domingo, 24 de março de 2019

Joséphine Baker (1906-1975)

Meneuse de revue, « chanteuse, danseuse et actrice, Joséphine Baker (1906-1975) « avait tous les talents. Adulée en Europe, elle se heurte au racisme de l'Amérique ségrégationniste, son pays natal » et résiste au nazisme. Elle a adopté des enfants orphelins de toutes origines et religions. Arte rediffusera le 28 novembre 2021 « Joséphine Baker - Première icône noire » (Josephine Baker, Ikone der Befreiung) par Ilana Navaro. Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker entrera au Panthéon. Le Théâtre de Passy propose "Joséphine B", spectacle musical (1h30) de et mise en scène par Xavier Durringer avec Clarisse Caplan et Thomas Armand.



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« Enfant pauvre du Missouri, Joséphine fuit, à 13 ans, la famille de Blancs qui la traite en esclave pour suivre une troupe de théâtre ».

« Après une incursion dans le music-hall à New York, elle saisit au vol la proposition d'un producteur qui monte un spectacle à Paris ».

En 1925, Josephine Baker est programmée en première partie dans la "Revue nègre" au Théâtre des Champs-Élysées. Elle est vêtue d'un pagne de fausses bananes et danse sur un air de charleston — rythme inconnu en Europe — lors du tableau "La Danse sauvage". Le public est partagé entre l'enthousiasme et la stupéfaction devant ce qui semble scandaleux. Il adore vite celle qui devient synonyme de jazz, de liberté, de naturel, d'inventivité. Josephine Baker devient la muse des cubistes qui apprécient son style et ses formes. Elle recrute Georges Simenon comme secrétaire.


« Avec son animation et sa plus grande tolérance, la Ville lumière la conquiert ».

« Ses habitants, et bientôt toute l'Europe, s'entichent de cette tornade scénique, dont l'ébouriffante danse et les multiples talents (chant, danse, comédie) collent à la frénésie des Années folles. » Parmi les revues dont elle assure le succès : Un vent de folie (1927).

L’une de ses chansons les plus célèbres ? J'ai deux amours composée par Vincent Scotto sur des paroles de paroles de Géo Koger (1931). Citons aussi sa reprise en 1930 de La Petite Tonkinoise (Henri Christiné/Vincent Scotto) créée en 1906 par Polin.

« À une époque où l'on exhibe les "indigènes" comme des bêtes de foire, Joséphine devient l'objet d'une sincère adulation mais aussi de fantasmes coloniaux peu reluisants. Ses tournées américaines ravivent en outre les traumatismes de l'enfance : elle se fait refouler des hôtels et la critique la prend de haut. Quant à la communauté noire, elle l'accuse de n'avoir rien fait pour les siens. Désemparée, la star comprend qu'elle trouvera sa voie dans l'engagement politique ».

« La guerre de 1940 lui en donne l'opportunité. Avec courage, Joséphine Baker entre dans la Résistance en qualité d'espionne ».

En 1947, Joséphine Baker épouse Jo Bouillon, compositeur, chef d'orchestre et violoniste français (1908-1984). C’est son quatrième mariage.

Le couple acquiert le château des Milandes, dans le Périgord Noir (Dordogne) qu'elle loue depuis 1937. Joséphine Baker y résidera jusqu'en 1969. Elle y élève onze enfants de toutes origines et religions - juif, chrétien, musulman, etc. -, adoptés et surnommés sa « tribu arc-en-ciel ». Elle consacre à ce domaine des sommes importantes provenant de récitals dans le monde.

Le couple se sépare en 1957 et divorce en 1961.

En 1951, lors d'une tournée en Floride, Joséphine Baker « exige l'ouverture des salles de concert au public noir, et dénonce le racisme ambiant au point de s'attirer les représailles du FBI. »

La « marche pour les droits civiques, à Washington, demeure « le plus beau jour de [sa] vie ». En ce 28 août 1963, vêtue de l'uniforme de la France libre, Joséphine Baker est la seule femme à s'exprimer, aux côtés de Martin Luther King, devant une foule mêlant Blancs et Noirs. Ce discours est l'aboutissement d'une vie de succès mais aussi de brimades et de luttes ».

En 1960, Joséphine Baker est initiée dans la loge maçonnique « La Nouvelle Jérusalem » de la Grande Loge féminine de France.

En 1964, endettée notamment envers le fisc, Joséphine Baker sollicite l’aide du public. Parmi ceux qui l’aident : la star Brigitte Bardot.

Le château est cependant vendu pour un dixième de sa valeur en 1968. Joséphine Baker le quitte le 15 mars 1969.

Grâce à Jean-Claude Brialy, elle se produit dans son cabaret La Goulue, à Paris, et effectue des tournées.

La princesse Grace de Monaco, qui avait été témoin du racisme ayant visé Joséphine Baker aux États-Unis, lui permet de se loger à Roquebrune et la programme à Monaco pour des soirées de gala sur le Rocher.

En 1968, après les manifestations estudiantines ayant fait vaciller le pouvoir du président Charles de Gaulle, elle se tient au premier rang du défilé en soutien au président sur l'avenue des Champs-Élysées, à Paris.

Le 24 mars 1975, pour ses cinquante ans de carrière, elle débute la rétrospective Joséphine à Bobino. Dans la salle : le prince Rainier III et la princesse Grace de Monaco, Alain de Boissieu, gendre de Charles de Gaulle, Sophia Loren, Mick Jagger, Mireille Darc, Alain Delon, Jeanne Moreau, Tino Rossi, Pierre Balmain... Un succès critique et public.

Le 10 avril, Joséphine Baker, victime d'une attaque cérébrale, est transportée dans un coma à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Elle y décède deux jours plus tard, âgée de 68 ans.

« Nourri d'extraits parfois poignants de ses mémoires, d'entretiens et d'un riche fonds d'archives, où la star apparaît débordante d'énergie et toujours souriante – elle aimait donner le change – mais plus sereine à mesure qu'elle trouve sa voie, ce film « Joséphine Baker - Première icône noire » brosse l'émouvant portrait de la première icône noire ». Serti de superbes archives, le récit du destin hors du commun de la première star noire et de ses combats ».

Panthéon
Le président de la République Emmanuel Macron a accueilli favorablement une demande soutenue par une pétition revêtue de signatures prestigieuses.

Le 23 août 2021, l'Elysée a publié un communiqué de presse annonçant la "Panthéonisation de Joséphine Baker" : 
"Sur décision du président de la République, Joséphine Baker sera honorée au Panthéon le 30 novembre prochain. 
À travers ce destin, la France distingue une personnalité exceptionnelle, née américaine, ayant choisi, au nom du combat qu’elle mena toute sa vie pour la liberté et l’émancipation, la France éternelle des Lumières universelles. 
Artiste de music-hall de renommée mondiale, engagée dans la Résistance, inlassable militante antiraciste, elle fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France et de par le monde. 
Pour toutes ces raisons, parce qu’elle est l’incarnation de l’esprit français, Joséphine Baker, disparue en 1975, mérite aujourd’hui la reconnaissance de la patrie."
Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker entrera au Panthéon qui "accueillera un cénotaphe (c'est-à-dire un tombeau vide) signalé par une plaque, comme pour Aimé Césaire et d'autres personnalités. Le corps de la célèbre meneuse de revue, résistante et militante antiraciste, restera toutefois à Monaco, au cimetière marin où elle est enterrée depuis 1975.". 

Joséphine Baker "sera la première femme noire à faire son entrée dans le temple républicain du Panthéon, à Paris". 

"Joséphine B"
Le Théâtre de Passy propose "Joséphine B", spectacle musical (1h30) de et mise en scène par Xavier Durringer avec Clarisse Caplan et Thomas Armand.

"Le mythe de Joséphine Baker revient 100 ans après au Théâtre de Passy pour nous raconter son extraordinaire destin et les combats de sa vie contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination. Sujet qui est toujours brûlant d’actualité. Retournons dans les années 20 sous les rythmes endiablés du Charleston et du Lindy Up, dans un spectacle pétillant admirablement incarné, dansé et chanté par deux comédiens uniques en leur genre.


Timbres
En 1994, La Poste a émis un timbre en hommage à Joséphine Baker. Elle l'a présenté ainsi :
« Alors entre en scène un personnage étrange... qui marche les genoux pliés, vêtu d'un caleçon en guenilles et qui tient du kangourou boxeur et du coureur cycliste. »
Ainsi le journal « Candide » décrit-il, en octobre 1925, la révélation de la dernière « Revue nègre. »
Joséphine Baker a presque 20 ans : elle est née en 1906, à Saint-Louis, aux Etats-Unis. Elle vient d'arriver à Paris, avec la compagnie « Black Birds ». Le public du théâtre des Champs-Elysées découvre, médusé, cette splendide fille presque nue, qui chante d'une voix suave et danse sur un rythme stupéfiant. D'aucuns crient au scandale et à la lubricité, mais tout Paris se bouscule.
La silhouette sculpturale de Joséphine Baker restera à jamais attachée aux années folles, période où les Français oublient la Grande Guerre en se jetant dans l'insouciance et la création. Paris est alors le centre de toutes les audaces culturelles, et Montparnasse le quartier où tout se passe. Cocteau et Aragon tiennent salon au Jockey. Picasso discute littérature avec Henry Miller. Les « Jazz bands » se déchaînent dans les cabarets. Coco Chanel habille les femmes de bleu marine et de blanc - «comme les écoliers», s'indignent les tenants du bon goût. Et Joséphine Baker promène sa panthère en laisse à la terrasse des cafés...
Artiste de music-hall, elle s'est aussi consacrée au cinéma. À l'époque du muet d'abord, dans deux films tournés en 1927 par Mario Nalpas : « La Revue des revues » et « La Sirène des Tropiques ». Puis, après l'arrivée du parlant, dans « Zou-zou » de Marc Allégret, avec Gabin (1934), « Princesse Tam-tam » (1935) et « Fausse alerte » (1939), où elle tient un rôle de second plan. Sa carrière à l'écran, exclusivement française, s'est arrêtée là. Sans doute le cinéma n'a-t-il pas su lui proposer des rôles sortant de l'exotisme facile où la cantonnait sa peau noire.
Joséphine Baker a consacré la fin de sa vie aux nombreux enfants qu'elle avait adoptés et au milieu desquels elle vivait dans son château des Milandes, en Périgord. Près de vingt ans après sa mort, en 1975, sa plus célèbre chanson, qui fit les grandes heures du casino de Paris, est encore sur beaucoup de lèvres : « J'ai deux amours, mon pays et Paris »...
Pour la panthéonisation de Joséphine Baker, La Poste vendra, en avant-première, le 27 novembre 2021, à Boulazac quatre timbres collector, en édition limitée. "9.600 timbres ont été imprimés à Philaposte à Boulazac en Dordogne", en raison des liens affectifs profonds ayant lié l'artiste à cette région française. Ouverture exceptionnelle du Carré d’Imprimerie, de 10h à 19h

"Les quatre photos choisies pour illustrer les timbres ont été sélectionnées par Brian Bouillon-Baker, l'un des 12 enfants de Joséphine Baker et de Jo Bouillon." 


« Foisonnant d’images d’archives inédites, le documentaire d’Ilana Navaro retrace le combat intime et politique de la première star noire. Précisions avec la réalisatrice. Propos recueillis par Laetitia Moller. »

« Vous livrez un portrait méconnu de Joséphine Baker. Comment l’avez-vous abordée ?
Ilana Navaro : J’avais le sentiment que son image était largement réductrice. Je m’interrogeais sur ce qui se cachait derrière le souffle du scandale et les danses avec sa fameuse ceinture de bananes. Comment avait-elle vécu la façon dont les gens la percevaient ? Véritable phénomène de société, Joséphine Baker s’est imposée comme la première star noire. Je voulais montrer comment elle avait occupé cette place. Je suis partie des nombreux témoignages qu’elle a publiés sur sa vie, dès 1929. Mettre en avant son point de vue, celui d’une femme noire sur la société blanche des Années folles, permettait de renverser la perspective. La dramaturgie du documentaire est construite sur ce jeu de regards, le sien d’un côté, et ceux, fascinés, qui se posent sur elle.

Après avoir fui l’Amérique ségrégationniste, elle est accueillie en 1925 dans une France coloniale qui la glorifie tout en l’assignant au rôle de la sauvage. Quelle conscience en avait-elle ?
Son succès est lié à cette ambivalence et à sa capacité à choquer la vieille Europe, prête à toutes les excentricités pour oublier les horreurs de la Grande Guerre. En tant que femme noire venue d’ailleurs, elle était l'objet de tous les fantasmes, désirée et méprisée à la fois. Plus ou moins consciemment, Joséphine Baker a joué de cette imagerie raciste. Tour à tour icône moderne et sauvage domestiquée, posant en robe de couturier ou se promenant dans la rue avec un léopard, elle savait très bien comment faire parler d’elle. Avec son immense notoriété, elle a su s’emparer de son statut pour en faire une arme.

Son éveil politique a pourtant été un long chemin...
Je voulais raconter son émancipation progressive, le passage de son combat personnel pour être acceptée dans une société blanche à la défense d’une cause collective. Un processus qui a nécessité chez elle un temps long de maturation. Mais il faut se rappeler qu’à l’époque elle était la seule Noire à occuper cette place, avec le poids énorme que cela représentait. L’empire colonial était à son apogée, il y avait très peu de Noirs sur le territoire français et la conscience politique sur ces questions était encore embryonnaire. Joséphine Baker a dû se battre pour elle-même avant d’être en mesure de le faire pour les autres. Près de quarante ans après son départ des États-Unis, son discours à la marche des droits civiques en 1963 aux côtés de Martin Luther King a été un aboutissement personnel. Enfin, sa lutte rejoignait celle de la communauté noire de son pays. »


France, 2017, 53 min
Sur Arte les 24 mars 2019 à 17 h 35, 14 avril 2019 à 22 h 45, 5 janvier 2020 à 22 h 45, 28 novembre 2021 à 23 h 40, 30 novembre 2021 à 15 h 25,  04 décembre 2021 à 6 h 30
Disponible du 29/12/2019 au 11/01/2020
Sur arte.tv du 24/08/2021 au 15/06/2022

Visuels :
Josephine Baker dans une de ses fameuses tenues de scène.
Crédit : © Walery / Photo Collection Bry

Josephine posant en robe de soirée pour le photographe Murray Korman, vers 1934.
Crédit : © Murray Korman/Photo

Josephine Baker posant au cours d'une séance photo.
Crédit : © Photo Collection Narodowe Arch


"Joséphine B" de Xavier Durringer
Du 28 octobre 2021 au 2 janvier 2022 
95 rue de Passy. 75016 PARIS
Tél. 01 82 28 56 40
Du jeudi au samedi à 19h00 et le dimanche à 16h00
France, 1h30
Auteur : Xavier Durringer 
Mise en scène : Xavier Durringer assisté de Constance Ponti & Emma Bazin
Musique : Cyril Giroux
Chorégraphie : Florence Lavie 
Scénographie : Orazio Trotta, Eric Durringer & Raphaël Michon 
Costumes : Catherine Gorne Achdjian
Avec Clarisse Caplan, Thomas Armand & Isabelle Lelièvre
Lumière : Orazio Trotta, Eric Durringer & Raphaël Michon

Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 22 mars 2019, puis le 3 janvier 2020.

[Source : www.veroniquechemla.info]

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