quinta-feira, 22 de agosto de 2013

L'hiver à São Paulo : Roberto, l'agent de sécurité caméléon

Pour Pascale, l’hiver à São Paulo se raconte en couleurs, à travers la rencontre de Roberto, agent de sécurité dans le quartier chic de Vila Nova Conceção (Région Sud). Moments choisis et croqués au Brésil sous une plume tendre et humaine.

"C'est ma mère qui m'a enveloppée" - "Moi, c'est ma grand-mère"
Écrit par Pascale

Depuis peu, l’hiver semble avoir pris quelques jours de congés, laissant la place à de belles journées ensoleillées et chaudes. Au parc Ibirapuera, le João do Barro s’est remis à la fenêtre de son nid, mes envies secrètes de mettre des moufles au Brésil ont disparu et Roberto a enfin réussi à ôter les mains de ses poches.

Roberto est vigile en bas d’un immeuble chic de São Paulo. Son poste de travail n’est autre qu’une chaise haute installée sur le trottoir. En guise d’outil un talkie walkie dans sa poche droite, qui le relie au gardien de l’immeuble enfermé dans une cage de verre et, sa précieuse petite radio rouge dans sa poche gauche.

La première fois que nous l’avons rencontré, nous avions discuté avec lui de la Coupe du Monde de football. Depuis, dès que nous arrivons devant l’immeuble, il signale notre présence et vient tailler une bavette avec nous.

Je me régale d’écouter Roberto. Il est tellement drôle ! Il nous dit qu’il adore écouter la musique française sur son poste de radio, le samedi après-midi sur Radio Eldorado (107.3 FM). Pour lui, c’est très exotique et le temps passe plus vite ainsi ! Pendant la Coupe du Monde 2010, il était heureux de pouvoir écouter les matchs. Au Brésil, tout s’arrêtait au moment des rencontres, mais pas pour Roberto, qui devait rester à son poste, pour la sécurité de ceux qui habitent dans ces immeubles de luxe.

Lorsque l’hiver nous montre qu’il est encore là et nous pénètre de son humidité, Roberto descend son bonnet jusqu’au bas de ses oreilles et essaie de trouver une petite place dans ses poches pour ses mains gelées. Mais son sourire, lui, n’est pas frileux ; il est entier et généreux. L’autre jour, il était frigorifié et me dit en riant : « Il fait froid aujourd’hui mais demain ce sera pire. Il fera froid jusqu’à changer de couleur ! ». Il faut dire que Roberto est noir de peau alors, si le froid le fait changer de couleur, il est au moins polaire !

Maintenant, lorsque je me lève le matin, je ne peux m’empêcher d’imaginer la couleur du jour de notre caméléon bien sympathique. Alors que je me dirige vers ma cuisine en me demandant s’il est noir, gris ou vert, Roberto s’installe sur sa chaise haute, tandis que le poste de radio lui communique, pour le lendemain, la position de son bonnet sur les oreilles et la couleur de sa peau.

Depuis hier, Roberto, heureux de pouvoir sortir les mains de ses poches et de laisser son bonnet au placard, a retrouvé sa belle couleur chocolat. 

[Source : bresil.aujourdhuilemonde.com]

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