segunda-feira, 26 de junho de 2017

Ecosia : du business pour le bien de la planète



Ecosia est un moteur de recherche, et comme tous les autres, il gagne de l'argent grâce à la publicité. La différence ? Chaque mois, au moins 80% de ses profits sont investis dans la plantation d'arbre. Créée en 2009, l’organisation berlinoise a-t-elle bien semé ses graines ? Réponse près de 10 ans après, dans un terrain qui n’est pas forcément le plus fertile pour l’écologie. 

Planter des arbres au Pérou. | Ecosia
AUTEURE : Natacha Lescart
TRADUCTEUR : Emmanuel Testenoire

cafébabel : Comment changez-vous les profits de la publicité en « argent vert » ? 

Fátima T. Gonzáles (Responsable de la communauté) : De l'ensemble de nos revenus que nous gagnons chaque mois par la publicité, nous avons défini qu'au moins 80% de ces profits seraient dédiés à la plantation d'arbres. Nous travaillons avec différents projets de plantation situés dans plusieurs régions du monde (Madagascar, Amérique du sud, Asie, etc.). Chaque projet a ses propres besoins. Par exemple, la saison des pluies au Burkina Faso a lieu en ce moment, alors qu'en Indonésie, elle commence plus tard dans l'année. C'est pourquoi au lieu de seulement donner de l'argent à des projets car nous devons le faire, nous avons des discussions avec les chefs de projets pour comprendre quand ils ont besoin de l'argent. 

cafébabel : Comment choisissez-vous ces projets ? 

Fátima T. Gonzáles : Au tout début, c'était Christian Kroll, le fondateur et actuel PDG, qui n'était pas un planteur d'arbres, qui décidait. Il a choisi des grands noms car il n'avait aucune expérience. Au fil des années, nous avons affiné notre approche et nous avons maintenant un « chef de plantation d'arbres ». Il est aussi expert en restauration des paysages. Ecosia ne plante pas d'arbres pour seulement planter des arbres. L'objectif initial est d'aider à combattre le changement climatique mais nous avons aussi un impact sur les communautés locales. En plantant des arbres, nous créons également un modèle économique alternatif pour elles. Nous devons garder un équilibre entre ces deux aspects : il faut le faire pour l'environnement mais aussi pour les gens. 

cafébabel : Ecosia a plutôt prospéré ces dernières années, comment mesurez-vous votre succès ? 

Fátima T. Gonzáles : Ecosia a deux facettes. Nous sommes une entreprise technologique avec un moteur de recherche et de l'autre côté, nous plantons des arbres. Nous mesurons le succès au travers de ces deux aspects. Tout d'abord, par le nombre d'arbres plantés. Nous n'aspirons pas à atteindre un certain montant de bénéfices, mais d'atteindre un certain nombre d'arbres. Nous avons planté 10 millions d'arbres jusqu'alors et nous sommes en passe d'atteindre les 30 millions d'ici fin 2017.

Bien sûr, en tant que moteur de recherches, nous devons calculer le nombre d'usagers. Nous avons actuellement 34 millions de recherches par semaine et 5 millions d'utilisateurs mensuels. C'est déjà beaucoup pour un moteur de recherche alternatif et ça représente environ 600 000 euros par mois de revenus. 


cafébabel : Ecosia veut combattre le changement climatique mais repose sur des technologies très énergivores (Internet, les data centers, etc.). N'est-ce pas contradictoire ?
 

Fátima T. Gonzáles : Microsoft tout comme Google, fonctionnent à l'énergie propre. Leurs data centers sont alimentés grâce à des énergies renouvelables. C'est un grand pas en avant. Nous devons trouver des alternatives pour rendre les géants de la consommation d'énergie plus « environnement friendly ». C'est ce que fait Ecosia également. On ne peut pas empêcher le monde d'être comme il est, les gens continueront à faire des recherches. Néanmoins, n'est-ce pas mieux si cela permet de planter des arbres ?

cafébabel : Est-ce qu'Ecosia ne contribue pas à maintenir une forme de capitalisme en utilisant Internet et en gagnant de l'argent grâce à la publicité ? 

Fátima T. Gonzáles : Le problème n'est pas aussi simple. La question principale, c'est : est-ce que le système va changer ? Nous avons évolué d'une certaine manière, et maintenant ne nous pouvons qu'essayer de le changer en quelque chose de vert. Ecosia essaye de changer la logique actuelle des « affaires pour les affaires » quel que soit le coût, y compris environnemental. Le business devrait avoir pour principe de donner en retour à la société. Maintenant, on appelle ça le « business social », mais c'est ce que toutes les entreprises devraient faire. Cela devrait devenir la règle et non plus l'exception.

cafébabel : Que pensez-vous du « paquet énergie propre » que la Commission européenne a présenté en novembre dernier ?  

Fátima T. Gonzáles : C'est arrivé bien trop tard mais ne soyons pas pessimistes. Les objectifs sont bons, même s'ils auraient pu être plus ambitieux. Nous devons être bien plus rapides, tirer profit bien plus des machines et promouvoir la digitalisation pour essayer de résoudre ce problème. C'est super : plus d'argent va dans l'énergie propre. Cependant, le paquet en lui même n'est pas suffisant. Cela doit aller de pair avec d'autres changements comme le capitalisme. Nous devons penser de manière plus approfondie et plus large. Nous devons arrêter de reposer sur une consommation toujours plus grande ou sur le besoin de croissance pour créer des emplois. Tout cela doit changer pour que le pack énergétique existe. De plus, le consommateur doit faire en sorte que les choses changent. Ecosia existe grâce aux utilisateurs. C'est leur choix d'utiliser Ecosia qui plante des arbres. Le consommateur est la clé. Si nous ne changeons rien, rien ne change.


Cet entretien a eu lieu dans le contexte de la Semaine Européenne de l'Énergie Renouvelable, qui a lieu du 19 au 22 juin à Bruxelles.

[Source : www.cafebabel.fr]
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