On tripote les articles, pour supprimer ce qui dérange
Wikipedia reste un outil fabuleux d'information, n'en déplaise à ses détracteurs. Le principe participatif, ancré dans l'ADN même de l'encyclopédie en ligne, implique qu'il soit possible de corriger, modifier, enrichir... mais également signaler des problèmes de neutralité dans la rédaction d'un article. C'est ce qui est récemment arrivé à l'entrée ReLIRE, concernant le registre des œuvres indisponibles du XXe siècle.
Mais, petit problème, le bandeau « de controverse de neutralité posé par une IP qui travaille au ministère de la Culture (donc... logiquement pour la BnF et le registre ReLIRE) », a judicieusement noté une utilisatrice de l'encyclopédie. Les questions de neutralité sont primordiales sur Wikipedia, et l'encyclopédie explique clairement à quoi sert ce signalement :
Son rôle est avant tout d'être un outil qui permet aux contributeurs de souligner un problème à résoudre. Une fois le bandeau posé, les lecteurs seront donc avertis d'une controverse de neutralité en cours, la pose leur indiquant qu'un travail de neutralisation doit être effectué : il n'est pas qu'une simple alerte. Le bandeau étant retiré à la résolution de la controverse de neutralité de l'article, il ne peut servir comme indication d'un conflit antérieur.
Le bandeau permet donc d'introduire le doute sur les éléments qui sont contenus dans l'article. Or, l'adresse IP qui est à l'origine dudit bandeau explique :
Sous couvert d'une présentation objective du projet de numérisation et d'exploitation des livres indisponibles du XXe siècle, cet article développe en réalité un point de vue partisan qui reprend exclusivement les arguments polémiques des opposants au projet qui ont par ailleurs intenté un recours contentieux contre le décret et la loi à l'origine de cette initiative. De nombreuses erreurs factuelles sont présentes dans ce texte ainsi que des interprétations biaisées.
L'ensemble de la discussion autour de la neutralité de l'article peut être retrouvé à cette adresse.
IP détectée
Il ne s'agit certainement pas de contester les apports que l'IP a pu réaliser, en introduisant des commentaires favorables au projet, mais bien de constater que les suppressions effectuées sont très orientées.
Or, nous explique l'utilisatrice qui a repéré les modifications, « cette IP avait déjà été identifiée comme appartenant au ministère de la Culture et de la Communication et a déjà été bloquée par le passé pour des interventions abusives, comme du caviardage ou des modifications étranges ». Bien entendu, au fil du temps, ce n'est pas la même personne qui se retrouvait derrière l'adresse IP, mais l'adresse, elle, ne change pas.
Pourtant, entre le 13 et le 17 janvier, l'adresse s'est montrée particulièrement active. Les différentes interventions sont présentées à cette adresse.
On remarque rapidement que tout lien entre Google Books et le registre ReLIRE a été systématiquement supprimé, comme si les similitudes, notamment au travers de l'opt-out, ne devaient pas apparaître. De même, l'IP ne souhaite pas que l'on fasse état de « nombreuses erreurs », constatées dans le registre, tout en introduisant des avis positifs sur ce projet.
Ce qui est flagrant, c'est que les critiques adressées au registre sont reléguées au bas de l'article, et ont été supprimées de l'introduction. « C'est assez habile, parce que l'on constate souvent que les consultations d'articles se contentent de la lecture de l'introduction, et ne vont souvent pas au-delà », nous précise l'utilisatrice.
Un précédent, moins d'un an auparavant
En mai 2013, la page du registre avait déjà subi une série d'attaques avec un caviardage dans les règles : tout élément contraire au projet avait été systématiquement supprimé, pour faire passer une douce pilule.
Cette fois, l'identification d'une adresse du ministère de la Culture pose un sérieux problème quant aux intentions. Elle a cherché à minimiser le coût total du projet, de 30 millions €, que nous avions obtenu de sources plus que fiables, le président du Centre national du livre. Un exemple parmi d'autres. Pas vraiment une estimation de notre part, donc.
Ses interventions ont d'ailleurs conduit à un signalement auprès des administrateurs de Wikipedia «L'article ne doit être modifié qu'une fois un accord obtenu après discussion. Tout passage en force pourra entraîner une protection de l'article, qui vous empêchera concrètement de modifier l'article. »
Nous avons tenté de joindre les personnes responsables associées à l'adresse IP pour obtenir de plus amples informations, mais en vain pour le moment.
Nota Bene :
La rédaction en profite également pour répondre à l'un des intervenants qui s'est ému que ActuaLitté puisse faire preuve « de retranscription d'opinions critiques formulées par les opposants au projet », et de souligner que notre publication dispose d'un partenariat avec Google Books, raison qui pourrait expliquer notre position.
Non seulement l'accord avec Google Books est hors de cause dans les articles publiés sur le registre ReLIRE, attendu qu'aucun lien commercial n'existe. D'autre part, en relisant les articles parus sur le règlement Google Books, l'utilisateur pourra découvrir que la rédaction ne s'est montrée ni concilante ni accommodante avec la société américaine.
Quant aux déformations qui sont reprochées, elles semblent un peu légères pour une personne qui reconnaît ne pas connaître le dossier.
Ça, c'est dit.
[Source : www.actualitte.com]
Sem comentários:
Enviar um comentário