Le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) a présenté l’exposition littéraire, éponyme et dense consacrée à Walter Benjamin (1892-1940) et accompagné d'un catalogue érudit (Klincksieck). Philosophe, historien d’art, critique littéraire estimé écrivant sur Gide, Valéry, les surréalistes, Julien Greene et Péguy, traducteur de Baudelaire et de Proust, cet intellectuel allemand victime du nazisme a pris soin d’assurer la pérennité de sa pensée en confiant ses archives à des amis à charge pour eux de les transmettre. Une obligation morale dont ils se sont acquittés avec rectitude. La pensée de Walter Benjamin « bénéficie aujourd’hui d’un rayonnement international rare pour une œuvre aussi exigeante ». Le Jewish Museum présente l'exposition The Arcades: Contemporary Art and Walter Benjamin.
Publié par Véronique Chemla
Walter Benjamin est l'un des philosophes et critiques les plus importants du XXe siècle, et son destin particulièrement tragique : il s'est suicidé à la frontière franco-espagnole le 26 septembre 1940, craignant d'être livré aux nazis et envoyé à la mort.
Cette exposition vise à « montrer la manière dont le penseur allemand organisait, préservait et inventait ses propres archives à mesure de ses recherches », notamment ses échanges épistolaires avec des figures majeures intellectuelles européennes.
Matériaux, supports, objets ou écrits – manuscrits, tapuscrits, cartes postales, carnets de notes, enveloppes, tickets, photographies, coupures de presse, registres, fichiers, répertoires, carnet d'adresses, paperolles, etc. Réunis en 22 sections, tous « témoignent d’une exigence constante chez Walter Benjamin : arracher à l'oubli une pensée en devenir et en organiser le sauvetage, qu’il s’agisse de sa propre pensée, de celle de ses proches ou de pans entiers de l'histoire négligés ». Ils montrent les soutiens de Walter Benjamin – Adrienne Monnier et des revues (Cahiers du Sud, Europe) -, ses tentatives pour être reconnu dans le milieu littéraire parisien, ses séjours en Espagne, en Italie ou au Danemark, ses relations avec les autres exilés (S. Kracauer, Arthur Koestler), les écrits (Livre des Passages) de ce voyageur européen et arpenteur de Paris, observateur de paysages urbains contemporains, visiteurs de musées.
« On m’a demandé un monument à Port-Bou en hommage à Walter Benjamin, je préfère dire un hommage. J’ai cherché le meilleur endroit, j’étais vraiment hésitant. Et puis, j’ai pensé qu’il devait être près du cimetière. Walter Benjamin n’était certes pas venu à Port-Bou pour cela, pour y être enterré. Mais le fait est qu’il y fut enterré, sans l’avoir voulu. J’ai regardé autour de moi, j’ai vu ce tourbillon au pied de la falaise, j’ai pensé : c’est vraiment l’histoire de cet homme. Ce tourbillon a été le premier point de mon projet », a expliqué Dani Karavan, auteur de Passages, sculpture monumentale réalisée à Port-Bou (1990-1994) en hommage à Walter Benjamin.
Des archives qui témoignent d’une pensée critique en mouvement. « Collectionneur, archiviste de ses pensées et écrits, Walter Benjamin forgea ses propres outils de réflexion, ses méthodes particulières d’investigation pour questionner des objets de recherche rarement abordés jusqu’alors. De son étude sur le drame baroque allemand au travail sur les passages parisiens, son œuvre dessine un rapport inédit au livre, à l’archive, à l’image ou à la citation ».
Une formation berlinoise
Walter Benjamin nait à Berlin en 1892 dans une famille juive assimilée. Son père, Emi Benjamin est un home d’affaires et collectionneur.
Il suit sa scolarité à la Kaiser-Friedrich-Schule dans le quartier berlinois de Charlottenburg (1901-1912), puis au Landerziehungsheim de Haubinda (Thuringe), une école aux méthodes progressistes (1904-1907) dont la pédagogie originale influera sur ses réflexions sur l’éducation. Il y rencontre le pédagogue réformateur Gustav Wyneken et noue des liens avec le Mouvement de la jeunesse (Jugendbewegung).
Il publie en 1910-1911 ses premiers écrits sous le pseudonyme d’Ardor dans la revue lycéenne Der Anfang (« Le Commencement »).
Ayant obtenu son baccalauréat (Abitur) à Berlin, il étudie la philosophie à Fribourg-en-Brisgau et à Berlin (1912-1917).
Berlin, Paris, Capri…
En 1913, Walter Benjamin rencontre le poète Fritz Heinle et effectue son premier voyage à Paris.
En 1914, il préside le Mouvement des étudiants libres (Freie Studentenschaft). Déclaré inapte au service militaire, il est profondément marqué par le suicide de Fritz Heinle et de son amie Rika Seligson, lors de la déclaration de guerre. Il s’efforcera longtemps de faire publier les œuvres posthumes du poète. Il rompt avec Gustav Wyneken, qui prône des positions bellicistes et s’éloigne du Mouvement de la jeunesse.
En 1915, Benjamin rencontre Gershom Scholem, Werner Kraft et Felix Noeggerath.
L’année suivante, Walter Benjamin soutient sa thèse, Le concept de critique esthétique dans le romantisme allemand [Der Begriff der Kunstkritik in der deutschen Romantik] à l’université de Berne, et rencontre Ernst Bloch.
En 1920, de retour à Berlin, Benjamin connaît d’importantes difficultés financières. Il fait la connaissance du théologien et philosophe Florens Christian Rang ; leur dialogue influencera notamment Origine du drame baroque allemand de Benjamin.
Walter Benjamin travaille en 1921 à la création de la revue littéraire Angelus Novus, qui ne sera pas publiée.
Il s’inscrit en 1923 à l’université de Francfort pour préparer son habilitation. Une année marquée par sa rencontre avec Theodor W. Adorno et Siegfried Kracauer et sa traduction des Tableaux Parisiens de Charles Baudelaire.
Lors d’un voyage à Capri (1924), Benjamin rencontre Asja Lacis, communiste lettone originaire de Riga, dont il tombe amoureux. Une dame qui jouera un rôle déterminant dans sa vie et dans son évolution politique.
Grâce à F. C. Rang, son essai sur Les Affinités électives de Goethe est publié en 1924/25 dans la revue d’Hugo von Hofmannsthal, Neue Deutsche Beiträge.
Exil à Paris
À Paris, il retrouve en 1926 Franz Hessel et Ernst Bloch, tente de nouer des relations dans les milieux littéraires. Il fréquente les foires et les marchés aux puces.
A son retour d’un séjour de deux mois à Moscou, il écrit en 1926/27 Journal de Moscou. L'essai Moscou est publié dans la revue de Martin Buber, Die Kreatur.
Lors de son nouveau séjour à Paris en 1927, Benjamin se passionne pour le surréalisme et lit Le Paysan de Paris d’Aragon (il en traduira quelques extraits l’année suivante) et a de fréquents entretiens avec Gershom Scholem. Il envisage de vivre dans la Palestine mandataire.
Il rencontre André Gide à Berlin en 1928. Rowohlt Verlag publie Sens unique [Einbahnstraße] et Origine du drame baroque allemand [Ursprung des deutschen Trauerspiels].
Benjamin fait la connaissance de Bertolt Brecht par l’intermédiaire d’Asja Lacis en 1929. Il obtient un visa pour la Palestine mandataire qu’il n’utilisera jamais.
À Paris, en 1930, Benjamin noue une amitié avec Adrienne Monnier, éditrice et libraire. Il divorce de Dora. Avec Bertolt Brecht et Bernard von Brentano, il projette de créer la revue Krise und Kritik.
Dès 1932, Benjamin débute la rédaction de sa Chronique berlinoise [Berliner Chronik] et d’Enfance berlinoise vers 1900 [Berliner Kindheit um neunzehnhundert]. A Francfort, rencontre Horkheimer, qui dirige l’Institut für Sozialforschung (« Institut de Recherches Sociales »).
En mars 1933, Benjamin s’exile à Paris, puis aux Baléares. A Ibiza, il travaille avec Jean Selz à la traduction française d’Enfance berlinoise vers mil neuf cent [Berliner Kindheit um neunzehnhundert]. De retour à Paris en octobre 1933, il fait transférer l’essentiel de ses archives à l’exception du fonds Heinle. A la Bibliothèque nationale, il rencontre la photographe Gisèle Freund. Dans la Frankfurter Zeitung, il est contraint d’écrire sous pseudonyme pour être publié. Il entame une correspondance avec Gretel Karplus, future épouse d’Adorno.
Il collabore régulièrement en 1934-1935 à la Zeitschrift für Sozialforschung, organe de l’Institut für Sozialforschung en exil qui lui verse une allocation mensuelle. Benjamin travaille aux Passages, fréquente la Bibliothèque nationale, séjourne chez Brecht au Danemark, puis à San Remo. Adorno critique sévèrement l’Exposé consacré à Paris, capitale du XIXe siècle.
En 1936, la Zeitschrift für Sozialforschung publie une première version de L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée [Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit] dans la traduction française réalisée avec Pierre Klossowski. Benjamin donne une conférence sur Les Affinités électives de Goethe à l’Institut d’études germaniques de la Sorbonne. L’anthologie Allemands et Pariser Brief. André Gide und sein neuer Gegner sont publiés.
Il entame un travail sur Baudelaire en 1937. Il publie dans la Zeitschrift für Sozialforschung l’essai Eduard Fuchs, collectionneur et historien [Eduard Fuchs, der Sammler und der Historiker].
À Paris, Benjamin rencontre en 1938 Hannah Arendt, se rend au Danemark chez Brecht. La Zeitschrift für Sozialforschung publie sa recension de la thèse de Gisèle Freund sur la photographie française au XIXe siècle.
En 1939, Benjamin est déchu de la citoyenneté allemande. l’étude Sur quelques thèmes baudelairiens [Über einige Motive bei Baudelaire] paraît dans la Zeitschrift für Sozialforschung. Quand la guerre éclate, Benjamin est interné au « Camp des travailleurs volontaires », Clos Saint-Joseph, à Nevers. Grâce à Adrienne Monnier et à Henri Hoppenot, diplomate au Quai d’Orsay, il est libéré en novembre.
À Paris, en 1940, il rédige ses thèses Sur le concept d’histoire [Über den Begriff der Geschichte]. Avant que n’entrent dans la capitale les troupes allemandes, Benjamin fuit vers Lourdes avec sa sœur Dora, laissant tous ses manuscrits dans la capitale (il confie notamment ses matériaux et travaux préparatoires aux Passages à Georges Bataille, alors conservateur à la Bibliothèque nationale). En août, il rejoint Marseille, où il obtient un visa pour les États-Unis. En septembre, avec quelques réfugiés allemands, il s’efforce de franchir illégalement les Pyrénées pour rejoindre l’Espagne. Le 25 septembre, il arrive à Port-Bou avec le petit groupe dirigé par Lisa Fittko. Face « au refus des policiers espagnols de leur laisser passer la frontière, Benjamin se suicide le 26 septembre en absorbant une forte dose de morphine ».
Parmi ses œuvres publiées après son décès : Walter Benjamin zum Gedächtnis : recueil de textes rassemblés par Horkheimer et Adorno, parmi lesquels figurent les thèses Sur le concept d’histoire (1942), Schriften, textes édités par Theodor W. Adorno et Gretel Adorno chez Suhrkamp (1955), Gesammelte Schriften chez Suhrkamp (premier des sept volumes édité en 1972), correspondance complète en six volumes, Gesammelte Briefe, chez Suhrkamp (1995-2000), nouvelle édition critique allemande des écrits de Walter Benjamin (Walter Benjamin Werke und Nachlass.Kritische Gesamtausgabe) chez Suhrkamp (21 volumes) en 2008.
Des archives et des collections
Walter Benjamin a confié soigneusement ses textes, notes ou manuscrits à différents amis, dont Gershom Scholem et Gretel Karplus.
Diverses, fragmentées, dispersées, ces archives forment « un paysage de pensée d'une rare intensité. Voulue et organisée, cette dispersion fut amplifiée par les aléas de l'histoire : l’exil en France de Walter Benjamin à partir de 1933, les périodes de refuge aux Baléares ou au Danemark, la disparition de sa bibliothèque puis la partition de l'Allemagne après guerre ».
Collectionneur passionné, en particulier de livres pour enfants, Walter Benjamin « a adapté l'objet et la méthode de la collecte au travail de la pensée. L'extraction, le découpage, la citation, le montage, l'association, la juxtaposition, ou encore la mise en regard furent autant de gestes qui lui permirent de déconstruire des logiques de représentation dominantes et de faire émerger des configurations inédites à l'origine de lectures radicalement nouvelles de l'histoire, de la littérature, du rapport de l'art au politique ».
En « montrant son travail de recherche bibliographique ou la constitution de ses collections, cette exposition révèle un mode de pensée et une vision du monde réfléchis dans chacun des actes de Walter Benjamin ».
« Arbre du soin » / Benjamin archiviste
Benjamin a largement œuvré à la « transmission de ses propres travaux. Les manuscrits qu’il mit à l’abri en les confiant à des amis servirent de réserve à sa pensée et à son œuvre ». Dans une lettre à Gershom Scholem de mai 1933, il qualifia d’« arbre du soin » la collection d’écrits qu’il lui avait transmise.
Avec un soin similaire, Benjamin conserva et archiva ses travaux. « Le classement de ses papiers, l’établissement de catalogues bibliographiques, de listes de motifs et de livres, ainsi que la collecte d’extraits et de notices mettent en lumière une démarche visant bien plus que le simple inventaire d’un savoir. » Le matériau était collecté dans le double but d’être conservé et de montrer son actualité.
Benjamin nota en effet : « On se prive soi-même du meilleur à ne réaliser que l’inventaire des trouvailles sans pouvoir désigner dans le sol d’aujourd’hui l’endroit où il conserve l’ancien ».
Écrivailleries en pièces et fiches / Rassemblement et dispersion
Dans sa double signification, le terme « verzetteln » s’applique aux écrits posthumes de Benjamin.
Ce verbe « renvoie à la « dispersion », à la « perte » ou au « morcellement » auxquels Benjamin fut confronté en tant qu’auteur indépendant, constamment détourné de l’essentiel par ses « écrivailleries en pièces et fiches ». Les « manuscrits de l’exilé — des centaines de fiches, souvent constituées par des versos de lettres, de formulaires ou de titres de transport — furent dispersés à travers le monde ».
De plus, « verzetteln » évoque « un mode de travail et de documentation à travers lequel un matériau homogène se trouve dissocié en fiches isolées ou à l’intérieur de fichiers. Benjamin était conscient du potentiel créatif des boîtes à fiches et des cartothèques. Il arrangeait les textes selon le principe d’un jeu de construction, en découpait certains éléments pour les recoller selon une autre configuration ». Une pratique ancêtre du « copier-coller » informatique.
Du petit au tout petit / Micrographies
Benjamin avait un goût prononcé pour « la forme miniature, pour ce qui est à première vue insignifiant et secondaire ». Dans ce contexte, son écriture micrographique peut être ainsi analysée.
Jusque vers 1918, le « geste graphique est encore ample, le penchant de Benjamin pour la micrographie se développant principalement » dans les années 1920. Le « tracé est la plupart du temps minutieux et fin, rarement négligé. Les lettres mesurent environ un à sept millimètres. On retrouve cette écriture minuscule, fort serrée, aussi bien dans ses textes que dans certaines lettres ».
À la « densité spatiale de l’écrit répond l’économie de l’expression, un style précis, laconique. Les micrographies se dérobent à toute lecture rapide. Seule leur image scripturale, leur expression graphique s’offrent au premier regard, leur teneur se révélant seulement après un effort de déchiffrage ».
Physionomie du monde des choses / Jouets russes
Amateur et collectionneur passionné de jouets, Benjamin « les regardait avec un œil de physionomiste ». À Moscou (décembre 1926-janvier 1927), il acheta de nombreux jouets. Il visita aussi le musée Kustarny d’art folklorique, et s’attarda devant sa collection de jouets. Il fit photographier les pièces qui l’intéressaient particulièrement. Certaines de ces reproductions figurent dans l’article de Benjamin Les jouets russes publié trois ans plus tard. Ne reste rien dans les Archives de cette collection variée de jouets. Les « photographies en sont le reliquat ».
« Depuis la naissance de mon fils » écrivit Benjamin à Gershom Scholem « j’ai tenu un carnet sur ses "opinions et pensées", qui mentionne […] quelques douzaines de "mots et locutions" étranges. »
Seize feuilles « arrachées à ce carnet ont été conservées ; elles consignent les observations de Benjamin sur le langage et la pensée de Stefan, né en 1918. Elles renferment des fragments de son lexique, constituant un petit archivage de la vie langagière chez l’enfant ».
Benjamin a choisi « des formes de langage spirituelles et inattendues ainsi que les altérations verbales de son fils. Il gardait à l’oreille les malentendus nés de sonorités mêlées, notait les bons mots d’enfant et les tournures métaphoriques surprenantes employées par Stefan, ainsi que les similitudes et correspondances dont son langage était parsemé. Ces observations alimentèrent la théorie benjaminienne du langage ».
Très tendres quartiers / Carnets de notes
Benjamin « vouait un véritable culte à ses carnets de notes » qu’il tenait simultanément.
Il assignait à chacun d’eux une fonction spécifique. Il y inscrivait des « considérations d’ordre intime, des notes de voyage, des esquisses conceptuelles, des ébauches de textes et de lettres, des citations ou son Catalogue des écrits lus ».
Sensible à l’esthétique, Benjamin réservait une attention à la présentation : format, reliure, brochage ou papier.
« Formidables vecteurs d’échanges, ces carnets étaient investis par le philosophe d’un caractère magique » : certains carnets lui avait été offerts par Alfred Cohn, un ancien condisciple qui les avait confectionnés, les récupérait après leur utilisation par Benjamin et les lui restituait si besoin.
Images de voyage / Cartes postales avec vues
Dans sa Chronique berlinoise, Benjamin se souvient qu’enfant, il collectionne soigneusement les cartes postales illustrées, certaines envoyées par sa grand-mère du monde entier.
Adulte, il cherchait des cartes postales originales qu’il contemplait, conservait ou envoyait à des amis quitte parfois à les réclamer ensuite. Pour Benjamin, ce sont « des appuis mémoriels ainsi que des sources d’inspiration visuelles et textuelles ».
De rares pièces de sa collection ont été conservées et témoignent du rapport de Benjamin avec les voyages. Jusqu’en janvier 1933 - arrivée au pouvoir des nazis - Benjamin a séjourné dans de nombreux pays tout en pouvant revenir en Allemagne. Ensuite, ce voyageur passionné est devenu « un réfugié apatride, traqué à mort jusqu’au suicide dans des contrées étrangères ».
Tendre l’arc / Composer, bâtir, tisser
De nombreuses notes, des schémas et des « dispositions » éclairent « le mode de travail de Benjamin, témoignent de la recherche tâtonnante d’une forme de présentation appropriée. Benjamin commençait par noter les pensées et les idées qui lui venaient en premier à l’esprit ; il rassemblait des thèmes et des citations, ainsi que des extraits de ses propres travaux ou de ceux d’autrui. Il réexaminait ensuite le matériau encore en désordre ; les motifs similaires dispersés sur différents feuillets étaient soigneusement copiés et regroupés. Les complexes thématiques ainsi créés formaient des schémas et des « dispositions » qui structuraient finalement l’ensemble du travail. Ses agencements représentent autant de tentatives pour tendre l’arc de façon à décocher la flèche ».
Constellations / Figures graphiques
Benjamin accordait une grande attention à « la mise en forme graphique, à la construction de ses manuscrits. Il était attaché aux proportions et à l’architecture de la page autant qu’à la conception de ses essais et de ses livres ». Cette importance accordée à l’aspect graphique constitue un des éléments caractérisant l’écriture benjaminienne.
Dans de « nombreux manuscrits la norme linéaire est dépassée ; les mots et les groupes de mots y sont parfois agencés en rapport de figure. On trouve ces modèles visuels, ces schémas et ces diagrammes principalement dans les travaux préalables aux essais : ils sont des tentatives pour orienter l’écriture et la pensée ».
« L’œuvre de Benjamin sur les Passages devait offrir une vision de l’ « histoire primitive » du XIXe siècle. À travers l’interprétation de phénomènes historiques concrets — architecture, mode, publicité, prostitution ou photographie » —, Benjamin « entendait élaborer une construction historico-philosophique de ce siècle. Le travail sur les Passages est principalement constitué de citations — issues de nombreuses sources dispersées, consultées à la Bibliothèque nationale à Paris. Tel le chiffonnier de Baudelaire triant les déchets du jour écoulé, l’historien matérialiste trie les objets dédaignés et résiduels de l’histoire. Benjamin a conçu les Passages comme une exploitation de guenilles ; l’ouvrage ne vit jamais le jour, il demeura au stade d’un recueil de citations ».
Amandes à casser / Enigmes, jeux d’esprit, jeux de langage
Benjamin prisait les énigmes. Avec ses proches, il échangeait des rébus, des jeux d’esprit ou de langage qu’il élaborait. Ils « recelaient des mots et des images spirituels témoignant d’un talent tout particulier pour la pédagogie ».
Certains de ses jeux d’esprit ont été publiés dans des revues ou diffusés à la radio.
Leur origine : « le goût du camouflage, le sens de la magie du langage et la capacité à déchiffrer les images. Les énigmes faisaient partie intégrante de ses conceptions esthétiques ».
Sibylles / Mosaïques de Sienne
De manière répétée, Benjamin se réfère à l’idée selon laquelle l’historien serait « un prophète tourné vers le passé. La vision de sa propre époque lui parvient à travers le prisme du passé et la transformation de l’ancien lui offre de nouvelles possibilités de connaissance ».
La « figure mythique de la Sibylle était elle aussi gardienne et interprète du savoir sur le passé, le présent et l’avenir. Les Sibylles étaient honorées comme des voyantes et des prophétesses ; leurs noms et leurs histoires sont parvenus jusqu’à nous. On les retrouve sur des peintures ou des mosaïques, notamment dans la cathédrale de Sienne. Le fonds posthume de Benjamin comporte huit cartes postales représentant les Sibylles de Sienne. La correspondance du philosophe nous apprend qu’il a visité cette ville de Toscane en 1929 ».
Passé mué en espace / Passages et intérieur
Grand projet philosophique de Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle est demeuré inachevé. « Parti de l’idée que le XIXe siècle avait produit une série étonnante de « fantasmagories », le philosophe allemand a pu en repérer les manifestations les plus sensibles à travers certaines transformations urbanistiques – de l’invention des passages aux bouleversements de Paris sous le coup des opérations du baron Haussmann – ayant contribué à faire de Paris la capitale de la modernité. Le Livre des passages, publié à titre posthume, contient une somme inouïe de matériaux littéraires accumulés, dans lesquels nous puiserons pour partir à la recherche de ce Paris enfoui et de quelques figures et motifs récurrents dans la pensée de Benjamin, tel le chiffonnier ou le flâneur ».
Selon Benjamin, « les passages et l’intérieur sont des figures spatiales qui se correspondent ». Benjamin s’est efforcé d’en fournir une interprétation historico-philosophique et en a gardé des photographies.
Signées par son ami Sasha Stone, certains de ces clichés représentent un intérieur privé décoré de bibelots. D’autres clichés réalisés par Germaine Krull, amie de Benjamin, vers 1928, représentent des passages parisiens, des vitrines exposant des perruques ou des corsets, des arrière-cours à la peinture écaillée, des façades usées. Des motifs révélés par le surréalisme.
Considéré « par Benjamin comme la forme architecturale la plus importante du XIXe siècle, le passage était devenu à son époque une forme de construction passée, vieillie et révolue. Comme le philosophe, Krull cherchait à déceler en eux des aspects neufs. Sous son objectif, les passages se muent en espaces peuplés de signes, voire en une mystérieuse forêt d’enseignes disparates. Certains clichés accordent aux horloges une place importante. Images d’un temps figé, elles semblent indiquer que l’heure des passages a sonné ».
Peut-être aussi ces passages symbolisent-ils aussi le passage entre les cultures, de pays en pays, un temps suspendu auquel est particulièrement sensible cet intellectuel réfugié.
Le 7 mars 2016 à 20 h, dans le cadre de son Cycle Amitié, le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) propose Gershom Scholem, Walter Benjamin, Histoire d’une amitié, une lecture par Denis Podalydès de la Comédie Française.
Le "livre de souvenirs que le grand historien du judaïsme, Gershom Scholem, a consacré à son ami Walter Benjamin est un document de première importance pour l'histoire intellectuelle de ce siècle. De 1915, date de leur première rencontre à Berlin, à 1940, année du suicide de Benjamin à la frontière pyrénéenne, ils ont entretenu un étroit commerce intellectuel, fondé sur une amitié profonde. Pourtant, leurs choix de vie devaient très vite diverger : influencé par le sionisme, dès 1923, Scholem quitte Berlin pour Jérusalem, où il deviendra l'un des plus célèbres érudits hébraïsants et étudiera les grands courants de la mystique juive".
"Benjamin, lui, voyage sans cesse, avant d'être contraint, après 1933, à l'exil en France. Il tente de concilier l'espérance marxiste et l'influence plus souterraine du messianisme juif, et disperse ses écrits en multiples fragments. Ce livre nous restitue la vivacité des débats et conversations qui animent les deux hommes, et évoque plus d'une fois tel ou tel autre de leurs relations communes : Judah Magnes, Bertolt Brecht, Martin Buber, Ernst Bloch, Hannah Arendt, Theodor Adorno, Max Horkheimer. Au moment où les œuvres de Benjamin et de Scholem suscitent un intérêt croissant, cet ouvrage est une contribution essentielle à leur compréhension".
L’ouvrage, "traduit de l’allemand par Paul Kessler, notes de Roger Errera, a été publié par Calmann-Lévy en 1981. Il est disponible en poche dans la collection Pluriel (2001)".
Denis Podalydès est acteur, metteur en scène, scénariste et écrivain. Il est sociétaire de la Comédie-Française, où il est entré en 1997.
Le 7 mars 2016 à 20 h, dans le cadre de son Cycle Amitié, le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) propose Gershom Scholem, Walter Benjamin, Histoire d’une amitié, par Denis Podalydès de la Comédie Française.
Le Jewish Museum présente l'exposition The Arcades: Contemporary Art and Walter Benjamin. "This exhibition of contemporary artworks presents photography, video, sculpture, and painting seen through the lens of influential philosopher Walter Benjamin’s magnum opus The Arcades Project". Ce Projet est vu par des artistes contemporains.
Le Projet Arcades (Passagenwerk) est une oeuvre écrite de 1927 à 1940 et inachevée de Walter Benjamin sur la vie parisienne au XIXe siècle. dans laquelle le philosophe analyse l'expérience bourgeoise au XIXe siècle et les passages couverts parisiens, lieux où l'on pouvait flâner, créations architecturales du début du XIXe siècle, parfois détruites par Haussmann, et que l'auteur analyse en rapport avec les préoccupations de ce siècle.
Walter Benjamin a confié son manuscrit à son ami Georges Bataille avant de fuir la France. Georges Bataille, qui travaillait à la Bibliothèque nationale de France (BNF) a caché le manuscrit à la BNF. Ce texte a été retrouvé après la guerre et publié en 1999 par Harvard University Press."The German Jewish writer Walter Benjamin (1892–1940), one of the most important philosophers and cultural critics of the twentieth century, began The Arcades Project in 1927 as a short piece about Paris's nineteenth-century iron-and-glass vaulted shopping passages. With their labyrinthine architecture and surrealistic juxtapositions of disparate objects and people, past and present, the arcades offered an ideal prism through which to examine the era’s capitalist metropolis and the phenomenon of modernity that had its origins there. Benjamin worked extensively on his manuscript, which grew into a sprawling compendium of quotations, reflections, and notes. When he was forced to flee Paris to escape Nazi persecution, he entrusted it to his friend Georges Bataille. Some years after Benjamin’s untimely death, the text was discovered and published.
Walter Benjamin a confié son manuscrit à son ami Georges Bataille avant de fuir la France. Georges Bataille, qui travaillait à la Bibliothèque nationale de France (BNF) a caché le manuscrit à la BNF. Ce texte a été retrouvé après la guerre et publié en 1999 par Harvard University Press."The German Jewish writer Walter Benjamin (1892–1940), one of the most important philosophers and cultural critics of the twentieth century, began The Arcades Project in 1927 as a short piece about Paris's nineteenth-century iron-and-glass vaulted shopping passages. With their labyrinthine architecture and surrealistic juxtapositions of disparate objects and people, past and present, the arcades offered an ideal prism through which to examine the era’s capitalist metropolis and the phenomenon of modernity that had its origins there. Benjamin worked extensively on his manuscript, which grew into a sprawling compendium of quotations, reflections, and notes. When he was forced to flee Paris to escape Nazi persecution, he entrusted it to his friend Georges Bataille. Some years after Benjamin’s untimely death, the text was discovered and published.
The Arcades: Contemporary Art and Walter Benjamin explore" The Arcades Project and its ongoing relevance through works of contemporary art representing the subjects of each of the book's thirty-six chapters. The exhibitionwill combine archival material from the Walter Benjamin archive in Berlin, architectural models, and artwork to evoke the elaborate structure of Benjamin's text".
"Transposing Benjamin’s arcades to the galleries of the Museum, the exhibitioninvites the visitor to take on the role of the flâneur, the archetypal leisured city dweller who strolled through Paris at ease, coolly attentive and open to happenstance. In addition to traditional wall labels, the poet Kenneth Goldsmith will annotate each work with appropriated texts, extending Benjamin’s reflection on Paris as the capital of the nineteenth century into New York as the capital of the twentieth".
Les artistes participant à cette exposition sont Erica Baum, Walead Beshty, Milena Bonilla, Andrea Bowers, Nicholas Buffon, Chris Burden, Haris Epaminonda and Daniel Gustav Cramer, Simon Evans, Walker Evans, Claire Fontaine, Lee Friedlander, Rodney Graham, Andreas Gursky, Raymond Hains, Pierre Huyghe, Voluspa Jarpa, Jesper Just, Sanya Kantarovsky, Mike Kelley, Tim Lee, Jorge Macchi, Adam Pendleton, Martín Ramírez, Bill Rauhauser, Mary Reid Kelley, Ry Rocklen, Markus Schinwald, Collier Schorr, Cindy Sherman, Taryn Simon, Joel Sternfeld, Mungo Thomson, Timm Ulrichs, Guido van der Werve, James Welling, Cerith Wyn Evans.
The Arcades: Contemporary Art and Walter Benjamin "is curated by Jens Hoffmann, Director of Special Exhibitions and Public Programs, The Jewish Museum, assisted by Shira Backer, Leon Levy Curatorial Associate, The Jewish Museum. The exhibition and its accompanying publication have been designed by Project Projects".
The Arcades: Contemporary Art and Walter Benjamin "is made possible by the Edmond de Rothschild Foundations, the Goldie and David Blanksteen Foundation in memory of David Blanksteen, and the Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts".
"Additional support is provided by the Melva Bucksbaum Fund for Contemporary Art, the Barbara Horowitz Contemporary Art Fund, the Jewish Museum Centennial Exhibition Fund, Alfred J. Grunebaum & Ruth Grunebaum Sondheimer Memorial Fund, the Horace W. Goldsmith Exhibitions Endowment Fund, and the Leon Levy Foundation".
Une « constellation intellectuelle »
Gretel Adorno (1902-1993)
Née Margarete Karplus à Berlin, elle obtint un doctorat de chimie en 1925. Benjamin l’a rencontrée à la fin des années 1920. Il a surnommé « Felizitas » cette amie intime qui l’a toujours soutenu, notamment financièrement. En 1937, Gretel a épousé Th. W. Adorno, avec lequel elle s’établit à New York en 1938. Ses contacts avec Benjamin se limitèrent alors à une correspondance intensive - notamment sur les travaux de ce dernier. « Il est possible, même probable, que nous ne disposons que d’un temps limité », lui a écrit Benjamin dans sa dernière lettre depuis Lourdes, où il avait fui en juin 1940.
Theodor W. Adorno (1903-1969)
Né onze ans après Benjamin sous le nom de Theodor Ludwig Wiesengrund, il fut lors de la période d’exil un de ses interlocuteurs les plus importants. Les « deux philosophes discutaient passionnément de leurs travaux et Adorno écrivit à Benjamin d’importantes lettres critiques relatives aux Passages et au Charles Baudelaire ». Collaborateur à l’Institut de recherches sociales, Adorno a défendu les écrits de son ami. « Lorsqu’à l’automne 1940, la nouvelle de sa mort me parvint à New York, j’eus réellement et très littéralement l’impression que par cette mort qui venait interrompre l’achèvement d’une grande œuvre, la philosophie avait été privée du meilleur qu’elle eût pu espérer », écrivit Adorno qui a puissamment contribué, comme auteur et éditeur, à la connaissance des travaux de Benjamin depuis les années 1950.
Hannah Arendt (1906-1975)
Benjamin la rencontra à Berlin, mais tous deux devinrent proches lors de leur exil à Paris. Elle était alors l’épouse de Günther Stern, cousin de Benjamin. En février 1939, Benjamin recommanda à Scholem le livre d’Arendt sur Rahel Varnhagen. L’ouvrage lui avait fait « grande impression », car il nageait « d’une brasse vigoureuse contre le courant édifiant et apologétique des études juives ». Hannah Arendt s’est efforcée « à faire libérer son ami du camp où il était interné. Benjamin lui envoya une première version de ses thèses Sur le concept d’histoire. Ce fut Hannah Arendt qui transmit à Gershom Scholem, avec un retard de quatre semaines, la nouvelle » du décès de leur ami commun : « Les Juifs meurent en Europe et on les enfouit comme des chiens », écrivit-elle.
Dora Benjamin (1901-1946)
Sœur de Walter, Dora fut promue docteur en économie politique et exerça son activité à Berlin dans différents secteurs de l’assistance sociale. Peu avant l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, elle se réfugia à Paris. Elle travailla à l’Assistance Médicale aux Enfants de Réfugiés, fondée par Hanna Grunwald-Eisfelde et en ayant rémunérée, elle prit en charge des enfants à son domicile. Walter Benjamin logea souvent chez sa sœur avant de s’installer dans sa propre chambre au 10 de la rue Dombasle. Dora fut pour lui une interlocutrice attentive et retranscrivit nombre de ses textes, notamment le travail Sur le concept d’histoire. En mai 1940, elle fut déportée au camp d’internement de Gurs. Après sa libération, elle partit à Lourdes, où elle rejoignit Walter. En décembre 1942, elle parvint à fuir en Suisse. Gravement malade, elle mourut à Zurich le 1er juin 1946.
Bertolt Brecht (1898-1956)
Née à Berlin à la fin des années 1920, l’amitié entre Benjamin et Brecht a perduré dans l’exil, qui a débuté pour eux au printemps 1933. Benjamin et Brecht se rencontrèrent à plusieurs reprises à Paris et à Skovsbostrand (Danemark). Ils « jouaient aux échecs, projetèrent d’écrire ensemble un roman policier, traduisaient et interprétaient Baudelaire, se querellaient sur Kafka, sur la politique des exilés ou encore sur l’attitude de Gide envers l’Union soviétique. Benjamin livra une analyse de Grand’peur et misère du IIIe Reich, pièce créée en 1938 à Paris. Interné, Benjamin commenta aux officiers français le poème de Brecht sur Lao-Tseu qui thématisait la victoire de l’eau sur la pierre ».
Gisèle Freund (1908-2000)
Née à Berlin, Gisela Freund avait débuté des études de sociologie et d’histoire de l’art à Francfort, avant son exil à Paris en 1933. Sociologue, journaliste et photographe, elle rencontra fréquemment Benjamin à la Bibliothèque nationale à Paris où elle rédigeait sa thèse, La photographie en France au dix neuvième siècle (1936). L’originalité de ses recherches résidait dans l’appréhension, pour la première fois, de la photographie à travers un prisme d’analyses sociologiques et matérialistes. Benjamin a chroniqué à deux reprises cette thèse dont il a publié certains chapitres dans son étude sur les Passages. Pionnière de la photographie en couleur avec ses portraits d’artistes qui fréquentaient la sphère littéraire de la rue de l’Odéon vers le milieu des années 1930, Gisèle Freund a atteint une reconnaissance internationale.
Max Horkheimer (1875-1973)
Il fut le directeur général de l’Institut für Sozialforschung (Institut de Recherches Sociales), fondé à Francfort en 1923 et transféré à New York en 1934. Éditeur de la Zeitschrift für Sozialforschung (Revue de recherches sociales), il a publié les essais les plus importants de Benjamin quand celui-ci n’eut plus la possibilité de publier en Allemagne (notamment L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée et Sur quelques thèmes baudelairiens). Le grand travail sur les Passages a été soutenu par l’Institut. Horkheimer confia à Benjamin le soin d’éditer la traduction en français de ses Essais matérialistes. Benjamin a été lecteur pour ce projet, dont la publication ne s’est pas réalisée. Au moment où Benjamin se réfugia dans le sud de la France à l’été 1940, l’Institut s’efforça depuis l’Amérique de lui permettre d’immigrer. Walter Benjamin a obtenu son visa d’entrée aux États-Unis grâce au soutien de Max Horkheimer qui avait délivré un affidavit [Nda : déclaration écrite faite sous serment devant une personne habilitée].
Adrienne Monnier (1892-1955)
Librairie ouverte en 1915 par Adrienne Monnier rue de l’Odéon, La Maison des Amis des Livres devint rapidement le lieu de rencontre de l’avant-garde littéraire en France. Monnier fut présentée par Félix Bertaux en 1930 à Benjamin qui lui rendit un hommage dans le Journal parisien. Benjamin traduisit en allemand La Vierge sage de Monnier, qui fut « la médiatrice, promotrice et éditrice des travaux de Benjamin. Avec le soutien de Bryher (i. e. Winifred Ellermann), Gisèle Freund, Helen Hessel et Sylvia Beach, qui tenait une librairie anglaise dans l’immeuble d’en face, elle obtint en novembre 1939, par Henri Hoppenot, un diplomate de leurs amis, la libération de Benjamin du camp de Nevers, où il avait été interné au début de la guerre ».
Gershom Scholem (1897-1982)
En 1913 Gershom Scholem fit la connaissance de Walter Benjamin avant de nouer, en 1915, une amitié qui perdura jusqu’à la mort de Benjamin. Lors de « rencontres fréquentes, puis par lettres, ils débattirent du judaïsme et du sionisme, se querellèrent à propos du matérialisme et de la métaphysique, analysèrent et discutèrent leurs travaux respectifs ». Sioniste résolu dès l’adolescence, Gershom Scholem émigra dans les années 1920 à Jérusalem, où il obtint en 1933 une chaire pour l’étude de la mystique juive à l’Université hébraïque. Dès 1925, ils menèrent « un vif dialogue épistolaire » autour de Franz Kafka. Aux côtés de Theodor W. Adorno, Scholem veilla après 1945 à la publication des écrits et lettres de Walter Benjamin.
Walter Benjamin. Archives. Editions Klincksieck-MAHJ, 2011. 320 pages. 160 illustrations. ISBN : 978-2-252-03818-5
Du 17 mars au 6 août 2017
Au Jewish Museum
1109 5th Ave at 92nd St
New York, NY 10128
Tel. : 212.423.3200
Du samedi au mardi de 11 h à 17 h 45. Jeudi de 11 h à 20 h
Du 17 mars au 6 août 2017
Au Jewish Museum
1109 5th Ave at 92nd St
New York, NY 10128
Tel. : 212.423.3200
Du samedi au mardi de 11 h à 17 h 45. Jeudi de 11 h à 20 h
Jusqu’au 5 février 2012
Hôtel de Saint-Aignan71, rue du Temple. 75003 Paris
Tél. : (33) 1 53 01 86 60
Lundi, mardi, jeudi, vendredi de 11 h à 18 h, mercredi de 11 h à 19 h 30 et dimanche de 10 h à 18 h
Visuels de haut en bas :
Qu’est-ce que l’aura ?
Manuscrit, 1 page
© Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
Dessin de la berceuse, 22 mai 1934
1 page
© Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
Proust et Kafka. Notes à propos de Franz Kafka, 1934
Manuscrit, 1 page, avec verso
© Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
Gisèle Freund, Walter Benjamin à la Bibliothèque nationale, 1939
Francfort-sur-le-Main, Archives Theodor W. Adorno
© IMEC / Fonds MCC
Photographie du passeport de Walter Benjamin, vers 1928
Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
Esquisse de disposition pour l’essai sur Karl Kraus, 1930
« Motifs de la troisième partie » - Manuscrit, 1 page
© Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
« Motifs de la troisième partie » - Manuscrit, 1 page
© Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
Notes sur Stefan Benjamin, p. 31, 1929 et 1932
Les timbres du fils « confectionnés par lui-même » ont été collés sur la feuille.
© Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
Signets de couleur pour les transferts Passages / Baudelaire
Berlin, Akademie der Künste, Archives Walter Benjamin
© Hamburger Stiftung zur Förderung von Wissenschaft und Kultur / Suhrkamp Verlag
Germaine Krull, Passage du Ponceau, 1928
Berlin, Akademie der Künste
Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen
Les citations proviennent du dossier de presse.
Denis Podalydès © DR
Walter Benjamin, c. 1925, photographed by Germaine Krull. Photograph © Estate of Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen, image provided by IMAGNO / Austrian Archives, Vienna
Walter Benjamin’s library card
Installation view of the exhibition The Arcades: Contemporary Art and Walter Benjamin, March 17 - August 6, 2017. The Jewish Museum, NY. Photo: Will Ragozzino/SocialShutterbug.com
[Source : www.veroniquechemla.info]
Sem comentários:
Enviar um comentário