domingo, 16 de abril de 2023

Quand l’intelligence artificielle menace l’information

                          L’intelligence artificielle va se déployer à grande vitesse dans la production de textes, grâce à sa maîtrise du langage naturel, mais aussi dans les photos et les vidéos.

À l’instar de ChatGPT, l’intelligence artificielle générative est de plus en plus perçue comme un risque pour l’information et les médias.

Écrit par Amaury de Rochegonde

Après Microsoft et Open AI, avec leur ChatGPT pour les textes ou Dall-E pour les images, après Google et son Bard, voici venu Amazon et son Bedrock, un service comparable à ChatGPT et Dall-E, ou Midjourney sur Amazon web services. Cela montre à quelle vitesse l’intelligence artificielle va se déployer dans la production de textes, grâce à sa maîtrise du langage naturel, mais aussi dans les photos et les vidéos.

On a déjà vu avec le phénomène du deepfake, ces vidéos où l’on fait dire à Barack Obama des mots qu’il n’a jamais prononcés, les risques que font porter sur l’information des images détournées et falsifiées. Que se passe-t-il avec les possibilités infinies de détournement de lieux, d’individus, de dates qu’offre l’intelligence artificielle dite générative ? On pourra dire alors plus que jamais, comme le philosophe Guy Debord en 1967, que « le vrai est un moment du faux ».

Risque de pseudos-vérités construites sur de fausses informations

Le photojournalisme, le reportage risquent de se glisser comme de frêles récifs dans un océan de textes et d’images trafiquées sur les réseaux sociaux. Vision cauchemardesque ? Sans doute, car on peut aussi espérer que les possibilités de transformation des infos et des images incitent les utilisateurs à être encore plus méfiants vis-à-vis des manipulations en tout genre. Seulement, pour un esprit éclairé par l’expérience d’images manipulées, combien prendront pour argent comptant des infox malveillantes ?

L’IA façon ChatGPT est une menace à plusieurs titres. Elle risque non seulement d’organiser elle-même l’accès à la connaissance, comme Google, mais en plus de construire de pseudos-vérités en livrant de fausses informations. C’est d’ailleurs parce qu’elle est capable d’« hallucinations », en clair d’inventer des éléments sur un individu, que ChatGPT est poursuivi par cinq plaintes devant la CNIL, le gendarme des données, pour non-respect de la réglementation européenne. Sur les réseaux sociaux, cette photo de CRS casquées en masse devant le Conseil constitutionnel amène cette question : est-ce vrai ? Oui, c'est une photo Reuters, mais certains sur les réseaux sociaux lui trouvaient des ressemblances avec une image fabriquée par l’intelligence artificielle.

L’IA brouille les repères et le média devient plus que jamais un tiers de confiance. Mais parallèlement, des photographes et les journalistes vont être de plus en plus pillés par les IA qui s’entraînent sur leurs images, sur leurs mots, sur leur intelligence du monde. Pour quelle rémunération ? Un AI Act de l’Union européenne n’a pas l’air de faire grand cas du droit d’auteur en la matière. Même les agences de pub ont des soucis à se faire. Amazon suggère déjà avec Bedrock de créer une campagne de publicité en puisant dans les slogans et les images qui conviennent à une marque.

 

[Photo : Amaury de Rochegonde - source : www.rfi.fr]

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