quinta-feira, 2 de abril de 2015

Stromae, toujours maître du buzz avec “Carmen”

Le chanteur n'en a pas fini avec les coups d'éclat. Son clip “Carmen”, coécrit avec Orelsan et dessiné par Sylvain Chomet, attaque violemment Twitter… mais prend d'assaut les réseaux sociaux.


Écrit par Valérie Lehoux

Il est passé grand maître de l'effet de surprise : personne ne savait que Stromae travaillait sur une vidéo dessinée par Sylvain Chomet, le réalisateur des Triplettes de Belleville, au scénario coécrit avec le rappeur Orelsan. De la même façon, la sortie de Formidable, il y a près de deux ans, avait été précédée d'une apparition très déroutante (et très calculée) sur un plateau de télé, au cours de laquelle le chanteur sur la brèche semblait éméché, au grand étonnement des invités et des spectateurs – ce qui, sur la Toile, avait illico suscité mille commentaires sur sa supposée dépression. Rebelote l'été dernier, avec le clip très spectaculaire de Ta fête, porté par des effets spéciaux dignes des plus grosses productions de science-fiction. Chaque fois, Stromae contrôle image et communication, pour garantir un effet maximum. D'ailleurs, depuis la sortie de son album, en août 2013, il se fait très discret sur Twitter, à l'inverse des Rihanna et consorts qui abreuvent leurs fans de messages ; ses apparitions n'en ont que plus d'écho. 

La mise en abyme 

Carmen, la chanson (sixième single extrait de son album Racine Carrée, vendu à 2 millions d'exemplaires), et plus encore le clip, est une charge contre Twitter : on y voit ses utilisateurs se faire broyer par le réseau social, réduits à l'état d'excréments... Tableau d'une société déshumanisée, qui relègue l'homme au statut de victime consentante, car inconsciente. Or loin de se placer au-dessus du lot, Stromae s'y met en scène, aussi victime que les autres, aux côtés d'Orelsan, Jay-Z, Beyoncé, Lady Gaga, Barak Obama, la reine d'Angleterre, ou quelques anonymes. Pour un chanteur au public jeune (parfois même très jeune) et hyperconsommateur d'Internet, la charge est forcément troublante... Mais le chanteur n'a rien d'une victime : tout, dans son clip anti-Twitter, est conçu pour faire le maximum de vues sur les réseaux. Stromae se sert mieux que personne des outils qu'il critique. Comble du cynisme ? En tout cas, intelligence aiguë du système.

Afin de faire monter le buzz, il a d'ailleurs créé ces derniers jours un compte Instagram, sur lequel il a posté de faux selfies dessinés par Sylvain Chomet, où il se moque du culte de la personnalité... ce qui ne fait que renforcer sa propre image. A en perdre la tête.

Pour Formidable, il nous avait gratifiés d'une mise en abyme à peu près similaire : une vidéo en caméra cachée dans les rues de Bruxelles, où il jouait son propre rôle, feignant l'ivresse, et prenant au piège des passants soudain voyeurs. L'idée, dit-il, lui était venue après avoir été lui-même exposé sur le Net, en train de manger dans sa voiture. « Inconsciemment, je me suis dit : “ Vous voulez de la chair fraîche, je vais vous en donner ! ” Stromae prend la main sur la communication 2.0, sans qu'on sache au fond ce qu'il en pense vraiment.

Des interventions ciblées

Après une tournée triomphale en Europe, il s'apprête à chanter en Amérique du Nord. Or pour lancer Carmen, il ne s'est pas contenté de poster une vidéo sur YouTube... Il l'a proposée en avant-première à BuzzFeed, plate-forme très populaire outre-Atlantique, et particulièrement prisée par les jeunes. Pour le public américain, le clip est sous-titré en anglais, ce qui devrait lui permettre de booster la fréquentation de ses concerts (dont le point d'orgue est prévu en octobre, au Madison Square Garden).

Enfin, sur son propre site, une carte du monde répertorie, outre ses prochains concerts, les tweets géo-localisés qui le concernent... Assez vertigineux. Stromae, maître du monde ? En tout cas, le chanteur, si humain, est en train de virer au mutant. En espérant qu'il ne finisse pas avalé par sa propre créature.







[Source : www.telerama.fr]

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