Elles sont le plus souvent européennes, jeunes, jolies et dans le
besoin, et constituent des proies idéales pour les trafiquants de drogue
péruviens en quête de "mules".
Pour les autorités péruviennes, le
cas de deux jeunes européennes, une Britannique et une Irlandaise,
arrêtées il y a deux semaines à Lima en possession de 11 kg de cocaïne,
et qui risquent jusqu'à 18 ans de prison, illustre cette situation.
Et
les chiffres sont éloquents : en 2012, quelque 248 étrangers, dont 62
de nationalité espagnole, ont été arrêtés à l'aéroport international de
Lima, alors qu'ils tentaient de faire sortir de la drogue du pays andin
vers l'Europe, les Etats-Unis ou l'Asie, selon la police anti-drogue
(Dirandro).
"La majorité des détenus pour trafic de drogue sont
européens, surtout Espagnols, sans doute en raison de la crise qui
frappe leur pays", indique à l'AFP Johnny Bravo, responsable de la
Dirandro à l'aéroport international de Lima.
"C'est la nécessité
économique qui fait que beaucoup de femmes sans emploi deviennent
facilement la proie de cartels de la drogue, dans l'espoir" de gagner de
l'argent, estime-t-il.
Les deux jeunes femmes, Michaella McCollum
Connolly, 20 ans, de nationalité irlandaise et la Britannique Melissa
Reid, 19 ans, ont été arrêtées le 6 août à l'aéroport international de
Lima, alors qu'elles s'apprêtaient à embarquer dans un avion pour
l'Espagne. Les autorités péruviennes ont découvert dans leurs bagages 11
kg de cocaïne cachés dans une dizaine de paquets de céréales.
Les recrues espagnoles en augmentation
Le
colonel Tito Pérez, directeur général de Dirandro, précise que les
trafiquants préfèrent "utiliser des femmes jolies et présentant bien",
bien que "dans certains cas, les "mules" étaient des "personnes âgées".
"Il
y a eu récemment une augmentation des jeunes recrues espagnoles,
explique-t-il à l'AFP, c'est un phénomène en augmentation et nous
pensons qu'il s'agit d'une conséquence de la crise économique" qui
frappe durement ce pays où près de 50% des jeunes sont au chômage.
En Espagne, les trafiquants de drogue offrent entre 5.000 et 7.000 euros par livraison, selon la police péruvienne.
Selon
un mode opératoire bien huilé, les "mules" entrent au Pérou comme
touristes et les trafiquants paient les billets d'avion et leur séjour,
mais les maintiennent sous étroite surveillance.
Les cartels "leur
font croire que trafiquer de la drogue en Amérique latine est très
facile et que les mesures de sécurité sont assez inefficaces", détaille à
l'AFP Milton Rojas, qui travaille dans un centre de prévention,
d'information et de lutte contre la drogue appelé Cedro.
Une détention qui se mue en enfer
Au
début de l'année, la police péruvienne a démantelé un réseau de "mules"
britanniques, dirigé par Philip Austin Collins, neveu du chanteur Phil
Collins. Ce jeune homme a été arrêté à Lima et est incarcéré depuis le
mois de mai.
D'autres Britanniques liées à cette organisation ont
été arrêtées ultérieurement, mais les autorités péruviennes ne pensent
pas que les deux jeunes femmes arrêtées au début du mois fassent partie
du réseau.
Les deux jeunes filles ont assuré à la presse
britannique avoir été contraintes de transporter les bagages sans savoir
ce qu'ils contenaient. Elles risquent jusqu'à 18 ans de prison pour
possession de cocaïne.
Elles ont également raconté avoir été
piégées à Ibiza, dans l'archipel espagnol des Baléares, où elles
s'étaient rendues pour travailler l'été dernier. Elles ont expliqué que
leurs passeports et téléphones portables avaient été confisqués, et
qu'elles avaient été envoyées séparément au Pérou, sous la surveillance
d'un membre du cartel qui accompagnait chacune d'entre elles.
Une
vaste campagne sur internet avait été lancée pour retrouver Michaella
McCollum Connolly, dont les parents n'avaient plus de nouvelles depuis
douze jours.
Au Pérou, ces jeunes se trouvent souvent en détresse
une fois en détention. Ils sont soumis, sans posséder les codes locaux, à
une promiscuité avec des criminels endurcis qui les prennent rapidement
pour cible. Plusieurs ONG tentent de leur apporter un soutien dans les
prisons souvent surpeuplées du pays, mais leur influence demeure
limitée.
"En prison , les "mules" souffrent beaucoup car elles ne
parlent pas la langue, ne bénéficient pas de soutien psychologique et
côtoient toutes sortes de criminels", explique M. Rojas.
[Source : www.lepetitjournal.com]
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