terça-feira, 29 de maio de 2018

« Stefan Zweig, histoire d’un Européen » par Jean-Pierre Devillers et François Busnel


Stefan Zweig (1881-1942) est né dans une famille juive viennoise. Biographe, chroniqueur de l’Empire austro-hongrois, ce romancier a décrit avec finesse les ressorts psychologiques de ses personnages. Un représentant de l’intelligentsia juive de la Mittle Europa fuyant le nazisme et disparue lors de la Seconde Guerre mondiale. Un des auteurs les plus lus au monde. Un "homme du paradoxe", discret sur ses tourments et biographe. « Stefan Zweig, histoire d’un Européen » (Stefan Zweig. Ein Europäer von Welt) est un documentaire de Jean-Pierre Devillers et François Busnel (2013). Pourquoi pas un Européen juif ? Le 21 novembre 2018, Arte diffusera "Stefan Zweig, adieu l'Europe" par Maria Schrader.


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Un "Européen". C'est ainsi que le définit ce documentariste. Certes, mais un Européen juif.

Le 22 février 1942, après avoir écrit à leurs proches et aux édiles de Petrópolis (Brésil), Stefan Zweig et sa femme Lotte, habillés élégamment, se suicident en consommant des barbituriques à Petrópolis où leur exil les avait conduits. 

« Malgré le fracas de la Seconde Guerre mondiale, le suicide de l'écrivain autrichien, dont les livres ont été brûlés quatre ans plus tôt, à Salzbourg, suscite une immense émotion. Le Brésil lui organisera des funérailles nationales ». Une "mort inexplicable". Zweig "a perdu l'amitié et l'Europe".

« Pourquoi le romancier, nouvelliste et biographe de génie, qui a connu un succès phénoménal de son vivant, a-t-il cédé à l'appel du vide ? »

Ce documentaire « remonte le fil de la vie tourmentée d'un écrivain de génie, l'un des premiers à rêver d'une Europe cosmopolite et moderne ».

« Pour démêler le jeu des forces obscures qui ont emporté sa vie, François Busnel et Jean-Pierre Devillers égrènent les étapes d'un parcours marqué par la recherche constante de la liberté ». 

Stefan Zweig est né en 1881 dans une famille bourgeoise viennoise apôtre de l’intégration. Son père dirige une usine de textile dans un empire austro-hongrois en déclins.

Zweig espère en une Europe au-delà des nationalismes. Sans passeport, il voyage en Europe, en Inde, aux États-Unis. Un goût de liberté.

"Spéléologue des âmes"
Zweig parle et écrit en cinq langues. Lucide, il décerne l'espoir dans la jeunesse, et l'ennui. Admirateur de Rimbaud, il publie ses poèmes à quinze ans.

Il découvre les innovations technologiques du début du XXe siècle, et une nouvelle discipline : la psychanalyse. Le Dr Sigmund Freud ouvre une voie originale.

Zweig publie Brûlant secret, une nouvelleUn premier livre qui exploite les mêmes thématiques que Freud : secret, paradoxe, forces obscures.

Ses « premiers succès, qui le rendent célèbre à 30 ans, son enthousiasme pour Freud, son goût du voyage et sa passion pour le progrès technique, annonciateur, croit-il, d'une humanité meilleure... : autant d’éléments biographiques qui éclairent une personnalité complexe ».

Marié, Zweig s'engage lors de la Première Guerre mondiale. Romain Rolland affirme son pacifisme. Zweig est convaincu par sa position. En 1915, Zweig se voit confier une mission.


En 1918, disparaît l'empire d'Autriche-Hongrie. Zweig se fixe à Salzbourg, en Autriche.

L'Allemagne de Weimar a succédé au Reich. En 1922, Zweig est profondément marqué par l'assassinat de Walther Rathenau, ministre allemande juif.

Zweig voyage. À Paris, "ville de l'éternelle jeunesse", il souhaite rencontrer Francis Scott Fitzgerald, déjà reparti aux États-Unis.

Mais l'auteur d'Amok, Lettre d’une inconnueconfession bouleversante d'un cœur aimant sans retour merveilleusement adapté par Max Ophüls, d'Amok, d'Ivresse de la métamorphose, roman à la structure complexe, ou du Joueur d'échecs voue un culte à l'amitié et exprime une foi profonde en une Europe moderne et cosmopolite.

"Ce livre est un chef d'oeuvre". Ainsi, est saluée La confusion des sentiments par Freud. Le succès de Zweig, quarantenaire, suscite jalousie et irritation. L'auteur se sent emprisonné dans sa fonction d'écrivain. Il puise dans l'écriture la force d'affronter la vie.

En 1929, Zweig est invité dans l'Union soviétique. Il constate la misère, la répression. Mais il ne dénonce pas publiquement le régime communiste. Ce qui lui vaut de vives critiques de la presse autrichienne.

« Deux croyances cruellement déçues : l'Europe se déchire dès 1933 et certains des proches de l'écrivain – comme beaucoup de ses lecteurs – critiquent sa réticence à prendre publiquement parti contre les régimes nazi et soviétique ».

Zweig présente des points communs à son personnage, Le bouquiniste Mendel. Les livres revêtent une importance majeure dans sa compréhension du monde et des êtres humains.

1933. Après l'avènement du nazisme, les écrivains juifs sont interdits de publication, et leurs livres brûlés.

Mais « si Zweig peine à s'engager, c'est qu'il préfère dans ses livres se faire l'archéologue des passions amoureuses ». Sa langue s'avère sa patrie.

Blessé, refusant la haine, silencieux - ce que critiquent Joseph Roth et Klaus Mann -, « devenu en tant qu'écrivain progressiste et Juif un paria en Autriche, il s'exile et ne se relèvera pas de ses désillusions  ». Déchiré, Zweig ne saisit pas l'ampleur des bouleversements à venir. Son épouse demeure à Salzbourg, et sa secrétaire l'accompagne. À Londres, ce quinquagénaire doit recommencer sa vie sans l'enthousiasme qui le portait dans sa jeunesse. Dans Erasme, il justifie ses positions, répond aux critiques...

En 1935, il poursuit ses voyages. Son opéra coécrit avec Strauss est interdit au bout de quelques jours. Ses livres sont définitivement mis à l'index par les Nazis. Brésil, Argentine... L'accueil est enthousiaste à l'exilé. Zweig achève La Pitié dangereuse.

Apatride, déchu de sa nationalité, Zweig sollicite la nationalité britannique qu'il obtient en 1940. Il prononce l'oraison funèbre de Freud.

En 1939, la Deuxième Guerre mondiale éclate. Divorcé, Zweig épouse Lotte.

Il quitte définitivement l'Europe en 1940. L'année suivante, il arrive à New York où il soutient le Comité de soutien aux réfugiés. Il débute son autobiographie, Le Monde d'hier.


En 1941, il rejoint le Brésil, pays de métissage, où il rencontre Bernanos.

Une "fatigue morale doublée d'un découragement politique" le saisissent. « La terreur que m'inspire l'époque croît jusqu'à la démesure », écrit Stefan Zweig avant de se suicider. Lotte souffre d'asthme. Zweig classe ses archives...

Arte rediffusera « Stefan Zweig, histoire d’un Européen » (Stefan Zweig. Ein Europäer von Welt), documentaire de Jean-Pierre Devillers et François Busnel (2013). Une « relecture passionnante d'une existence aussi tourmentée que son temps, et des œuvres qu'elle a brillamment produites ».

Du 16 septembre au 2 avril 2017, le Théâtre des Mathurins a présenté Le monde d'hier, d'après Stefan Zweig dans une mise en scène par Patrick Pineau et Jérôme Kircher. « Le Monde d’hier », l’autobiographie de Stefan Zweig, "est un livre-phare. Seul des grands textes de l’auteur de « Lettre d’une inconnue » à n’avoir jamais été adapté au théâtre, ce récit d’une vie dans le siècle embrasse toutes les splendeurs et les catastrophes de l’Europe depuis l’époque de la grandeur de Vienne jusqu’à son anéantissement. À la fois chant du cygne et message d’espoir, ce texte s’y avère d’une poésie et d’une puissance inouïes. Aujourd’hui plus que jamais, la voix de Zweig, éteinte un soir de février 1942, nous manque. Le projet de ce spectacle, adapté par Laurent Seksik (auteur des « Derniers Jours de Stefan Zweig ») et joué par Jérôme Kircher, est de la faire à nouveau entendre et de faire revivre sous nos yeux un  monde étincelant et perdu".

"Stefan Zweig, adieu l'Europe"
Le 21 novembre 2018, Arte diffusera "Stefan Zweig, adieu l'Europe" (Vor der Morgenröte) par Maria Schrader, avec Josef Hader, Aenne Schwarz, Barbara Sukowa, Nahuel Pérez. "En 1936, Stefan Zweig quitte l'Europe pour l'Amérique du Sud. D'abord accueilli à Rio de Janeiro, l'auteur de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme est célébré par la bonne société brésilienne. Mais le romancier, interrogé sur ses positions et son engagement, refuse de se laisser aller aux simplifications. Par ailleurs, fasciné par le Brésil, l'écrivain entreprend l'écriture d'une nouvelle œuvre. Accompagné par sa nouvelle épouse, Lotte, il explore différentes régions du pays."

"De 1936 à 1942, cinq instantanés du long exil qui a précédé le suicide au Brésil de l'écrivain Stefan Zweig. Une sobriété documentaire que l'acteur autrichien Josef Hader rend bouleversante.

"1936, Rio de Janeiro. Voici deux ans déjà que le mondialement célèbre Stefan Zweig, mis à l'index par l'Allemagne hitlérienne, a fui l'Autriche pour s'installer provisoirement en Grande-Bretagne, habité par la certitude prémonitoire que les nazis vont s'emparer de son pays et propager la guerre en Europe. Invité au Brésil avec sa jeune épouse Lotte, qui fut sa secrétaire, pour présider un dîner de gala, il rejoint ensuite à Buenos Aires le congrès du Pen Club, où on l'attend comme un oracle. Mais alors qu'à la tribune on scande son nom parmi ceux des écrivains persécutés par le IIIe Reich, l'auteur d'Amok et de Lettre d'une inconnue refuse face aux journalistes de condamner publiquement le régime. "Tout geste de résistance qui ne comporte aucun risque et reste sans effet relève de la pure vanité", objecte-t-il à Brainin, le jeune compatriote ulcéré qui le somme de dénoncer Hitler."

"Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux", écrira Zweig le 22 février 1942, avant de se suicider au véronal avec Lotte dans leur maison de Petrópolis, non loin de Rio. Entre les prémices de la guerre et la sauvagerie qui jour après jour, à l'autre bout du monde, détruit tout ce qui lui est cher, entre un hiver new-yorkais et les luxuriances tropicales du Brésil, Maria Schrader (dont le film s'intitule en allemand "Avant l'aurore") met en scène avec une précision et une sobriété documentaires cinq tableaux d'une errance de plus en plus douloureuse. Sans prétendre percer le mystère d'un homme qui décrivit si finement l'âme humaine, et dont les mots portent ce film, l'acteur autrichien Josef Hader suggère de façon bouleversante la souffrance, la peur et l'épuisement qui affleurent sous l'élégance."


"Stefan Zweig, adieu l'Europe" par Maria Schrader
Allemagne, Autriche, 2016, 99 min

Scénario : Jan Schomburg, Maria Schrader
Production : Idéal Audience, Maha Productions, Dor Film Produktionsgesellschaft, BR, WDR, ARTE France Cinéma, ORF, X Filme Creative Pool
Producteur/-trice : Stefan Arndt, Danny Krausz, Denis Poncet, Uwe Schott, Pierre-Olivier Bardet, Kurt Stocker
Image : Wolfgang Thaler
Montage : Hansjörg Weissbrich
Musique : Tobias Wagner
Avec Josef Hader, Barbara Sukowa, Aenne Schwarz, Matthias Brandt, Charly Hübner, André Szymanski, Lenn Kudrjawizki, Vincent Nemeth
Sur Ciné + Club les 29 mai 2018 à 19 h et 1er, 3, 4, 7 ainsi que 8 juin 2018
Sur Arte le 21 novembre 2018 à 20h55

Du 16 septembre au 2 avril 2017
Au Théâtre des Mathurins

Adapté du texte original "Le Monde d'Hier"
Edition Les Belles Lettres – Traduction Jean-Paul ZIMMERMANN
Mise en scène : Patrick PINEAU et Jérôme KIRCHER
Scénographie et Lumières : Christian PINAUD
Musique : Michel WINOGRADOFF
Collaboratrice à la mise en scène : Valérie NEGRE

« Stefan Zweig, histoire d’un Européen » par Jean-Pierre Devillers, François Busnel
2013, 52 minutes
Sur Arte le 6 janvier 2015 à 22 h 35, le 29 novembre 2017 à 22h50 

Visuels :
La maison de Stefan Zweig à Salzbourg
© Rosebud Productions


Les citations sur le concert viennent d'Arte. L'article a été publié le 6 janvier 2016, puis les 14 mars et 29 novembre 2017, 28 mai et le 21 novembre 2018.


[Source : www.veroniquechemla.info]

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