domingo, 21 de maio de 2017

Sexe, drogues, et vulgarité : Scott Fitzgerald enfin non-censuré

On le sait, ou on l'ignore, reste que Scott Fitzgerald s'est fait tronquer la liberté d'expression, dans le recueil de récits Taps at Reveille, paru en 1935. Ces brèves histoires ont été censurées, et pour la première fois, depuis quelques dizaines d'années, les textes authentiques seront proposés au public. Et ce, grâce à Harold Ober, l'agent littéraire du romancier, qui avait profité d'une version des textes, avant leur amputation…



Écrit par Nicolas Gary 

L'histoire est savoureuse : l'un des rédacteurs en chef du Saturday Evening Post, qui avait reçu les textes commandés à l'auteur, s'était effrayé en considérant la réaction des abonnés, à la lecture de ces scandaleuses histoires. Le public, essentiellement des gens de classe moyenne, devait être protégé des folies scabreuses écrites par Fitzgerald, et à ce titre, le rédac'chef décida de quelques prudentes coupes. 

Des références sexuelles explicites, des situations sulfureuses, de nombreux blasphèmes et des remarques trahissant tout à la fois du racisme et de l'antisémitisme, c'était déjà plus qu'il n'en fallait pour coller des sueurs froides à un responsable de journal. Si l'on ajoute toutes les références à la consommation d'alcool, souvent sans modération, mais également les prises de drogues pour le moins illégales, on entrait tout bonnement dans le scandale. Et le procès peut-être même.

James West, fameux érudit, et grand connaisseur des écrits de Fitzgeral, a donc travaillé d'arrache-pied, en s'appuyant tout à la fois sur les textes parus dans le Post, et ceux que Scott avait expédiés à son agent. Il constate que la purge a été radicale : « Les textes ont été lavés pour convenir à leur mission dans le Post », explique-t-il.

Or, si les personnages jurent, c'est que l'auteur voulait leur conférer un réalisme qui reflétait le monde des années 20 et 30 - et donc le vocabulaire en vigueur. « Ils parlent comme de véritables personnes », insiste West.

Victime de la loi du marché

« L'un des grands lieux communs, dans les critiques adressées à Fitzgeral, et durant des décennies, c'est qu'il évitait les sujets délicats, et le langage réaliste, dans les fictions qu'il écrivait pour les magazines. On constate maintenant que tout cela est entièrement faux. » Et encore faut-il comprendre que ce sont les personnages de Fitzgerald qui sont antisémites, note-t-il, certainement pas l'auteur. 

Pourquoi avoir toutefois enduré cette censure ? « C'est la loi du marché… Fitzgerald, en tant qu'auteur professionnel, les a acceptées. The Post s'adresse à un lectorat de classe moyenne, large, et devait éviter de brusquer les lecteurs ou les annonceurs publicitaires. Alors que Fitzgerald composait et révisait ses textes, il incluait également un langage ou des situations, dans ses histoires, dont il savait certainement qu'elles pourraient être allégées, ou supprimées. »

Pour les chercheurs, ces nouvelles versions présenteront un visage nouveau sur l'homme et son œuvre, assure une universitaire. Lui qui était perçu comme un auteur très sentimental, il fait plus que franchir la ligne rouge dans ces textes. La nouvelle édition est proposée par la Cambridge University Press, pour 70 £ tout de même.

Et au passage, tout cela permettra d'allonger un petit peu le copyright sur les œuvres, puisqu'il s'agira d'œuvres posthumes, couvertes par le droit d'auteur. Un fait que les médias britanniques et américains prennent le soin... de passer sous silence. 


[Source : www.actualitte.com ]

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