segunda-feira, 2 de maio de 2016

Le gaélique écossais cartonne sur la toile


Le mouvement open source est fondamental pour la diffusion des langues minoritaires (on prend ici l’exemple du gaélique écossais), et le web est un vecteur majeur pour la revitalisation d’une langue, avec actualités, télévision, radio, logiciels, outils linguistiques, dictionnaires, listes de diffusion, présence sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux, le tout porté par une communauté linguistique tout aussi active hors ligne.
 
 
Écrit par Marie Lebert 


Une langue celte parlée en Écosse

Le gaélique écossais est la langue celte traditionnellement parlée en Écosse. D’après le recensement de 2011, moins de 60.000 personnes parlent le gaélique, soit un peu plus de 1 % de la population de l’Écosse, et 92.000 personnes comprennent la langue. Ces chiffres sont très inférieurs à ceux du recensement de 1901, avec 200.000 personnes parlant le gaélique, soit 4,5 % de la population.

Si l’Atlas de l’UNESCO sur les langues en danger classe en ce moment le gaélique comme une langue « sérieusement en danger », cela n’a pas toujours été le cas. Pendant de nombreux siècles, tout le monde parle gaélique en Écosse et en Irlande. Les deux contrées sont à la proue du monde académique en Europe et diffusent tous leurs écrits en gaélique. Au fil des siècles, l’anglais devient peu à peu la langue dominante, y compris sur les îles occidentales écossaises, malgré la présence du gaélique écossais en tant que première langue communautaire.

La renaissance de la culture gaélique date du début du XIXe siècle, sous forme de poésie, de prose et de musique. Entre les deux guerres mondiales, la radio diffuse les informations en gaélique et on apprend la langue à l’école. De nos jours, davantage de romans sont publiés en gaélique qu’à toute autre époque. Radio nan Gàidheal émet en gaélique depuis les années 1980 et la chaîne de télévision ALBA depuis le début des années 2000. Toutes deux sont présentes sur le web, ce qui a boosté leur audience.

Depuis la fin des années 1990, les jeunes peuvent suivre un cursus entièrement dispensé en gaélique, dans toutes les matières, de la maternelle à l’université. Le principal collège est Sabhal Mòr Ostaig, situé sur l’île de Skye (Écosse). Caoimhín Ó Donnaíle, professeur d’informatique dispensant ses cours en gaélique écossais, cofonde la liste de diffusion GAELIC-L dès 1989. Les archives de cette liste incluent des messages sur plus de vingt ans et donc des millions de mots en gaélique écossais, en irlandais et en mannois (parlé sur l’île de Man). Ces archives sont maintenant une véritable mine à la disposition des linguistes et chercheurs.


Des logiciels en gaélique écossais

Plusieurs logiciels open source sont disponibles en gaélique, à commencer par Opera, grâce au travail inlassable de Michael Bauer sur son temps libre. Traducteur indépendant, Michael Bauer est aussi correcteur, formateur, chercheur et micro-éditeur de livres en gaélique.

Outre Opera, Michael Bauer est l’auteur de la version gaélique de Firefox (lancée en 2010), de l’application de Firefox permettant de changer l’interface de l’anglais au gaélique (utilisée quotidiennement par 500 usagers depuis 2011) et des versions gaéliques d’OpenOffice (version ancienne) et de LibreOffice (version de 2011). Il est également l’auteur du correcteur d’orthographe An Dearbhair Beag (avec Kevin Scannell) et des versions gaéliques de Thunderbird (messagerie de Mozilla) et de Lightning (calendrier de Mozilla), tout comme de la version gaélique du jeu Freeciv (version open source de Civilisation), de la version gaélique du VLC Media Player et de la version gaélique de Accentuate.us, un logiciel qui permet d’insérer automatiquement les accents dans une centaine de langues. 

Wikipédia a sa version gaélique, dénommée Uicipeid. Google a une interface en gaélique depuis 2001, mais Google Docs ne propose pas de version gaélique. Facebook n’est pas disponible en gaélique, mais le gaélique y est très présent et de nombreux usagers utilisent l’interface en anglais. C’est également le cas sur Twitter.


Des dictionnaires en gaélique écossais

Qu’en est-il des dictionnaires ? Le gaélique écossais dispose de trois grands dictionnaires en ligne. Le premier est Stòr-dàta, un dictionnaire en ligne géré par l’Université Sabhal Mòr Ostaig, qui est surtout une liste de mots. Le deuxième est le Dwelly, le fameux dictionnaire gaélique datant de 1911, qui est au gaélique ce que l’Oxford English Dictionary (OED) est à l’anglais. Cette version numérisée de grande qualité a demandé dix ans de travail à Michel Bauer avec l’aide de son collègue Will Robertson. Le troisième est Am Faclair Beag, qui signifie « petit dictionnaire », mais qui est en fait un vaste dictionnaire regroupant le Dwelly de 1911 et des données plus modernes, toujours grâce au patient travail de Michael Bauer et Will Robertson.


Un souhait d’archive en ligne

Comme on le voit, il suffit de quelques passionnés pour que les choses bougent. Et les projets ne manquent pas. D’après Michael Bauer, une archive ouverte en ligne serait très utile pour tous les projets de localisation, avec une mémoire de traduction commune, ce qui éviterait de devoir retraduire indéfiniment les mêmes termes et segments de phrase. Si les traductions de logiciels pouvaient être faites à partir du même site, par exemple un genre de méta-Pootle (Pootle étant un site permettant les traductions partagées en ligne), tout le monde en serait bénéficiaire, non seulement pour le gaélique, mais pour l’ensemble des langues minoritaires. Il reste à espérer que le souhait de Michael Bauer soit bientôt exaucé suite à cet article dans ActuaLitté.



 [Photo : Michael Bauer - source : www.actualitte.com]

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