Une manifestation réunissant plusieurs associations homophobes a eu lieu ce matin devant le lycée romain Giulio Cesare indique le quotidien La Repubblica. Elle avait pour but de protester contre le choix des enseignants de mettre un roman portant sur l'homosexualité dans le programme de lecture. Les militants de Lotta studentesca (une organisation proche du mouvement néo-fasciste Forza Nuova) ont lancé des fumigènes et déplié une banderole titrant sans ambages : « L'homme viril ! Pas une tante hystérique ! »
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Le lycée Giulio Cesare de Rome, rabenderaviegia, CC BY-SA 2.0
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Écrit par Louis Mallié
La manifestation serait donc une réaction au fait que figure dans le programme le roman Sei come sei (« Tu es comme tu es ») de Melania Mazzucco. Publié l'année dernière, le livre raconte l'histoire de Éva et de ses deux pères, Christian et Giosé. « Il est inacceptable qu'à l'heure actuelle, avec la crise qui règne et le chômage qui atteint des chiffres records, on vienne présenter aux jeunes étudiants des modèles de vies déviantes et perverties comme si elles représentaient la modernité, ou bien une priorité », affirme le communiqué de « revendication » de Ls, accusant également un caractère « pornographique » de l'œuvre.
Les enseignants ont immédiatement réagi, qualifiant la manifestation d'« instrumentalisée et agressive ». « Le roman n'est pas pornographique, il est lu dans le cadre d'un programme de lecture qui traite de thèmes variés de manière très professionnelle », commente un enseignant. « Ce sont toujours les étudiants qui demandent à ce qu'on aborde le sujet, ils en parlent pendant des heures avec leurs professeurs. Aucun d'entre eux ne s'est dit choqué par le livre. » Et de préciser : « Le passage à l'origine de la polémique constitue véritablement 10 lignes sur un roman de 200 pages. »
Du côté des associations, le Cercle de la culture homosexuelle Mario Mieli a exprimé sa solidarité le lycée pour la réaction face à la « très grave action de violence politique et d'intimidation clairement fasciste (…) qui prétend s'affirmer en limitant les libertés », et a conclu, en affirmant qu'il s'agissait d'un « risque pour la démocratie ». Le président de la région Lazio (région de Rome), Nicola Zingaretti, est également lui-même intervenu : « L'école doit être un lieu ouvert. Celui qui veut prohiber la lecture d'un livre contre l'homophobie aujourd'hui sort forcément perdant. »
Le Capitole (haut siège de la municipalité de Rome) n'a pas non plus mâché ses mots pour condamner l'action : « Les contestations d'aujourd'hui au lycée Giulio Cesare ne sont pas seulement ridicules, elles sont aussi l'expression d'un retard culturel proche de l'analphabétisme. » La Fédération des étudiants a quant à elle qualifié la manifestation d ‘« acte rétrograde et vil qui montre l'incapacité d'une partie de la société à progresser ».
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