Deux chercheurs ont publié la plus grande collection au monde de
citations du mot «dude» depuis le XIXe siècle, résolvant un mystère si
cher aux fans du film des frères Coen.
Jeff Bridges dans «The Big Lebowski» |
Ceux qui ont regardé The Big Lebowski
en VO se sont sûrement maintes fois posé la question: pourquoi The Dude
s'appelle-t-il «Dude»? D'où vient ce surnom? (Ceux qui ont vu le film
des frères Coen en français continuent sûrement à appeler le personnage
campé par Jeff Bridges «Le Duc», ce qui n'a rien à voir
malheureusement.)
Les contours de l'histoire du mot «dude» sont en fait connus depuis
pas mal de temps aux Etats-Unis. Le mot a été utilisé pour la première
fois à la fin des années 1800 pour se moquer des jeunes hommes qui
étaient excessivement attentifs au suivi des dernières modes. Plus tard,
il a été utilisé pour désigner un homme quelconque, avant d’être
transformé en équivalent multi-usage de «gars» ou de «type». Ce que nous ignorions, c’est pourquoi le mot «dude» lui-même a été choisi à l’origine.
Et nous avons enfin la réponse. Allan Metcalf, déjà auteur de OK: The Improbable Story of America's Greatest Word («OK: l’improbable histoire des plus grands mots américains»), raconte dans The Chronicle of Higher Education qu’un projet d’envergure d’une décennie a finalement donné des résultats probants.
Le projet est mené par Barry Popik et Gerald Cohen, décrits par Metcalf comme «des googlers avant Google». Avec l’aide d’autres collègues, ils ont passé au peigne fin les revues du XIXe siècle pendant des années, amassant petit à petit la plus grande collection au monde de citations de «dude». La dernière parution de la revue de Gerald Cohen, Comments on Etymology, présente sur 129 pages le recensement le plus complet jamais effectué des origines du «dude».
Alors, d’où vient le «dude»? Des indices mènent au mot «doodle», comme dans Yankee Doodle Dandy.
Dans cette chanson folklorique américaine, un «type» a «collé une plume à son chapeau et l’a appelé macaroni». «Macaroni» est devenu un terme désignant un dandy du XVIIIe siècle après le retour de jeunes britanniques de leurs aventures sur le continent européen, duquel ils revenaient maniérés et portant des vêtements de haute couture extravagants, avec un goût prononcé pour un plat italien exotique, les macaronis... le mieux qu’un colon inculte et grossier pouvait faire pour les imiter était de glisser une plume dans son chapeau.
Vous avez dit hipster?
Et «pour une raison inconnue, explique Metcalf, au
début de l’année 1883, cela a inspiré quelqu’un qui a désigné les
jeunes précieux de New York de “doods”, l’orthographe alternative
“dudes” devenant bientôt la norme». Certaines des descriptions moqueuses de ces «dudes» nous paraissent d'ailleurs terriblement actuelles:
«Une fine moustache, une cigarette, un gilet à treize boutons, un chapeau à bord recourbé, deux chaînes de montres à gousset sur la poitrine.»
Oui, un peu comme un hipster. Mais ce mot est devenu tellement dépassé. Nous pourrions revenir à «dood», ou même peut-être à «doodle».
Arika Okrent
Traduit et adapté par Jean-Laurent Cassely
[Source : www.slate.fr]
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