Son nom seul est associé à l’infamie et au génocide le plus brutal que XXe siècle ait connu : la figure d’Hitler impliquera certainement pour des années encore que se multiplient les parutions pour expliquer, raconter et témoigner. La propagande nazie n’ayant, hélas, pas disparu avec le dictateur allemand, deux parutions prochaines apportent un éclairage supplémentaire.
Publié par Clément Solym
Mi-octobre, Olivier Mannoni publiera chez Héloïse d’Ormesson un ouvrage peu commun : voilà plusieurs années, il prit part avec les éditions Fayard à la traduction de Mein Kampf, dans une édition historicisée et contextualisée. Dix années de labeur qu’il raconte dans un essai, Traduire Hitler.
Un récit qui évoque les tempêtes suscitées par l’annonce de cette nouvelle édition, la lutte au corps à corps avec une prose confuse et pernicieuse, la nécessité impérieuse de l’affronter, envers et contre tout, avec des instruments d’ordinaire dédiés au service du savoir et de l’art. Et l’auteur de pointer les innombrables échos sociaux et politiques qui, depuis, résonnent autour de lui, dans un monde où les démons semblent, peu à peu, renaître.
Mais pour un traducteur, que signifie de plonger dans cette terrifiante époque, à travers les mots de celui qui fit trembler le monde ? « Historiciser le mal, retranscrire la haine », une gageure…
Déjouer les ruses
Chez Armand Colin, c’est l’ouvrage d’Emmanuel Thiébot qui revient sur tout le travail de propagande : à partir des années 30, tout support devint bon à véhiculer l’idéologie nazie : timbres, cartes postales, jouets pour les enfants… Et même dans la vie de ses concitoyens, avec distribution de son livre Mein Kampf aux jeunes mariés.
« Après l’échec du putsch du 9 novembre 1923, Hitler, qui avait eu très peur y compris physiquement, avait jugé plus raisonnable d’investir les institutions pour les subvertir de l’intérieur. Pour cela, l’histoire est connue, il eut assez de flair, car il savait s’entourer, pour se rallier Josef Goebbels qui n’était pas au nombre de ses partisans, bien au contraire », écrit dans sa préface Johann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris IV et spécialiste du nazisme et de l’Allemagne.
Cet ouvrage parcourt, à travers quelque 350 illustrations, les messages du Führer, aussi bien que les caricatures le tournant en ridicule et les tentatives des alliés de contrer la montée du nazisme. À travers Propaganda Hitler, le lecteur découvrira en effet que l'imagination des propagandistes hitlérien comme celle des alliés en réponse ne connaissait pas de limites.
Avec cet avertissement, sans réserve : « Cet ouvrage présente ces documents au public français dans un but pédagogique et une démarche historique, démontrant leur impact désastreux sur l’opinion depuis l’accession au pouvoir jusqu’à la chute d’Hitler. En effet, ils ont été utilisés dans le double but de manipuler les esprits des Allemands et d’endormir la méfiance des États voisins, ou d’intimider ceux-ci par des démonstrations de force. L’auteur met en avant dans ce livre les idées fausses et les déformations utilisées dans le cadre de cette propagande. En aucun cas l’auteur ou l’éditeur ne cautionnent les idées véhiculées par ces documents ni n’en font l’apologie. »
[Photo : Mit Hitler im Western, 1940 ; © L’Aube, 1944 - source : www.actualitt
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