La
nouvelle édition du Petit dictionnaire Robert, version 2013, annonce clairement
la couleur. Pour Alain, Rey, son conseiller éditorial, en matière de
dictionnaires : « Décrire les mots, c'est éclairer le passé, viser
l'avenir, et donner du sens à notre présent. » Tout cela est un beau
chemin, pavé de promesses…
Heureusement, le mot 'liseuse' n'a toujours pas été retenu...
Il est
comme chaque année amusant de découvrir les nouveaux venus de cette édition, au
fil des 2.880 pages du petit dernier, qui est vendu depuis aujourd'hui pour 60
€.
Ce même
jour sortent le Robert Illustré et le Dixel, le dictionnaire en ligne, ainsi
que le petit Robert des noms propres, avec 40.000 noms désormais, avec
l'arrivée de Philipe Claudel, Russel Banks ou encore Emmanuel Carrère, Fatou
Diome, Philippe Djian ou encore Dany Laferrière, parmi de nombreux auteurs
écrivains.
Et une
spéciale dédicace à Georges Wolinski, dessinateur et illustrateur, dont les
caricatures et dessins de presses réjouissent le coeur et réchauffent l'âme.
Notons également la présence de Marjane Satrapi, dessinatrice, réalisatrice et
réalisatrice, ou encore, dans la jeune génération des dessinateurs, Lewis
Trondheim.
Mais
faisons un petit tour des nouveautés du petit Robert lui-même.
L'actualité
se rappelle à nous :
agence de notation, couloir de la mort, creusement (des inégalités, du
déficit), dette souveraine, génération X, génération Y, les indignés, boule
puante (fig.), rétrocommission...
L'alimentation
se diversifie, la
provenance des aliments change, ainsi que la manière de les préparer : acérola,
bento, blender, bo bun, cachaça, cupcake, goji, gravlax, lager, makrout, panna
cotta, phô...
Les
nouvelles technologies sont une source régulière de néologismes :
audiodescription,
billet (d'un blog), objet communicant, cyberdépendance, DivX, ferme de
contenus, média social, mémoire flash, netbook, notebook, nuage informatique,
informatique en nuage, nuage de tags, permalien, réseautique, rétrolien...
La
médecine et la biologie sont source de nouveautés :
biomarqueur,
chimérisme, granulomatose, humanisation (d'un virus), neurorécepteur,
paraphilie, patientèle, perturbateur endocrinien, soins de suite,
télémédecine...
De même
que les sciences, l'environnement :
anthropisation,
anthropisé, anthropocène, archéométrie, cisaillement de vent, eaux grises, eaux
noires, géocroiseur, marée verte, méthylation, polluant organique persistant ou
POP, téléportation...
Le
récent accident nucléaire, la recherche de nouvelles sources d'énergie
fournissent du vocabulaire :
cogénération,
corium, accident de criticité, parc éolien, ferme éolienne, houlomoteur,
hydrolien, liquidateur, mox ou MOX, nuage radioactif, radiotoxicité,
radiotoxique, scaphandre Mururoa, gaz de schiste, arrêt de tranche...
Plus légers
sont les familiers à l'arrache, comater, gloup ou gloups, lol, marrade,
pipeauter ou pipoter, psychoter, subclaquant.
Le monde du
spectacle, l'art et la littérature sont présents avec biopic, burlesque,
dystopie, art modeste, œuvre orpheline, oscariser...
Échappant au
francocentrisme, le dico se tourne vers la francophonie. Les québécismes :
ambitionner (« aller trop loin, exagérer »), agent et agente de bord («
personne qui assure le service auprès des passagers d'un avion »), bar laitier,
bobettes (« sous-vêtement masculin ou féminin qui couvre le bassin »), chum («
ami, amie, compagnon, compagne »), compétitionner (« participer à une
compétition sportive »), débarque («chute »), déneigeuse (« chasse-neige »),
initialer (« parapher »), jello (« gelée sucrée et aromatisée servie en dessert
»), piqueteur (« personne qui fait du piquetage, c-à-d. gréviste »), sloche («
gadoue »), taxage (« racket opéré entre jeunes »), urgentologue (« urgentiste
»), ainsi que les locutions accrocher ses patins (« arrêter la compétition (hockey;
fig. cesser son activité »), se sucrer le bec (« manger des sucreries »),
passer dans le beurre (« manquer son coup »), faire quelque chose des deux
mains (« avec enthousiasme »)...
Les belgicismes
cuberdon (« bonbon de forme conique, contenant une gelée sucrée,
traditionnellement à la framboise »), panade (« goûter pour bébé, à base de
fruits et de biscuits écrasés »), prépension (« préretraite ») et ses dérivés
participent à la sympathique belgitude.
Spécificité
propre au dictionnaire, de nombreux sens sont illustrés par des citations
d'auteurs contemporains : Olivier Adam, Emmanuel Carrière, Philippe
Delerme, Virginie Despentes, Marc Dugain, Jean Echenoz, Alice Ferney,
David Foenkinos, Yannick Haenel, Michel Houellebecq, Thierry Jonquet, Dany
Lafferière, Carole Martinez, Christine Orban ou encore le conteur québécois
Fred Pellerin.
Amusant de voir que plusieurs sont donc entré dans le Robert des noms propres.
Par Cécile Mazin
[Source : www.actualitte.com]
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