quinta-feira, 18 de setembro de 2014

Le 'slow reading', ou la lecture sans se ruer

Le Cercle des lecteurs pas pressés rassemble les adeptes de la lenteur 

Le mouvement s'était déjà emparé de la nourriture ou de la musique, il était attendu qu'il devait s'orienter vers la lecture. Le « slow reading » a fait son apparition, en mouvement de résistance aux smartphones, tablettes et réseaux sociaux, tout autant qu'au rythme de vie que le monde moderne impose. Une discipline qui se pratique régulièrement, comme un sport ou un exercice de relaxation.

Pas trop lentement, quand même... 

La pratique existerait depuis les débuts d'Internet, mais elle bénéficie désormais de cadres officiels, et même de bonnes pratiques en la matière : un groupe de lecteurs de Wellington commence ainsi les séances de « slow reading » par de bonnes inspirations, façon yoga. Évidemment, l'extinction des portables est exigée, l'installation confortable vivement recommandée.

Le Slow Reading Club de Wellington invite également les lecteurs à prendre des notes, pour aider le cerveau et la mémoire à fonctionner, et recommande le support imprimé plutôt que l'ebook — pour se rappeler plus facilement qu'il faut le lire, et pas pour l'attention. L'apparition et la généralisation d'Internet ont considérablement changé notre façon de lire, explique le Wall Street Journal, comme les technologies ont pu modifier d'autres pratiques de la vie courante.

Ainsi, dès 2006, une étude révélait que la lecture en « F » était devenue la norme sur les pages Web : le lecteur lit la première ligne, ou le premier paragraphe, puis effectue un mouvement descendant qui ne prend en compte que la moitié des lignes suivantes, avant, éventuellement, de revenir à un mode classique pour la fin de l'article. 

Contrairement aux idées reçues, lire sur un appareil électronique ne provoquerait pas un manque d'attention, ou une déficience dans la mémorisation : il suffit de prendre garde à la connexion de l'outil, et le passer en mode avion. Les créateurs du club de lecture lente eux-mêmes s'accordent à dire que nous ne lisons pas forcément moins, mais que les textes lus tendent à favoriser la brièveté, au détriment du roman.

Reste à voir si ces mouvements de résistance sont légitimes : le « slow listening » dans le domaine de la musique reste efficace pour découvrir l'intégralité d'un album, mais l'industrie sait aussi profiter de ces tendances. Ainsi la résurgence du vinyle a-t-elle conduit à l'édition de 33 tours basés sur les mêmes masterings que le MP3, et ne conduisant pas forcément à une « meilleure » écoute, pour un prix plus élevé. Verra-t-on pour autant des livres imprimés « slow reading », avec une meilleure qualité d'impression, des lignes plus espacées, des pages plus grandes ?

Dans ce cas, le temps, c'est bien de l'argent.

Écrit par Antoine Oury

[Photo : John, CC BY-SA 2.0 - source : www.actualitte.com]

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