Ces petits montages faits main, où chacun vient prendre et déposer des livres à l’envi, n’auraient pas dû provoquer de pareils débordements. Dans le Nebraska, la ville de Lincoln – apprécions l’ironie – fait face à un léger problème. Les bibliothèques de rue sont bourrées de propagande néonazie...´
Écrit par Nicolas Gary
Dans dix-sept points de partage de livres, les usagers ont pu retrouver de la littérature nazie. Or, l’inquiétude vient de ce qu’Omaha, autre ville de l’État, a vécu une situation similaire dernièrement.
Découvertes en forme de gueule de bois
Bien entendu, et, parce que les bibliothèques de rue sont avant tout des circuits vertueux d’échange, les ouvrages néonazis n’ont pas duré bien longtemps. Rapidement enlevés – bien plus vite qu’Amazon ne parviendrait à le faire en réalité –, les communautés se sont battues.
Elles ont ainsi opposé à ces ouvrages haineux, des messages de paix et d’amour, atteste la presse locale.
Or, l’autre enjeu, plus subtil, est d’ordre commercial : en effet, les Free Little Libraries reçoivent généralement le soutien d’entreprises locales qui les « subventionnent » ou les parrainent, dirait-on. Certaines offrent des marque-pages, d’autres des messages promotionnels, des remises, en échange de quelques achats.
En somme, le circuit court est privilégié et, découvrir soudainement ses efforts mêlés à des textes nazis, racistes ou antisémites, voilà qui n’a rien de prestigieux pour un commerce. À moins de faire commerce de la haine, dans ce cas, c’est une manne...
Bob DiPaolo, l’un des intendants en charge de la protection et de l’entretien des bibliothèques, explique avoir alerté les autorités suite à ces découvertes. Les résidents et riverains, eux, s’indignent et garantissent qu’ils ne laisseront pas ces textes proliférer dans leurs boîtes à partage.
Un crime... sans victime ?
Les responsables de ces dégradations – qui n’en sont pour autant pas véritablement : elles profitent en réalité de l’objet même des bibliothèques – peuvent recourir au registre référençant au niveau national ces boîtes à livres. Pas un crime, certes, mais un comportement qui dérangent les habitants, et inquiète quant à la nature des gens autour de soi.
« Il y a manifestement des gens avec des points de vue assez troublants, qui essayent d’en faire la promotion », indique le voisin de l’une de ces bibliothèques. « Ce n’est pas quelque chose de nouveau : cela revient de temps à autre. Mais cela devient de plus en plus évident et manifeste. »
De quoi semer le trouble également auprès des enfants qui viendraient se servir, affirment les parents.
L’éditeur qui publie ces ouvrages a reconnu être à l’origine des livres, mais garantit ne rien avoir à faire avec cette méthode de diffusion. Gary « Gerhard » Lauck est une personnalité tristement connue dans l’État : il avait joué un certain rôle dans la résurgence du néonazisme dans les années 90, et écopa de quatre années de prison pour ses actions.
Entre temps, internet l’avait supplanté dans la diffusion de ces messages de haine...
via 1011 now
[Source : www.actualitte.com]
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