La romancière de SF, Noura al-Noman, déplore un manque cruel
À l'occasion de la Foire du livre d'Abu Dhabi, l'écrivain et bientôt éditrice Noura al-Noman a parlé de l'intérêt de la traduction pour la littérature arabe, indique le journal web youmiddleeast. D'après elle, la traduction des œuvres de science-fiction notamment devrait permettre à la littérature nationale de s'enrichir considérablement en gagnant de nouveaux genres.
Auteure de bientôt trois romans de science-fiction, Noura al-Nouman porte un regard particulier sur le genre. « Il faut plus de livres disponibles dans ce genre, si nous voulons que les jeunes adultes continuent de s'y intéresser. Et le seul moyen pour cela, c'est la traduction. » C'est que la science-fiction fait d'après l'auteure, partie de ces genres peu communs dans le monde des lettres arabes.
Aussi, cela ne s'applique pas seulement à la science-fiction : d'après elle, la traduction en général pourrait fortement contribuer à une diversification des genres dans les pays arabes, en important certains genres littéraires qui sont trop rares, comme le fantastique, le paranormal et les romans graphiques.
L'objectif serait de proposer aux jeunes arabes des ouvrages de qualité, développant leur imagination. « Mes enfants ont d'abord commencé à lire en anglais. J'ai alors cherché des livres en arabe, capables de concurrencer Harry Potter et Twilight (que je déteste)…. Je n'ai rien trouvé ».
C'est la raison pour laquelle al-Noman a écrit son premier roman de science-fiction Ajwan, suivi de prêt par Mandan. Mais deux romans sont encore bien peu pour créer un genre dans un pays... À la foire du livre d'Abu Dhabi, Noura al-Noman dit n'être pour l'instant tombé que sur un seul roman de science-fiction destiné aux jeunes. C'est l'une des raisons pour laquelle la romancière s'apprête également à lancer sa propre maison d'édition.
Par ailleurs, le développement de genres plus « européens » doit composer avec la doxa morale des états arabes : en décembre 2013, le roman Hwjn, avait été censuré en Arabie Saoudite, au Koweït et au Qatar. Équivalent arabe de Twilight, contant une simple et chaste histoire d'amour entre une jeune fille et un djinn, il avait cependant été interdit à la vente par la Commission pour la prévention du vice et la promotion de la vertu.
Pour de nombreux intellectuels du monde arabe, la traduction apparaît pourtant bien comme un moyen de redonner un souffle à leur langue. Dans une récente interview, le poète palestinien Mazen Maarouf a déclaré qu'une partie de l'arabe était effectivement actuellement « gelée » : « Il existe 30 000 termes de science physique qui n'ont pas de traduction en arabe », a-t-il expliqué.
En somme, la traduction des œuvres de science-fiction et des autres genres « européens » permettrait à la langue arabe de connaître un renouveau, en même temps que se les appropriant, elle verrait de nouveaux horizons s'ouvrir pour sa littérature.... et son lectorat probablement grandir.
Écrit par Louis Mallié
[Photo : Juanedc, CC BY 2.0 - source : www.actualitte.com]
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