Mais absolument aucun problème du côté des lecteurs ebook...
Depuis plusieurs mois, l'Agentine tente de redresser la barre de son
économie en pratiquant un protectionnisme strident. Les mesures de restrictions
encadrant les règles d'importations sont de plus en plus draconiennes et
touchent tous les secteurs.
Ainsi, pour le secteur de l'édition, les mesures défensives avaient fait
monter au créneau... les Argentins eux-mêmes, qui ont protesté contre les
mesures prises par la présidente. « Les livres ne sont pas des produits de
consommation de masse, c'est vrai, mais ils sont un symbole de liberté. La
Présidente sait-elle que les restrictions sur les livres (et par conséquent sur
la culture et la connaissance) constituent une expression d'obscurantisme
politique ? Aspire-t-elle à faire de cela son leg présidentiel ? Les livres
apparaissent ainsi comme les nouveaux ennemis d'une longue saga présidentielle
de batailles culturelles et de guerres politiques. »
Lisez ce que vous pouvez
Mais la situation n'a pas réellement changé. Ces dernières semaines,
tout un excédent commercial, causé par le protectionnisme ambiant qu'a imposé la
Présidente Cristina Kirchner. Les chiffres commencent à s'accumuler et
provoquer des sueurs froides. Ainsi, en 2011, l'excédent commercial était de 7,8
milliards €, en recul de 11 % en regard de 2010. Mais la chute s'aggrave plus
encore, lorsque l'on découvre que les subventions qui ont dépassé les 12
milliards € en 2011 ne sont presque plus supportées par l'État.
Avec une dette publique de 4,5 milliards €, l'Argentine entre dans une
situation critique, et impose aux grandes sociétés désireuses d'entrer sur le
marché de prendre part aux efforts de guerre... Ainsi, Porsche ou BlackBerry se
sont vu imposer des achats pour le moins excentriques...
Librairie
en Argentine
Mais une situation pareille devient complètement folle, lorsque l'on découvre
que, si l'Argentine impose des restrictions fortes sur les importations de
livres de papier, interdisant pour des raisons de santé publique leur arrivée
dans le pays, sa politique concernant les lecteurs ebooks est à peu près
délirante. En effet, début mars, le gouvernement avait affirmé sa volonté
de réglementer un peu plus l'importation de produits imprimés. Sur une décision
du secrétariat au commerce intérieur, ceux-ci devront contenir « moins de
0,006 % de plomb pour 100g de masse non volatile ».
Et tout ouvrage non conforme était alors reconduit à la
frontière...
Un récit qui pourrait se retrouver dans un roman de Jorge Borges, assurément,
mais qui est bien réel. Et puisque pour protéger le grand public, rien n'est
trop beau, alors on interdit. Avec pour conséquence de provoquer l'engouement
pour les achats en ligne, la désertion des librairies, qui manquent de stock et
dévoilent des devantures édentées, là où l'on pouvait trouver tel ou tel
ouvrage... Et la crainte que, dans le même temps, Amazon se goinfre
gentiment.
Mais pas même ! En regard de ces mesures, il pourrait être obligatoire de se
rendre à la douane la plus proche, pour récupérer son achat sur internet.
Lecture numérique et lecteur ebook tolérés
Or, donc, cette politique sanito-culturelle devient passablement inquiétante,
lorsque l'on découvrir que... les lecteurs ebook ne sont absolument pas
concernés par ces mesures anti-plomb. Effectivement, ces derniers ne sont pas
imprimés du tout, et il ne s'agit évidemment pas, pour le pays, d'opérer une
censure culturelle, mais de justifier un protectionnisme en matière
d'importations, sous prétexte que, si l'on met son doigt dans sa bouche, après
avoir tourné une page, on prend un risque sanitaire.
Sur Twitter, les mots clef #liberenloslibros
sont toujours abondamment utilisés. Et pour le coup, on reste soulagé de savoir
qu'aucune mesure culturelle ne soutient ce projet de restriction. Reste que le
gouvernement a jusqu'à preuve du contraire, estimé que les lecteurs ebooks
constituaient des produits sûrs à utiliser - difficile en effet de lécher un
écran à encre électronique... encore que ceux qui ont un écran tactile...
Par Nicolas Gary
[Photo : Flickr - URL: goeshere - source : www.actualitte.com]
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