terça-feira, 20 de março de 2018

Israël : la capacité de nuisance des ultra-orthodoxes

Chefs orthodoxes
Écrit par Jacques BENILLOUCHE

La crise politique générée par les ultra-orthodoxes est récurrente en Israël. Ils remettent régulièrement sur le devant de la scène leurs exigences religieuses en abusant de leur situation de groupe charnière à la Knesset. La majorité étriquée de 67 députés sur 120 donne aux 13 sièges des orthodoxes religieux une importance démesurée par rapport à leur influence véritable dans le pays : 7 députés Shass (orthodoxes séfarades) et 6 députés de Judaïsme Unifié de la Thora (orthodoxes ashkénazes). Le paradoxe est que ces orthodoxes sont souvent antisionistes, allant jusqu’à ne pas reconnaître l’existence de l’État d’Israël qui, pour eux, doit être l’œuvre exclusive du Messie. Cela explique leur refus de s’enrôler dans l’armée car ils estiment que le sionisme est un acte de défiance contre Dieu.

Orthodoxes brûlant la drapeau israélien
          
Mais Netanyahou a besoin d’eux pour garantir la survie de la coalition dont l’avenir demeure incertain. L’un des partis religieux avait fait preuve d’intransigeance en rejetant le compromis proposé pour éviter la mise en minorité du gouvernement et la tenue d’élections anticipées. Mais le 12 mars, la situation s’était éclaircie avec l’adoption d’une nouvelle proposition de loi. La crise politique est suspendue mais non réglée définitivement car le texte doit encore être approuvé par la Knesset alors qu’Avigdor Lieberman s’y oppose et exige que, même s’ils sont exemptés de service militaire, les jeunes ultra-orthodoxes doivent s’enregistrer auprès de l'armée sous peine d’être considérés comme des déserteurs et condamnés à vingt jours de prison. 

Le premier ministre, en échange du vote du budget par les orthodoxes, a donc accepté de proposer une loi prolongeant l'exemption de service militaire dont bénéficient la majorité des étudiants des écoles talmudiques, ce qui lui donne quelques semaines de répit politique. Selon l'accord, le texte a été adopté en première lecture cette semaine et son approbation finale, prévue pour les prochains mois, serait soumise à l'accord du procureur général et du ministre de la Défense, qui ont exprimé leurs réserves sur le sujet. Le procureur général réclame des amendements tandis que le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, exige que le texte soit validé par le comité créé au sein de son ministère, menaçant lui aussi de quitter la coalition avec ses 6 députés, ramenant la majorité à 61 sièges sur 120.

Manifestation contre le service militaire

Mais il s’agit d’un sursis au gouvernement car les orthodoxes exigent l’exemption formelle du service militaire des étudiants des yéshivot (écoles talmudiques) en contournant les décisions de la Cour Suprême qui avait censuré les mesures qui créaient des disparités entre conscrits. Le Judaïsme unifié de la Torah (JUT) veut immuniser l’exemption contre les interférences de la Cour en modifiant la Loi fondamentale d’Israël, faisant fonction de Constitution, pour y inscrire la valeur supérieure des études juives sur l’égalité entre les citoyens.

L’ajournement de cette disposition contestée rassure certains membres de la coalition qui considèrent que le JUT a reculé par rapport à son intransigeance du départ. Il est vrai que les sondages lui sont défavorables et que son allié le Shass risque de disparaître de la prochaine Knesset. Le temps n’étant pas propice à des élections anticipées, ils se satisfont du statu quo qui date d’un accord conclu en 1948 avec David Ben Gourion qui tenait à avoir le soutien des deux courants représentant les Hassidiques et les Lituaniens, deux forces majeures de l’orthodoxie juive, originaires d’Europe de l’Est. Ben Gourion avait alors «acheté» leur complicité passive à la création de l’État à laquelle ils s’opposaient.  Mais à l’époque, seuls 400 jeunes étaient concernés alors qu’ils sont aujourd’hui plus de 70.000. Leur nombre croissant indispose la majorité de la population israélienne qui exige un partage de la charge sécuritaire.

De son côté, l’armée n’est pas très favorable à l’incorporation d’ultra-orthodoxes peu efficaces dans une unité spéciale qui exige des aménagements coûteux imposant des heures dédiées aux études religieuses et le maintien strict de la non-mixité. Ils représentent une charge logistique et financière pour Tsahal. Leur incorporation est purement symbolique pour prouver que l’armée est l’armée de tout le peuple.


Ce n’est pas la première fois que la décision est suspendue. En 1999, la Cour suprême israélienne avait déjà stipulé que l’exemption accordée par le ministère de la Défense contredisait les lois fondamentales et requiert une législation explicite du Parlement. Et depuis, aucune loi n’a pu satisfaire les ultra-orthodoxes. L’opposition de gauche et Israël Beitenou, le parti laïc d’Avigdor Lieberman, s’opposent systématiquement à une loi favorable aux religieux dans le cadre de deux visions irréconciliables du monde sur «le caractère juif et le caractère démocratique de l’État, proclamés dans la Loi fondamentale de 1992».

Cette crise démontre à nouveau la capacité de nuisance disproportionnée des ultra-orthodoxes par rapport à leur poids réel dans la population puisqu’ils représentent un dixième des Israéliens et 13 sièges sur 120 à la Knesset.


[Source : benillouche.blogspot.com]

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