Pour Pascale, l’hiver à São Paulo se raconte en couleurs, à travers la
rencontre de Roberto, agent de sécurité dans le quartier chic de Vila
Nova Conceção (Région Sud). Moments choisis et croqués au Brésil sous
une plume tendre et humaine.
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"C'est ma mère qui m'a enveloppée" - "Moi, c'est ma grand-mère" |
Écrit par P
Depuis peu, l’hiver semble avoir pris quelques jours de congés,
laissant la place à de belles journées ensoleillées et chaudes. Au parc
Ibirapuera, le João do Barro s’est remis à la fenêtre de son
nid, mes envies secrètes de mettre des moufles au Brésil ont disparu et
Roberto a enfin réussi à ôter les mains de ses poches.
Roberto est vigile en bas d’un immeuble chic de São Paulo. Son poste
de travail n’est autre qu’une chaise haute installée sur le trottoir. En
guise d’outil un talkie walkie dans sa poche droite, qui le relie au
gardien de l’immeuble enfermé dans une cage de verre et, sa précieuse
petite radio rouge dans sa poche gauche.
La première fois que nous l’avons rencontré, nous avions discuté avec
lui de la Coupe du Monde de football. Depuis, dès que nous arrivons
devant l’immeuble, il signale notre présence et vient tailler une
bavette avec nous.
Je me régale d’écouter Roberto. Il est tellement drôle ! Il nous dit
qu’il adore écouter la musique française sur son poste de radio, le
samedi après-midi sur Radio Eldorado
(107.3 FM). Pour lui, c’est très exotique et le temps passe plus vite
ainsi ! Pendant la Coupe du Monde 2010, il était heureux de pouvoir
écouter les matchs. Au Brésil, tout s’arrêtait au moment des rencontres,
mais pas pour Roberto, qui devait rester à son poste, pour la sécurité
de ceux qui habitent dans ces immeubles de luxe.
Lorsque l’hiver nous montre qu’il est encore là et nous pénètre de
son humidité, Roberto descend son bonnet jusqu’au bas de ses oreilles et
essaie de trouver une petite place dans ses poches pour ses mains
gelées. Mais son sourire, lui, n’est pas frileux ; il est entier et
généreux. L’autre jour, il était frigorifié et me dit en riant : « Il fait froid aujourd’hui mais demain ce sera pire. Il fera froid jusqu’à changer de couleur ! ». Il faut dire que Roberto est noir de peau alors, si le froid le fait changer de couleur, il est au moins polaire !
Maintenant, lorsque je me lève le matin, je ne peux m’empêcher
d’imaginer la couleur du jour de notre caméléon bien sympathique. Alors
que je me dirige vers ma cuisine en me demandant s’il est noir, gris ou
vert, Roberto s’installe sur sa chaise haute, tandis que le poste de
radio lui communique, pour le lendemain, la position de son bonnet sur
les oreilles et la couleur de sa peau.
Depuis hier, Roberto, heureux de pouvoir sortir les mains de ses
poches et de laisser son bonnet au placard, a retrouvé sa belle couleur
chocolat.
[Source : bresil.aujourdhuilemonde.com]
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