Près de 950.000 personnes vivent actuellement en Allemagne malgré le rejet de leur demande d'asile. Le gouvernement fédéral prévoit des expulsions systématiques et des modifications législatives.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Alexander Dobrindt, réagit lors de la réunion ministérielle européenne sur les migrations à Munich, le 4 octobre 2025.
Écrit par Olivier Signus
Actuellement, 934.553 personnes dont la demande d’asile a été rejetée vivent en Allemagne, selon le journal Bild. Cela représente une augmentation de près de 40.000 personnes par rapport à l’été 2023. À cette période, 896.065 personnes étaient enregistrées dans cette catégorie.
Il s’agit principalement de ressortissants afghans, turcs et kosovars. Les expulsions ont augmenté au cours des dix premiers mois de 2025 pour atteindre 19.538 personnes, soit 18 % de plus qu’en 2024.
Les Afghans en tête des statistiques
Selon le journal Bild, les Afghans occupent la première place dans les statistiques, avec 153.550 demandes d’asile rejetées. Ils sont suivis en deuxième et troisième position par les Turcs, avec 93.762 demandes rejetées, et les Kosovars, avec 68.261 demandes rejetées.
À la même date, 2.386.267 étrangers bénéficiant d’un statut de protection reconnu vivaient en Allemagne.
Selon le professeur Daniel Thym de l’université de Constance (codirecteur du centre de recherche sur le droit des étrangers et le droit d’asile), seuls quelques étrangers respectent l’obligation de quitter le territoire, sont expulsés ou retournent dans leur pays d’origine avec une aide financière. Cela démontre que « depuis des années, beaucoup de choses ne fonctionnent pas correctement en matière d’obligation de quitter le territoire ».
En outre, l’universitaire souligne que les droits de séjour « sont souvent accordés même lorsque les moyens de subsistance ne sont pas assurés et que les personnes concernées perçoivent en partie des prestations sociales ».
L’obligation de quitter le territoire en Allemagne
En Allemagne, l’obligation de quitter le territoire est régie par l’article 50 de la loi sur le séjour des étrangers. Elle s’applique lorsqu’un étranger ne possède pas de titre de séjour valide ou que celui-ci a expiré, à condition qu’il n’y ait pas de procédure judiciaire en cours ou de suspension temporaire d’expulsion. Dans ce cas, la personne concernée est tenue de quitter le territoire fédéral immédiatement ou dans un délai déterminé.
L’obligation de quitter le territoire s’applique également aux autres États membres de l’Union européenne et aux États Schengen, dans la mesure où la personne concernée ne dispose pas d’un droit de séjour dans ces pays.
Fin 2024, 72.500 étrangers soumis à l’obligation de quitter le territoire vivaient en Allemagne, où ils résidaient depuis au moins six ans. Cela montre que les procédures peuvent parfois être très longues.
« Les demandes d’asile rejetées restent sans suite »
La question a été posée au Parlement allemand par René Springer, député AfD. Il a critiqué le fait que « les demandes d’asile rejetées restent sans suite » et a qualifié cela de « perte de contrôle de l’État », selon le journal Bild.
Selon les informations du ministère fédéral de l’Intérieur, le nombre d’expulsions a augmenté de 18 % au cours des dix premiers mois de 2025 par rapport à l’année précédente. De janvier à octobre, 19.538 personnes ont été expulsées, soit une moyenne de 65 par jour. En 2024, ce chiffre était de 16.563 pour la même période.
« Cohérence dans la politique migratoire »
Le ministre allemand de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, a annoncé qu’il poursuivrait dans cette voie : « Il s’agit de contrôle, de ligne claire et de cohérence dans la politique migratoire – cela vaut également pour les rapatriements », a-t-il déclaré au journal « Bams ». « Nous poursuivons résolument dans cette voie et préparons des expulsions ciblées vers la Syrie et l’Afghanistan. »
Dans leur accord de coalition, l’Union (CDU+CSU) et le SPD s’étaient fixé pour objectif d’augmenter considérablement le nombre d’expulsions.
À cette fin, des modifications législatives sont notamment prévues. Ainsi est prévue la suppression d’obligation d’assistance juridique en détention en vue de l’expulsion, tandis que la police fédérale se verrait attribuer des compétences supplémentaires.
Les personnes considérées comme une menace pour la sécurité publique et les criminels condamnés pourront être placés en détention provisoire en vue de leur expulsion, et la capacité des centres de rétention administrative devrait être considérablement augmentée.
Préoccupations relatives aux droits de l’homme concernant les expulsions
Les organisations de défense des droits humains et des réfugiés avertissent que les retours rapides et une politique d’expulsion plus stricte ne fonctionnent souvent pas dans la pratique, car de nombreuses personnes concernées ne peuvent de facto pas être expulsées, en partie pour des raisons juridiques ou liées à la coopération.
L’organisation Pro Asyl, par exemple, met en garde contre un durcissement des mesures et d’éventuelles atteintes aux droits fondamentaux, en particulier si la détention et la pression en vue de l’expulsion sont renforcées.
[Photo : Alexandra Beier/AFP via Getty Images - source : www.epochtimes.fr]
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