domingo, 3 de março de 2019

Féminisation des titres et fonctions : l'Académie accueille “les évolutions”

La féminisation des titres et fonctions ne dérange pas l'Académie française, contrairement à l'écriture inclusive. C'est un peu le message que font passer depuis plusieurs semaines quelques-uns des Immortels, pour annoncer la possible adoption de règles plus souples en matière de féminisation des titres et fonctions. Un débat pratiquement sociétal, sur lequel l'Académie refusait de discuter depuis des années.


Écrit par Antoine Oury 

Avec quelques semaines de retard par rapport au planning annoncé, l'Académie française s'exprime enfin sur la féminisation des titres et fonctions, en adoptant un rapport sur le sujet présenté par une commission d'étude comprenant quatre de ses membres. Cette commission a ainsi réuni à 9 occasions autour du sujet Gabriel de Broglie, à sa tête, Danièle Sallenave, sir Michael Edwards et Dominique Bona.

Ces derniers ont formulé un certain nombre de propositions au sein de leur rapport qui, au cours de la séance de l'Académie du 28 février, a été adopté à une large majorité, annonce l'Académie, sans fournir plus de détails sur les votes.

« Si, dans un premier temps, des femmes se sont accommodées des appellations masculines, c’est parce qu’elles avaient à cœur de marquer, dans la dénomination de leur métier, l’égalité de compétence et de mérite avec les hommes qui avait permis ce qu’elles regardaient comme une conquête ; ce constat est de moins en moins vrai, les nouvelles générations donnant souvent la préférence aux appellations qui font droit à la différence », remarque d'emblée le rapport.

En effet, ces dernières années, de nombreux cas de figures se sont présentés, pour lesquels les femmes demandaient un nom de titre ou de fonction adapté à leur genre. Notamment pour ce qui concerne l'écriture : les termes « autrice » et « auteure », voire « écrivaine », ont peu à peu fait leur apparition, ou réapparition dans le cas du terme « autrice ».

L'appréciation que devait fournir la commission ne devait pas dépendre de positions dogmatiques, précise le rapport, mais « devait répondre aux besoins linguistiques et aux attentes résultant des évolutions récentes de la société ». La mission, rappelle le document, reste de « dégager [les usages] qui attestent une formation correcte et sont durablement établis », et de fournir des recommandations.
 
Les usages avant tout

« S’agissant des noms de métiers, l’Académie considère que toutes les évolutions visant à faire reconnaître dans la langue la place aujourd’hui reconnue aux femmes dans la société peuvent être envisagées, pour peu qu’elles ne contreviennent pas aux règles élémentaires et fondamentales de la langue, en particulier aux règles morphologiques qui président à la création des formes féminines dérivées des substantifs masculins », note le rapport, qui relève bien sûr que certains noms de titres et de fonctions disposent d'un pendant féminin.

Plus loin dans le document, la commission remarque par ailleurs que « la langue française a tendance à féminiser faiblement ou pas les noms des métiers placés au sommet de l’échelle sociale. [...] Cette résistance augmente indéniablement au fur et à mesure que l’on s’élève dans cette hiérarchie. » Autrement dit, cette résistance à la féminisation est aussi le témoin des barrières que les femmes se sont vues imposer dans le monde professionnel.

L'Académie se garde, dans son rapport « d’édicter des règles de féminisation des noms de métiers » et affirme que « l’usage [...] décidera et tranchera en dernier ressort ». Le rapport propose toutefois plusieurs « modèles », selon les usages, justement, en vigueur jusqu'à présent.

Le rapport aborde bien sûr le cas de l'« auteure » :

Un cas épineux est celui de la forme féminine du substantif « auteur ». Il existe ou il a existé des formes concurrentes, telles que « authoresse » ou « autoresse », « autrice » (assez faiblement usité) et plus souvent aujourd’hui « auteure ». On observera que l’on parle couramment de « créatrice » et de « réalisatrice » : or la notion d’« auteur » n’est pas moins abstraite que celle de «créateur» ou de «réalisateur». «Autrice», dont la formation est plus satisfaisante, n’est pas complètement sorti de l’usage, et semble même connaître une certaine faveur, notamment dans le monde universitaire, assez rétif à adopter la forme « auteure ». Mais dans ce cas, le caractère tout à fait spécifique de la notion, qui enveloppe une grande part d’abstraction, peut justifier le maintien de la forme masculine, comme c’est le cas pour « poète » voire pour « médecin ». L’étude de ce cas illustre l’ancrage dans la langue des formes anciennes en « -trice », ce mode de féminisation ayant toujours la faveur de l’usage. Par ailleurs, s’agissant du féminin du substantif « écrivain », on constate que la forme « écrivaine » se répand dans l’usage sans pour autant s’imposer.

Ou celui de « le » ou « la » ministre, précisant au passage que « la ministre » est tout à fait légitime, n'en déplaise à certains hommes politiques...
Le cas des noms de fonctions est plus délicat, car il faut considérer qu'une personne assume une fonction, et n'est pas une fonction, ce qui pourrait justifier d'un nom masculin même lorsqu'une femme assume la fonction. Mais, même dans cette perspective, le rapport de la commission de l'Académie française est plutôt libéral, et porte son attention sur l'usage.


« Les formes féminisées peuvent donc aisément désigner les fonctions réelles des femmes qui les remplissent, et les évolutions récentes de l’usage, à quelques réserves près, traduisent nettement la tendance générale qui porte à une féminisation des noms de fonctions, titres ou grades dès lors que les contraintes internes de la langue n’y font pas obstacle », écrit la commission.

Le rapport complet est disponible ci-dessous ou à cette adresse.





 
[Photo : abulte, CC BY-NC-SA 2.0- source : www.actualitte.com ]


 

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