Dans le cadre du 50e anniversaire du Centre d’action laïque (CAL), son président Henri Bartholomeeusen a réaffirmé la laïcité comme principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse. Dans la conférence-débat qu’il donnera au CCLJ le mercredi 27 novembre 2019 à 20h, il rappellera également en quoi la laïcité est un gage de liberté religieuse.
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Comment expliquez-vous que beaucoup de gens ne perçoivent pas la laïcité comme un gage de liberté religieuse ?
Les premiers libres penseurs ayant cherché à s’émanciper du catholicisme se recrutaient davantage chez les athées ou les agnostiques qui dénonçaient l’emprise de la religion sur l’État et la société. Il n’y avait donc qu’un pas à franchir pour penser que la laïcité se confond avec une doctrine antireligieuse. Mais dans l’action, c’était la réalité, car il fallait se mobiliser contre la prégnance de l’Église catholique dans de nombreux domaines : les athées et les agnostiques n’avaient pas accès à des cimetières non catholiques, ils ne pouvaient obtenir d’aumôniers laïques, etc. Après la Seconde Guerre mondiale, la modernité a pénétré les esprits et la question de l’émancipation des individus va se retrouver au cœur des débats. Et à partir des années 1960, à travers des questions éthiques, la société prend conscience que ce n’est pas la foi de chacun qui est en cause, mais plutôt le système qui fait l’objet de critiques.
À travers les combats qu’ils ont menés, les laïques n’ont-ils pas participé à une certaine confusion ?
Effectivement, les laïques ont parfois eux-mêmes confondu l’action laïque, anticléricale par essence, avec le principe même de laïcité qui ne se cantonne pas à la critique d’une religion, mais qui fonde un régime de liberté sur l’impartialité du pouvoir civil. Et ce pouvoir civil ne procède que de la libre volonté des citoyens eux-mêmes. Le principe de laïcité se rapporte à la manière de gérer la Cité sans dépendre d’aucune autorité supérieure à la conscience des individus. Le principe de laïcité n’est pas tombé du ciel. Il tire sa légitimité de l’histoire politique à partir des premiers concepts de tolérance des penseurs anglais comme Locke. Il évoluera à travers le temps en se déplaçant vers le continent européen pour aboutir au principe de laïcité qui garantit les libertés fondamentales. Ces dernières supposent évidemment la liberté de conscience, la liberté de penser, le libre examen et la liberté d’expression. Quant à la liberté religieuse, il faut être clair sur son contenu : ce n’est pas la possibilité pour les religions de s’installer au sein d’un État démocratique de manière libre ni d’imposer une sorte de droit religieux à leurs ouailles, mais c’est la possibilité pour les individus d’avoir une religion, de changer de religion ou de n’en avoir aucune.
Est-ce la raison pour laquelle vous avez lancé à l’occasion du 50e anniversaire du CAL un appel aux défenseurs des droits fondamentaux à affirmer leur adhésion au principe de laïcité en l’inscrivant dans les Constitutions nationales et les traités internationaux ?
Si la laïcité est un principe fondamental, la première conséquence à en tirer, c’est que ce principe est univoque. Il faut donc le préciser de la manière la plus claire et la plus accessible. Si ce principe se trouve être un hybride entre l’humanisme et le politique, c’est qu’il est nécessairement universel. Cela signifie donc qu’il puisse être défendu à l’échelle de l’humanité. C’est la raison pour laquelle il convient d’affiner ce principe. S’il doit profiter au dernier d’entre nous, quel que soit le moment ou le lieu, nous en appelons alors à tous les gouvernements de toutes les nations à inscrire chaque fois que possible le principe de laïcité au cœur même de ce qui constitue la garantie fondamentale de tout système politique : la Constitution. Et si ce n’est pas possible, alors il faut veiller à l’inscrire dans des traités internationaux pour en faire une nouvelle clé commune à l’humanité.
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[Source : www.cclj.be]
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