segunda-feira, 25 de setembro de 2017

La légitimation de la langue québécoise

Publié par s1allard
Autant le dire tout de go : c’est pas demain la veille que l’Office québécois de la langue française va se transformer en l’Office de la langue québécoise. Tant s’en faudrait. Avec le Ministère de l’éducation, l’OQLF est le grand garde-chiourme du bon parler français au Québec.

La norme selon l'Office québécois de la langue française

Dans cette vision autoritaire de la langue correcte au Québec, il y a une norme – LA norme. Tels l’appellent le français standard. Au Québec cette norme se caractérise, d’une part, par la référence constante au français européen ou international et, d’autre part, par le rejet systématique de l’influence à l’anglais. En outre, il y aurait dans cette norme du français québécois quelques québécismes acceptables, ce qu’on appelait autrefois les canadianismes de bon aloi.
Or il est évident qu’en dehors de cette prétendue norme unique – qui vise essentiellement la langue écrite – il y a la réalité des usages linguistiques très divers surtout de la langue parlée. Bien sûr il y a d’abord les faits de prononciation mais également des faits de discours qui caractérisent le français québécois parlé.
Même dans la langue écrite, il y a de nombreuses références culturelles, historiques et géographiques qui donnent une spécificité à la langue écrite d’ici. Quiconque a travaillé avec des étrangers francophones récemment arrivés au Québec sait combien les mêmes mots peuvent avoir des sens différents pour les uns et les autres.

Naissance de la notion de langue québécoise

Dans tout ça la notion de l’existence d’une langue québécoise n’est pas nouvelle. Faut-il se rappeler que le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron date de 1980. Malgré le grand mépris dont a fait l’objet cette œuvre de la part des dictionnairistes patentés québécois, il reste néanmoins le seul dictionnaire récent qui ait connu un énorme succès commercial et qui, faut-il se le rappeler, se vend encore de nos jours alors que tous les autres dictionnaires commerciaux de langue générale n’ont connu qu’une vie éphémère. Ce même Léandre Bergeron par ailleurs a publié en 1981 une Charte de la langue québécoise.
Je ne referai pas l’histoire sociale de l’évolution des gentilés Canadien, Canadien-français et Québécois, sans oublier Francophone. Disons qu’aujourd’hui on parle de cinéma québécois, de littérature québécoise, de société québécoise, etc. Et pourquoi pas langue québécoise pour désigner la langue d’origine française du Québec ? Après tout, les Catalans parlent catalan, les Français le français, les Russes le russe, les Chinois le chinois, etc. Évidemment, il y a les pays multilingues comme la Suisse, la Belgique ou l’Inde. Et il y a le cas intéressant des États-Unis, qui ont fait de l’anglais américain la forme dominante de l’anglais dans le monde.

On a déjà vu des traductions en québécois de dessins animés, de pièces de théâtre, d’extraits de la bible. Évidemment, il y a des gens qui crient enfer et damnation. Le québécois serait synonyme du joual, une langue négligée et anglicisée. Et pendant ce temps-là on assiste à l’étalage à la télévision de toutes les variétés et registres de langue. Que dire de la vague des émissions de téléréalité comme Star Académie, Un souper presque parfait, Loft Story, Occupation double et, le grand hit de l’heure, Barmaids ?

Livres pour l'apprentissage du québécois

Rien de bien nouveau jusque là si ce n’est le grand effort de représenter fidèlement la langue parlée. Par contre, ce que je trouve très frappant est la prolifération de livres et sites web pour l'enseignement de la langue dite québécoise sans complexe à des étrangers y compris des francophones. Voici quelques titres parlants :
  1. Les 1000 mots indispensables en québécois. (Marie-Pierre Gazaille, Marie-Lou Guévin), 2011
  2. Dictionnaire des expressions québécoises (Pierre DesRuisseaux), 2009
  3. Le parler québécois pour les Nuls  (Marie-Pierre Gazaille, Marie-Lou Guévin), 2009
  4. Le parler québécois (Claire Armange), 2016
  5. Quebecois-English/English-Quebecois Dictionary & Phrasebook (Renata Isajlovic , Isabelle Martin ), 2002
  6. French Fun: The Real Spoken Language of Quebec (Steve Timmins), 1995
  7. L'essentiel du parler québécois (Josée Simard), 2014
  8. Speak Quebec! (Daniel J. Kraus, Éric Godin), 2014
  9. Québécois (Jean-Charles Beaumont), 2013
Signalons que le 9e titre de cette liste est en fait une méthode d’apprentissage de la célèbre série Assimil. Enfin, ajoutons un autre titre où l’auteur n’a pas choisi d’utiliser le terme québécois.
  1. Learn Canadian French (Pierre Lévesque) 2017

Conclusion: la légitimation du québécois

Il me semble évident que nous assistons à la légitimation de l’idée de langue québécoise. Certes, au début le québécois c’est le français non-normatif, donc on privilégie l’usage argotique et populaire. C’est l’aspect le plus visible. Mais ces livres et sites web ne sont pas que des compilations de blasphèmes et gros mots. Ils se veulent tout simplement le reflet de la manière dont parlent les Québécois. Ces initiatives privées, faut-il se rappeler, répondent à la perception qu’il y a une demande pour ce genre de produits appelés ainsi.
Je me demande ce que pense l’Office québécois de la langue française de cette effervescence autour de la langue québécoise. J’imagine qu’il ne s’en offusque pas outre mesure. L’OQLF est un organisme d’état et n’est nullement sensible aux impératifs de marketing. Son rôle est de diriger et corriger un certain usage et non pas de décrire la langue générale.

[Source : etatslangue.wordpress.com]

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