Et cet amour qui lui coûta la vie...
C'est une plongée dans l'intimité de
Frederico García Lorca que l'on peut aujourd'hui faire, racontant tout à la
fois la guerre d'Espagne, sa liaison avec le jeune critique d'art Juan Ramirez
de Lucas, et bien d'autre. Des journaux
personnels du poète ont été mis à jour, pour le plus grand bonheur des chercheurs
et des passionnés.
Or, ce sont de véritables révélations que l'on découvre dans une boîte à
souvenirs, conservée jusqu'à lors par le critique d'art, qui la confia à sa
soeur, un peu avant sa mort, en 2010. Et plus de 70 ans après la mort du poète,
c'est l'une des révélations qui ébahit les historiens, révélant donc le nom de
l'amant.
Dans cette fameuse boîte, un poème inédit, quelques lettres entre les
deux hommes et le fameux journal intime, dans lequel Lorca relate leur
rencontre et leur liaison. Mais si au fil du temps, cette relation s'était
progressivement dévoilée, le nom de l'amant était resté inconnu, jusqu'à ce
jour.
Lorca avait dans l'intention de quitter
l'Espagne, sentant poindre dans le pays, un vent de haine contre
l'homosexualité, et lui-même n'avait jamais dissimulé la sienne. Et l'hostilité du pouvoir en place montait progressivement contre le
jeune poète, dont on recherche - presque - toujours la tombe. Ainsi, un nouveau
lieu, qui servirait alors de sépulture au défunt a été mis à jour, entre les
villages de Viznar et d'Alfacar. Une zone qui est située à moins d'un
demi-kilomètre de l'endroit que l'historien Ian Gibson avait, en 1971, déclaré
être la tombe du poète, mais qui fut fortement remis en cause en 2009. Et pour cause : on n'y trouvait aucun ossement.
C'est pour le Mexique que Lorca voulait
partir, en compagnie manifestement de Juan Ramirez de Lucas. Ce dernier avait
19 ans, et étudiait à Madrid à l'époque où il rencontre Lorca, âgé de 38 ans. Amoureux transis, ils avaient alors convenu de quitter l'Espagne en
guerre, non sans aller dire adieu à leur famille respective.
Le drame se joue alors quand Juan se
heurte à son père, qui refuse de lui fournir les papiers nécessaires à son
départ. Avant 21 ans, le jeune homme n'était pas majeur, et donc pas libre de
se déplacer en dehors des frontières. C'est donc cet amour pour Juan qui
l'avait poussé au départ précipité, et c'est avec patience que Lorca annonçait
à son amant qu'il attendrait. « Compte sur moi pour
toujours », écrit-il.
Retardant d'autant leur fuite… un délai
qui coûtera la vie à Lorca, qui en août 1936 sera fusillé avec trois autres
personnes.
Pour Manuel Francisco Reina, qui a pu
prendre connaissance du contenu de cette boîte, ce départ était une volonté
réellement commune. « Frederico ne voulait pas aller au
Mexique sans son amour… Certaines personnes connaissaient cette histoire dans
son ensemble, y compris les poètes Luis Rosales et Antonio Hernandez, qui me
l'ont confirmé », explique-t-il dans un roman à venir.
Ian Gibson, biographe britannique de Lorca, n'en revient pas. « C'est extrêmement excitant d'apprendre que de nouvelles archives existent,
pour faire la lumière sur les derniers jours. Lora était très prolixe et
enthousiaste, mais nous n'avons jamais su clairement qui était son dernier
amant, ni pourquoi ils ont tardé à partir. »
Par Clément Solym
[Publié
dans www.actualitte.com]
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