Au tout début de 2013, le Pr Philippe Van Parijs (UCL, KU Leuven et
Oxford) avait présenté avec beaucoup de conviction son plan Marnix pour
Bruxelles dans “La Libre”. On y est : il sera officiellement lancé au
BIP (“Brussels Information Point”), place Royale, le 28 septembre
prochain, mais dès jeudi prochain il sera déjà présenté au Comité
économique et social de Bruxelles.
L’initiative – pour laquelle le philosophe s’est associé à un
collègue de la VUB, Alex Housen, et à une fonctionnaire hispano-catalane
de l’Union européenne, Anna Sole Mena – est pour le moins ambitieuse !
En effet, “le plan Marnix pour un Bruxelles multilingue vise en fait à
promouvoir l’apprentissage précoce et cohérent de plusieurs langues au
sein de l’ensemble de la population bruxelloise. Il privilégie le
français, le néerlandais et l’anglais, tout en encourageant la
transmission de toutes les langues maternelles”.
“Nous sommes partis de convictions fortes : le multilinguisme
et à tout le moins le trilinguisme + (d’autres langues) sont plus
importants à Bruxelles qu’ailleurs, en raison de la présence des trois
langues précitées”, poursuit Philippe Van Parijs.
“Mais on est vraiment encore loin du compte car selon Grégor
Chapelle, le directeur général d’Actiris, 95 % des demandeurs d’emploi
sont unilingues francophones et avouent ne pas connaître d’autres
langues. Une autre donnée interpelle fort : en Wallonie, 5 % des élèves
sont en immersion, le chiffre passe à 11,4 % en Brabant wallon mais à
Bruxelles, il n’y a que 1,2 % des élèves à être dans ce cas. Pire : dans
bon nombre d’écoles qui comptent des sections professionnelles, plus de
la moitié des élèves n’ont pas eu de cours de langues. Tout cela nous a
incités à réfléchir et à lancer un plan Marnix qui doit interpeller le
monde de l’enseignement et donc aussi les décideurs politiques.”
Mais le plan Marnix veut aller plus loin : “Nous interpellons
aussi directement les parents en tant que tels. Nous les invitons en
effet à faire preuve de la plus grande cohérence. S’ils s’adressent à
leurs enfants dans leur langue à eux et qu’elle n’est pas une de celles
de l’école, nous les invitons à le faire de manière complète et
cohérente. Cela ne peut qu’aider l’enfant aussi à bien maîtriser sa
langue maternelle. Car moult études nous ont appris que c’était un atout
positif d’apprendre parallèlement plusieurs langues pour autant qu’on
s’y prenne très tôt”.
Un réseau d’infos utiles
Le plan Marnix ne s’arrêtera pas en si bon chemin : “Grâce à
notre site forcément trilingue, nous voulons aussi transmettre au public
un maximum d’informations sur toute initiative linguistique
intéressante, des tables de conversation aux initiations plus
personnalisées proposées aux enfants. En cela nous voulons lancer un
réseau auquel les intéressés pourront faire appel…”
Ce 28 septembre, pour lancer le plan depuis la très symbolique
salle Zinneke (NdlR : par référence à la dénomination des chiens bâtards
bruxellois aux sangs mêlés bien robustes…), Philippe Van Parijs a aussi
prévu un panel politique avec Rudi Vervoort et Guy Vanhengel pour le
gouvernement bruxellois mais aussi les ministres de l’Enseignement,
Pascal Smet et Marie-Martine Schyns.
“Du côté flamand, le Parlement a voté un décret le 10 juillet
dernier, qui rend davantage possible l’immersion mais cela reste quand
même limité, même si Pascal Smet va plus loin que Frank Vandenbroucke.
Du côté francophone, il y a une certaine prise de conscience au sein du
cabinet pour notre approche. On ose penser que Marie-Martine Schyns peut
faire bouger les lignes.”
Philippe Van Parijs semble aussi optimiste du côté des autorités bruxelloises : “Rudy
Vervoort nous semblait déjà très acquis mais il va même plus loin en
disant qu’il veut se battre pour des écoles bilingues. Je constate qu’on
n’a pas accueilli son idée négativement…”
Du côté de la société civile, tant le monde patronal que syndical y
sont eux aussi acquis que ce soient Olivier Willocx ou Jean-Claude
Daoust pour le premier ou encore Myriam Gérard et Philippe Van Muylders
pour le second. Les universitaires sont aussi enthousiastes : des
militants flamands de l’immersion comme Piet Van De Craen de la VUB au
doyen de philo et lettres de l’UCL, Philippe Hiligsmann, en passant par
bien d’autres professeurs, ils soulignent les avantages cognitifs de
l’apprentissage des langues dès le plus jeune âge…
[Source : www.lalibre.be]
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