexuelle. L’homme doit dominer son instinct même si c’est difficile, et pas seulement dans ce domaine. Mais cependant, cela ne fait pas de l’homosexuel un “soté” ! J’en connais au contraire qui sont certainement de grands tsadikim, aimants et craignants Dieu et essayant de vivre selon les préceptes de la Thora ! Qui sommes-nous pour les juger ou pour les condamner ? Sommes-nous surs qu’à leur place nous saurions résister à la tentation ? Faisons-nous la même grimace de dégout lorsqu’on apprend qu’un homme transgresse le chabbat (faute que la Thora considère pourtant avec la même gravité) ou lorsque nous croisons un Juif qui ne mange pas cachère (attitude que la Thora qualifie pourtant aussi de ‘toéva’)?

Faut-il rappeler que même un homo qui ne résiste pas à la tentation et passe à l’acte, reste astreint à toutes les autres mitsvot ? Et que nous avons donc vis-à-vis de lui le devoir de renforcer en lui l’amour de la Thora et des mitsvot et que, comme pour tous nos autres frères, nous ne pouvons le faire qui si nous l’aimons sincèrement et certainement pas en lui montrant notre hostilité ou notre dégoût ?

Nous sommes bien sûr, en droit de demander que l’on ne brandisse pas fièrement ses tendances sexuelles en défilant dans les rues de manière ostentatoire (reconnaissons toutefois qu’ils ne défilent pas de la même manière à Jérusalem qu’à Tel-Aviv, en choisissant dans le premier cas un itinéraire et des tenues vestimentaires bien moins provocateurs). Nous avons aussi le droit de réserver notre empathie aux seuls homos qui n’en font pas une idéologie. Mais tant que nous ne serons pas capables de faire la différence entre l’acte homosexuel condamné par la Thora et notre frère homosexuel qui a le droit de ne pas se sentir rejeté en franchissant le seuil de nos synagogues ou de nos maisons, nous n’aurons aucune chance de faire entendre notre voix et nous n’aurions d’ailleurs aucune autorité morale pour le faire. N’oublions pas non plus qu’une jeune fille de 16 ans a été assassinée il y a peine 3 ans par quelqu’un qui n’a pas su faire cette différence. Je ne voudrais pas tomber dans la démagogie en ayant l’air d’accuser tout le public religieux de cette détestation des homosexuels qui habitait l’assassin, mais force est de constater en lisant les réactions hystériques, insultantes, sans nuance et haineuses de certains d’entre nous dès que le sujet est abordé, qu’il y a encore beaucoup à faire avant de pouvoir donner des leçons de morale à autrui !

Je terminerais par un aveu. J’avais au départ songé à intituler ce texte : “Mes frères les homos”. Puis j’y ai renoncé. Parce que je sais que 80% des gens ne lisent que les titres et renoncent à lire le corps de l’article (merci de faire partie des 20% restants…). Et j’ai eu peur. D’une part d’être accusé par les uns de complaisance envers ces “abominables pervers” et d’autre part d’être récupéré par les autres pour un combat qui n’est pas le mien. Le jour où un barbu kippoté comme moi pourra intituler son texte: “mes frères, les homos”, sans crainte des réactions, nous aurons déjà beaucoup progressé.

Arrêtez-moi si je dis des bêtises….

[Source : www.lphinfo.com]

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