Les deux principales chaînes de librairies brésiliennes sont à la peine
: Saraiva et Livraria Cultura cumulent à elles deux près de 235 millions € de
dettes, et la situation économique n'est pas loin de la catastrophe.
L'industrie de l'édition tente de mobiliser les Brésiliens, à l'approche
des fêtes de fin d'année, et craint déjà les répercussions économiques
sur sa propre activité.
Écrit par Antoine Oury
La crise économique brésilienne, en 2014, a eu un impact dont les effets se ressentent encore aujourd'hui : pour le commerce du livre, les secousses menacent de faire s'écrouler deux chaînes de librairies qui représentent, pour certains éditeurs, jusqu'à 40 % de leurs revenus. Le temps est désormais compté pour la survie des deux groupes, qui pourraient disparaître ou se voir racheter par un autre acteur, ce qui favoriserait la concentration.
Luiz Schwarcz, directeur général du groupe éditorial Companhia das Letras — fondé en 1986 et de plus en plus proche de la multinationale Penguin Random House — fait partie de ceux que les difficultés économiques des libraires inquiètent. Le 27 novembre dernier, il a publié une lettre ouverte sur le site de la maison d'édition qu'il a cofondé avec son épouse Lila.
Intitulé « Lettre d'amour aux livres », le texte annonce d'emblée l'aspect critique de la situation : « Les jours sont sombres pour le livre, au Brésil. » Rappelant la situation économique des deux chaînes de librairies, Luiz Schwarcz donne l'alerte : « Le livre est le seul média qui ait traversé indemne, dans le monde entier, une phase de profonds changements. Sauf au Brésil. Ici, de nombreuses villes sont sur le point de se retrouver sans une seule librairie, et les éditeurs sont maintenant confrontés au défi de faire parvenir leurs livres aux lecteurs tout en faisant face à des pertes considérables », écrit-il.
Pour la première fois depuis 32 ans, indique Schwarcz, il a dû licencier 6 de ses employés, un événement douloureux dans sa carrière de chef d'entreprise.
Dans son courrier, il appelle à l'union de la chaîne du livre pour trouver des solutions : « Les réseaux de solidarité qui se sont formés pendant la campagne électorale sont peut-être un bon exemple de ce qui pourrait être fait pour le livre aujourd'hui. » En espérant, bien entendu, plus de succès que les tentatives pour empêcher l'élection de Jair Bolsonaro...
Pour ceux d'entre vous qui, comme moi, nourrissent l'amour du livre comme raison d'être, je vous prie de diffuser cet appel et d'inciter les autres à acheter des livres en cette période de fêtes ; des ouvrages de vos auteurs préférés et des nouveaux auteurs que vous avez toujours voulu lire. Achetez-les dans les librairies qui surmontent héroïquement cette crise et honorent leurs engagements, mais aussi dans celles qui ont connu une période difficile et qui ont besoin de notre aide pour s'en sortir.
Le courrier pourra être lu en intégralité, en portugais et en anglais, sur le blog de Companhia das Letras.
[Source : www.actualitte.com]
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