Les hispanophones au Maroc sonnent le tocsin. L’avenir de la langue de Cervantès dans l’enseignement public est, selon eux, en danger. Elle est en perte perpétuelle, de terrain face au français, au point qu’une majorité des enseignants touchent leurs salaires mais ne travaillent pas à cause du manque d’élèves souhaitant apprendre le castillan.
Par Mohammed Jaabouk
Le débat entre la Darija et la langue arabe classique a,
certainement, éclipsé la situation très critique de l’espagnol dans les
écoles publiques marocaines. Elle serait en phase d’agonie, selon le
constat de deux enseignants d'espagnol, Ali Bouanoua et Ismail El
Alaoui, qui ont publié deux chroniques sur le site mundiario.com.
La décision du ministère de l’Education national de fermer, pour
l’année scolaire 2013-2014, les centres de formation des professeurs en
espagnol est la goutte qui a fait déborder le vase des hispanophones.
Le lobby francophone en est la cause
Ali Bounoua accuse vertement les lobbies francophones d’être
responsables du déclin du castillan au Maroc. Il n’en est d’ailleurs,
pas surpris. « Même la langue maternelle arabe est en difficulté,
perdant du terrain face à l’avancée du français. Preuve en est le retard
dans la mise en place de l’Académie Mohammed VI de la langue arabe,
pourtant créée en 2003 », explique-t-il.
Pour le professeur, ce même lobby a profité de quelques phases de
tensions diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne pour davantage
acculer l’enseignement de la langue de Cervantès à la faillite.
La majorité des enseignants sont payés mais ne travaillent pas
Les enseignants se retrouvent dans une situation qui frôle l’absurde.
Chaque mois, ils perçoivent leurs salaires mais ne travaillent pas. Non
pas parce qu’ils sont considérées comme des fonctionnaires fantômes,
mais c’est simplement du fait qu’il n’y a pas assez d’élèves qui
choisissent d’apprendre l’espagnol dans les écoles publiques.
« Plusieurs fois, des collègues sont mutés dans des régions où il n’y
a pas d’enseignement de castillan » ou « dans des endroits où les
élèves ne souhaitent pas son apprentissage », déplore Ali Bounoua dans
sa chronique.
Appel pour une intervention royale
Même son de cloche auprès d’Ismail El Alaoui, enseignant à Al Hoceima. Dans sa chronique,
il lance un appel direct au roi Mohammed VI pour qu’ « il intervienne
personnellement sur ce dossier, sachant qu’il est un des hispanophones
marocains, et le seul qui peut changer positivement les choses »,
assure-t-il.
Une sollicitude qui a pour objectifs de maintenir « d’étroites
relations bilatérales avec l’Espagne, lesquelles remontent à des
siècles, et ce, en valorisant la langue de Cervantès. Laquelle fait
partie du patrimoine culturel marocain ». Elle mettrait également « un
terme à la souffrance » de certains de ses collègues « obligés
illégalement à remplir des tâches administratives qui n’ont rien à voir
avec leur fonction ».
Dans son appel El Alaoui, évoque également des « menaces et des
ponctions illégales sur les salaires » dont seraient victimes des
enseignants « de la part des délégations du ministère et des
académies ». Il s’agit, selon lui, d’une autre forme de corruption
puisque ces coupes seraient réattribuées au ministère de l’Education
nationale.
[Source : www.yabiladi.com]
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