Le style de vie, les consommations alimentaires, les apports
nutritionnels et l'état de santé des consommateurs de produits de
l'agriculture biologique (Bio) n'ont fait l'objet que de peu d'études
scientifiques au plan international, ainsi qu'en France, malgré
l'intérêt et le nombre croissant des consommateurs de produits Bio. Dans
ce protocole spécifique réalisé dans le cadre de l'étude
NutriNet-Santé, l'attitude et la fréquence de consommation de 18
produits Bio, dont 16 aliments, ont été évalués dans un sous-échantillon
de 54 311 nutrinautes adultes. Les résultats sont publiés dans la revue
PlosOne.
Dans un magasin spécialisé en produits issus de l'agriculture biologique |
Globalement, les produits Bio sont perçus comme étant meilleurs pour
la santé (69,9 %) et pour l'environnement (83,7 %). Toutefois, 51% des
répondants les considèrent comme « trop chers ».
Une analyse statistique par “cluster” (groupes) a permis d'identifier
des « comportements types » vis à vis de la consommation Bio.
- Les non-consommateurs (NC) = 19 193. Ils se répartissent en 3 groupes différents en fonction de la raison de non-consommation de produits Bio :
- a) manque d'intérêt pour ces produits,
- b) attitude d'évitement (évitent de consommer ces produits) ou
- c) coût trop cher (ne consomment pas ces produits car considèrent que prix est trop élevé).
- Les consommateurs de produits Bio : consommateurs occasionnels (OC = 27 512) ou réguliers (RC = 7 606).
Les consommateurs réguliers de produits Bio présentent des caractéristiques différentes, par rapport aux non consommateurs :
Ils ont un niveau plus élevé d'éducation et sont physiquement
plus actifs, mais ont un niveau de revenus comparables aux
non-consommateurs Bio (excepté pour le groupe des non consommateurs qui invoquent un coût trop cher pour ne pas consommer les produits Bio).
Leurs choix alimentaires tendent plus vers des produits végétaux et
peu raffinés chez les hommes (H) et les femmes (F) : plus de fruits
(H+20 % et F+31 %), de légumes (HF+ 27 %), de légumes secs (H+49 % et
F+85 %), de fruits à coque (noix, amandes, noisettes : H+239 % et F+381
%), d'huiles végétales (HF+37 %), de céréales complètes (H+247 % et
F+153 %), avec moins de boissons sucrées (H-34 % et F-46 %) ou
alcoolisées (H-18 % et F-8 %), de charcuteries (HF-31 %), de lait
(HF-43%) et de fastfoods (H-22 % et F-25 %). Leur alimentation globale
(mesurée à l'aide d'un score validé) est plus proche des recommandations
du Programme national nutrition santé (PNNS).
Leurs apports caloriques moyens journaliers sont identiques, mais
leurs apports sont plus élevés pour les vitamines et minéraux (+10 à 20
%), les acides gras oméga-3 (+20 %) et les fibres (+27 %).
Enfin, après ajustement (prise en compte des différences observées
par ailleurs entre non consommateurs et consommateurs réguliers), ils
ont une moindre probabilité d'être en surpoids (H-36% et F- 42 %) ou
d'être obèse (H-62% et - 48 %).
Il est observé que les consommateurs
occasionnels ont des données intermédiaires entre les non consommateurs
et les consommateurs réguliers pour les paramètres étudiés.
En conclusion, les consommateurs réguliers de produits Bio ont des
caractéristiques socio-démographiques particulières et globalement un
profil plus en accord avec le concept d'alimentation durable, et plus
bénéfique pour la santé. Les effets à long terme sur l'état nutritionnel
et le risque ou la protection de maladies chroniques seront étudiés
plus en détails durant le suivi de cette cohorte qui devrait durer
encore au moins 5 ans.
Référence
"Profiles of organic food consumers in a large sample of French adults: results from the Nutrinet-Santé Cohort Study" Emmanuelle
Kesse-Guyot, Sandrine Péneau, Caroline Méjean, Fabien Szabo de
Edelenyi, Pilar Galan, Serge Hercberg et Denis Lairon. PlosOne le 18
octobre 2013
Auteur
[Photo : © C. Magdelaine - source : www.notre-planete.info]
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