Lieu d'échange qui aspire à se faire espace solidaire, la
librairie rouennaise du Rêve de l'Escalier, rue Cauchoise, s'est
inspirée du concept du « café en attente », en lançant le concept de «
livre en attente ». C'est un client, Anthony Quindroit, qui a soufflé
l'idée à l'équipe de libraires au cours de l'été dernier, tandis qu'il
était venu lui-même vendre et acheter de la lecture. Comme sa
transaction lui laissait un « petit crédit », le lecteur a eu la bonté de le « laisser pour quelqu'un qui n'aurait pas les moyens d'acheter un livre, ou pour une association ».
Le Rêve de l'Escalier est dirigé depuis 7 ans par Mickaël
Féron. À Rouen comme dans d'autres villes, se développe le généreux
concept de « café en attente », principe de solidarité mis en place dans
des cafés qui proposent de payer un petit noir pour un inconnu dans le
besoin et qui viendra en profiter le moment venu. Des boulangeries se
sont mises à en faire de même avec leurs baguettes, et voilà que cet été
le libraire rouennais y est allé de sa déclinaison livresque.
Le concept est simple : la librairie propose aux
personnes qui viennent acheter un livre de verser 2 euros
supplémentaires afin de mettre un livre « en attente » pour un
bénéficiaire inconnu. « Il s'agira de livres de poche. Pas question
de choisir le livre pour l'inconnu qui pourra choisir celui qui lui
plaît. Si l'ouvrage désiré est un peu plus cher, c'est la librairie qui
mettra la différence », expliquait Mickaël Féron au lancement.
Si le concept novateur rencontre le succès et permet
de faire des petits, les librairies en plus de constituer des lieux
d'échange pourraient également devenir de véritables espaces créateurs
de lien social par l'entraide communautaire. Les livres en attente
pourront ainsi être récupérés par des gens gagnant de faibles revenus, par exemple, les familles monoparentales. Tandis que le principe a été
lancé au cours du mois de juillet, plus de 80 personnes avaient déjà
fait le pas de la générosité en offrant un livre en attente, dès le début
du mois suivant.
Un succès, semble-t-il. Contacté ce matin par ActuaLitté, le libraire confirme : « Ça
marche toujours aussi bien, ça tourne, on en prend au fur et à mesure.
Cette opération permet à des sans-abri de se fournir en lectures, ou
bien à des parents qui ne peuvent pas acheter des livres à tous leurs
enfants. Dans ces cas-là, on offre généralement un livre aux enfants. Le
concept solidaire pourrait s'étendre à de nombreuses autres activités
sociales. »
À noter que le Rêve de l'Escalier n'en est pas à sa
première innovation. Il a notamment lancé le book crossing à travers la
ville de Rouen, des ateliers de jeux d'écritures, showcases et autres
projets à la croisée de la littérature, du cinéma et de la musique.
Sources : Tendance Ouest, Paris Normandie
[Écrit par Julien Helmlinger - publié sur www.actualitte.com]
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