segunda-feira, 25 de julho de 2016

“Horizons” de Détroit : le retour post-apocalypse de Bertrand Cantat

Premier album post-Noir Désir de Bertrand Cantat, parfaitement accompagné. Ceci est une critique musicale.
 

Par Stéphane Deschamps
D’emblée, évacuer de l’horizon ce qui n’a pas lieu d’y être. Horizons n’est pas une pièce au dossier mais un album, le premier post-Noir Désir, post-apocalypse et post-traumas, de Bertrand Cantat. Un album coécrit et joué avec Pascal Humbert – jadis membre de Passion Fodder et 16 Horsepower, deux groupes frères de Noir Désir, autant hantés par la route et les mythes du rock américain. Il y a un an et demi, les deux hommes s’étaient déjà retrouvés pour un album en hommage à Jeffrey Lee Pierce, le défunt chanteur du Gun Club. Puis il y a eu Chœurs, la musique composée par Cantat et Humbert pour une pièce du metteur en scène Wajdi Mouawad en 2011. Premiers pas, à foulées longues, vers Horizons.
Ce qu’on entend et reconnaît d’abord, c’est la voix de Bertrand Cantat, cordes vocales en cuir mouillé et râpé, qu’on retrouve très proche de celle d’il y a quinze ans, juste un peu moins lyrique. Bertrand Cantat est l’ancien chanteur de Noir Désir, et ça s’entend dans Horizons, qu’on peut écouter comme un lointain affluent échappé des méandres de Des visages des figures, le dernier album du groupe. Sans Le vent nous portera. Ici, le vent souffle rarement (encore que, ça fouette sur la très belle Le Creux de ta main), mais il y a de l’électricité dans l’air, l’orage se rapproche. Des chansons plutôt lentes, parfois terrassées, des microrythmes hypnotiques, des guitares en arpèges et d’autres comme des éclairs diffractés, quelques chœurs presque gospel et la basse à la place du moteur.
Du rock élémentaire, précis et concentré. A la fois félin et rampant, qui toujours retombe sur ses pattes, et continue à avancer. Totalement raccord avec sa pochette, cet album rappelle de lointains et bons souvenirs de desert-rock américain des années 80-90. On pouvait s’en douter, l’ambiance n’est pas à la grosse déconne. Dans les textes de Cantat, on suit des traces autobiographiques : des mots et des maux, “ange de désolation”, “le rythme carcéral/ Passe par la tuyauterie/Un dialogue de misère/ Pour dire qu’on est en vie”… De la stupeur, de la tristesse infinie. Et des horizons, résumés en deux phrases : “Que plus jamais personne ne nous oblige à vivre/En mettant dos à dos spirituel et sensuel”, “On mixera la voûte céleste/Avec le macadam”. A propos du blues, l’immense Dick Annegarn parlait d’“effondrement par le haut”. Et c’est peut-être ce blues-là, cette transcendance sans dieu, pour exister après l’enfer, que raconte Horizons.   

[Source : www.lesinrocks.com]

Sem comentários:

Enviar um comentário