Socio-catégorie fourre-tout, le hipster est dur à définir. On le décrit souvent comme un type qui a un côté décalé (genre la moustache), qui s’habille dans une friperie. Le mec cool, branché qui fait attention à son style négligé. Dans la contre-culture, parfois un petit peu intello mais pas chiant. Et souvent connecté au monde artistique, il fait du design, du son, de la vidéo ou un truc du genre. Qu’il nous énerve ou pas, il est aujourd’hui présent partout et influence la culture. Mais d’où vient-il ?
États-Unis, 1917. Des Afro-Américains de La Nouvelle-Orléans plantent la première graine du jazz. Dans cette ville frappée par la chaleur et la misère sociale, il va pousser des artistes tels que Kid Ory et Louis Armstrong. Des solistes improvisent les uns avec les autres au rythme de leur trompette, clarinette et trombone. Les gens en sont fans. Après 13 ans d’existence, la bête mue. Un nouveau genre apparait, le middle jazz. Le nombre de musiciens s’élargit et l’improvisation est laissée de côté au profit de solistes qui ont déjà pratiquement tout calculé. Pour certains, la magie se perd un peu, mais le be-bop redonnera vite au jazz ses lettres de noblesse. Charlie Parker, un petit gars de Kansas City, va rapidement devenir l’un des jazzmans les plus influents du monde. En accélérant le rythme, en faisant preuve d’une grande technicité, en étant original dans les mélodies et en improvisant ; Parker alias Bird va devenir l’un des pères du be-bop et mettre tout le monde d’accord. C’est lui le maestro. Et ce n’est pas Jack Kerouac (auteur de On the Road), même bourré qui aurait dit le contraire. Lui qui dans les années 40 s’autoproclame Jazz-poet, traîne dans Harlem chez Milton pour voir jouer Charlie Parker, Dizzie Gillespie, etc. Jack et sa bande de potes écrivains tels qu’Allen Ginsberg ou bien William Burroughs représentent la beat génération : cette partie de la jeunesse blanche d’après-guerre précurseur des hippies qui voit le vieux monde changer mais pas la morale. À travers leurs livres, ils vont retranscrire leur réalité. Une vie de déviants. La route, la drogue, la liberté sexuelle, la délinquance, le tapinage, la débrouille, le jazz sont leur quotidien. Cela va choquer l’Amérique puritaine et marquer un tournant dans la liberté d’expression artistique. Mais les jazzmans ne sont pas non plus des saints. Ils n’ont pas attendu les beatniks pour forniquer à tout va, fumer, se shooter et boire comme des trous. Ils vont d’ailleurs plutôt initier cette nouvelle génération à ces vices.
Dans les années 40, on surnomme ce jeune blanc américain qui adopte le langage, le style vestimentaire, les codes, l’usage de la drogue, la cool attitude des musiciens be-bop, un hipster. Eh oui ! Si aujourd’hui un Wigga désigne ce blanc qui s’approprie la culture afro-américaine dans le milieu du hip hop (Wigga étant un mot-valise de White et Nigga), à cette époque, c’était un hipster. Quelques années plus tard, un nouveau courant va naître en réaction à ce phénomène, le free jazz. Les musiciens vont déstructurer le jazz pour davantage d’improvisations. Mais aussi pour s’affirmer en tant que noirs, pour casser les codes de la musique occidentale, pour rompre avec cet intérêt grandissant des blancs pour le jazz.
[Source : www.lepoing.net]
Sem comentários:
Enviar um comentário