La question de la distribution illégale des œuvres littéraires ne cesse de préoccuper les éditeurs — et les auteurs —, qui s'estiment lésés par un tel procédé. Une nouvelle étude, réalisée en Pologne, a tenté d'observer l'impact effectif du piratage d'un livre numérique sur ses chiffres de ventes.
Publié par Ugo Loumé
En tout, 13 grands éditeurs polonais ont accepté de participer, mais l'un d'eux n'a pas fourni les données nécessaires au démarrage de l'étude. À la fin de cette dernière, au bout d'un an, trois autres participants ont du se retirer : deux, pour ne pas avoir communiqué les chiffres de vente, et l'un en raison d'une interférence dans la procédure de traitement.
Les maisons ont apporté les informations relatives à 5 à 53 titres chacune. Les livres sélectionnés devaient être assez récents ou à paraître, et populaires. Les éditeurs ont également fourni des données détaillées sur chaque livre : nom de l'auteur, nombre de pages, prix pour différents formats, date de sortie, nombre d'éditions précédentes, premier tirage et ventes passées. Ils ont aussi partagé des prévisions de ventes trimestrielles ou mensuelles, ainsi que des rapports de ventes semestriels et finaux pour chaque titre.
Toutes les références étudiées ont été classées en deux catégories : un premier groupe, pour lequel un travail de retrait des sites de piratages a été effectué, en collaboration avec l'agence Plagiat.pl, et un second groupe témoin, qui n'a bénéficié d'aucun traitement antipiratage. Pour que la comparaison puisse être la plus fidèle possible, la répartition s'est basée sur plusieurs critères comme le prix du livre, son format ou les chiffres de ventes précédents.
Quels effets sur les ventes de livres ?
Après avoir mené une recherche approfondie, trois assistants ont été chargés de vérifier en ligne la disponibilité d'exemplaires piratés de livres « protégés ». Ils ont constaté que ces titres étaient moins nombreux et plus difficiles à trouver en ligne, suggérant une certaine efficacité des mesures antipiratage mises en place.
Cependant, l'effet de ces mesures sur les ventes de livres imprimés ne ressortait pas clairement des résultats de l'étude. Bien que les chercheurs aient observé un léger effet positif dans la catégorie des livres retirés des sites de piratages, celui-ci n'était pas statistiquement significatif. Ce n'est qu'après avoir utilisé une analyse bayésienne, qui intègre des données de recherches antérieures, que les chercheurs ont constaté une augmentation des ventes de livres.
Une autre approche
« Bien qu'en utilisant l'analyse classique nous n'ayons pas trouvé de différence significative, une approche bayésienne utilisant des études antérieures sur le piratage a conduit à la conclusion que la protection contre le piratage a entraîné une augmentation significative des ventes d'environ 9 % », indiquent les chercheurs.
Ces derniers concluent en relativisant tout de même leurs résultats. En cause, un échantillon trop faible pour que les résultats puissent être généralisés. Ils affirment que leur principale contribution vient en revanche de la méthode utilisée, « notre conception nous a permis de réduire considérablement les problèmes de causalité tout en nous fournissant un contrefactuel clair et un contrôle total du traitement ».
Ce qui contraste, selon eux, avec la littérature antérieure sur le sujet, qui se focalisait sur des événements ponctuels et qui échappaient au contrôle des chercheurs. Les auteurs de l'étude espèrent donc inspirer de nouveaux travaux, menés à plus grande échelle et appliqués à d'autres industries et aires géographiques.
L'étude complète peut être consultée à cette adresse.
[Photo : lance robotson (CC BY-NC 2.0) - source : www.actualitte.com]
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