sexta-feira, 8 de novembro de 2013

PHOTOGRAPHIE : “On n’a jamais fait autant de portraits au Mexique”

En 400 clichés, A través de la máscara retrace l’évolution du portrait photographique au Mexique. Entretien avec Pablo Ortiz Monasterio, qui a coordonné cette somme.

Courrier international – Pourquoi un livre sur le portrait photographique au Mexique ?
Feuilleter des extraits de cet ouvrage

PABLO ORTIZ MONASTERIO – Le portrait est l’un des grands genres de la photo. On peut presque affirmer que la photographie a été inventée pour faire des portraits. Elle est apparue en Europe à la fin du XIXe siècle pour que les nouveaux bourgeois puissent avoir leurs portraits, comme les nobles se faisaient faire les leurs à la peinture à l’huile. A peine inventé en Europe, le procédé s’est exporté au Mexique tout en évoluant. Nous présentons par exemple des photos-cartes de visite faites par l’empereur Maximilien du Mexique (1864-1867), qui avait besoin de se faire connaître à son arrivée dans notre pays. C’est sans doute la première fois que la photographie a été utilisée comme un instrument de propagande politique.

Au XXIe siècle, à l’ère des téléphones mobiles, d’Internet, de la technologie numérique, on n’a jamais produit autant de portraits. Les jeunes en font bien sûr, mais aussi les artistes contemporains, qui questionnent le genre et les pratiques. On assiste à un véritable boom du portrait au Mexique aujourd’hui. Or faire un portrait, c’est montrer un visage, mais aussi l’identité du sujet. L’idée est de faire dialoguer les portraits d’autrefois et ceux d’aujourd’hui, ceux des anonymes et ceux des personnes célèbres, pour montrer non seulement les Mexicains, mais aussi l’essence du Mexique. 

Comment avez-vous procédé ?
Cela a été un énorme travail. Quelque 400 photos sélectionnées sur les milliers que nous avons pu voir. Et elles ne sont pas toutes “jolies”. Pour que le livre soit attractif, accessible à un public non averti, il fallait qu’elles aient un sens, qu’il y ait une grâce, un rythme. Nous les avons choisies en construisant des chapitres dont les titres sont très évocateurs du Mexique : “Le pacte avec le photographe”, “Rêves de gloire”, “Le portrait de la tribu”, “Masque contre chevelure”, “Métamorphoses”, “Le dernier portrait”, “Le portrait en absence”… Par exemple, le chapitre “Masque contre chevelure” fait allusion à une des règles de la lucha libre, une forme de catch typique de la culture populaire. L’un des combattants met en jeu son masque, l’autre sa chevelure : le perdant devra soit enlever son masque, soit avoir la tête rasée. 

Que signifie le titre A través de la máscara (A travers le masque) ?
Le masque est une tradition très populaire au Mexique. On la retrouve de la culture préhispanique aux zapatistes, et on continue de voir des masques partout, dans les fêtes populaires comme chez les artistes contemporains. On peut user de toutes sortes de stratégies pour tirer un portrait, en montrant un visage, en le niant ou en le cachant, mais par-delà le masque l’idée est toujours de montrer qui nous sommes. 

Quelle est la place de la photographie au Mexique aujourd’hui ?
La photographie a toujours eu une place importante au Mexique, pendant la révolution, durant l’époque moderne, dans les années 1950. Le photographe Manuel Alvarez Bravo (1902-2002) reste l’un des plus cotés du marché. Mais il existe de façon générale dans le pays un véritable bouillonnement artistique. Quand nous arrivons en Europe, nous sommes fascinés par la beauté de Paris, l’héritage ancien. Mais, en dépit de notre manque d’éducation et de moyens, il me semble qu’il y a plus d’optimisme et de vitalité au Mexique, et cela se reflète dans la photographie, dans les travaux formidables des jeunes artistes qui surgissent.— 

Courrier international, Paris 

L’appli Libro de la Fundación Televisa
APPLI LIBRO

EN SAVOIR PLUS 

L’AUTEUR


Pablo Ortiz Monasterio, né en 1952 à Mexico, est l’un des photographes les plus réputés au Mexique. Multiprimé, professeur d’université, curateur, éditeur, il a fondé en 1994 à Mexico le Centro de la Imagen (Centre de l’image), destiné à l’enseignement et à la promotion de la photographie. Il a publié de nombreux livres. 

LE LIVRE 
Le livre A través de la máscara. Metamorfosis del retrato fotográfico en México (A travers le masque. Métamorphose du portrait photographique au Mexique), de Pablo Ortiz Monasterio et Vesta Mónica Herrerías, a été publié en 2012 par la Fundación Televisa aux éditions Lunwerg. L’ouvrage est disponible en France dans sa version en anglais : Mexican Portraits, Aperture, 2013. 

L’APPLI
Parallèlement au livre, la Fundación Televisa propose une splendide application pour iPad – gratuite. Celle-ci réunit une centaine de photos de l’ouvrage, couplées à des vidéos, des sons et des interviews de photographes. 

Partenariat
AMERICA LATINA
Pablo Ortiz Monasterio compte parmi les photographes sud-américains dont les travaux seront à (re)découvrir à partir du 19 novembre, à Paris. 

En coproduction avec le Museo Amparo de Puebla, au Mexique, la Fondation Cartier propose en effet une plongée dans la photographie latino-américaine de 1960 à nos jours.

Courrier international est partenaire de cette manifestation. 

America Latina 1960-2013, Du 19 novembre 2013 au 6 avril 2014,Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, 75014 Paris. 



Plus d’infos sur fondationcartier.com

[Source : www.courrierinternational.com]


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